Le ministre de l’enseignement supérieur s'exprime sur la réforme de l'éducation par le gouvernement Sarkozy
« Malgré la crise, le cap des réformes a toujours été tenu et je pense que les Français sauront le reconnaître au moment de mettre leur bulletin dans les urnes. »


Décideurs. La réforme des universités suscite des louanges de tous bords après une adoption difficile. Quel bilan peut-on en tirer alors que 90 % des universités sont désormais autonomes ? Comment expliquer que bien que saluée de toutes parts, elle n’est pas été entreprise auparavant ?

Laurent Wauquiez.
Cette réforme était jugée impensable il y a encore quatre ans. Tout le monde s’accordait sur sa nécessité, mais personne n’avait eu le courage d’oser le changement. Certains avaient cru voir dans ce projet de réforme une remise en cause des spécificités du modèle français d’enseignement supérieur. Or, nous avons justement su préserver ces spécificités auxquelles nous sommes très attachés comme le principe d’équité sociale, la quasi-gratuité des études ou l’égalité d’accès aux universités, tout en construisant l’enseignement supérieur du XXIème siècle.
Par ailleurs, l’Etat a véritablement accompagné ce changement en augmentant de 9 milliards d’euros les moyens du secteur sur la période, soit un accroissement de 23% en moyenne des moyens de fonctionnement des universités entre 2007 et 2011. Au 1er janvier 2012, la quasi-totalité des universités seront autonomes, une belle réussite, grâce à la concertation poussée de l’ensemble des acteurs.


Décideurs. Quels grands chantiers restent encore à développer ?

L. W.
Depuis quatre ans, de nombreuses réformes ont été engagées, que nous devons encore approfondir et mener jusqu’à leur terme. Ainsi, avec l’application de la loi sur l’autonomie des universités, de nouvelles questions apparaissent aujourd’hui. Nous devons aujourd’hui donner de la lisibilité à la stratégie de l’Etat et à sa vision à long terme de l’organisation universitaire. Dans cette nouvelle configuration, l’Etat doit apprendre à travailler avec les établissements, et les établissements avec l’Etat. Il doit également proposer une vision scientifique pour affirmer notre stratégie nationale sur les investissements d’avenir. En dépendent le positionnement international de nos établissements et leur niveau d’attractivité dans le monde.


Décideurs. Quel bilan tirez-vous de votre ministère ? du quinquennat de Nicolas Sarkozy (forces et faiblesses) ?

L. W.
Sur les cinq dernières années, un cap très important a été franchi concernant l’enseignement supérieur et la recherche. Nous avons modifié en profondeur le visage de nos universités avec un objectif clair : renforcer leur attractivité et leur compétitivité, maintenir le niveau d’excellence académique tout en renforçant leur mission d’insertion professionnelle. La réforme de l’autonomie des universités a constitué une véritable révolution institutionnelle. Pour la première fois, les ressources financières et humaines, l’immobilier, les systèmes informatiques, les projets d’établissement, l’offre de formation sont gérés par les établissements au plus près des besoins de chaque territoire. C’est un modèle qui est aujourd’hui envié par de nombreux pays au niveau international. Il y a aussi eu la réforme de la licence, qui met fin à la sélection par l’échec grâce à un enseignement personnalisé tourné vers la réussite de chacun. Enfin, avec les investissements d’avenir, ce gouvernement a décidé de consacrer 22 milliards d’euros à l’enseignement supérieur et à la recherche. C’est aujourd’hui notre meilleure arme anticrise. Au plus fort de la crise, nous avons fait le choix politique fort d’accompagner et de favoriser la recherche et l’innovation. Et nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin.
Ce qui a été fait sur l’enseignement supérieur et la recherche est symptomatique de l’action du Président de la République sur ce quinquennat : refusant les idées préconçues et le conservatisme, le Président a eu le courage d’aller jusqu’au bout de la réforme sur l’autonomie des universités, une réforme sur laquelle aucun politique ne reviendrait aujourd’hui. Sur les investissements d’avenir, on voit aussi la détermination dont a fait preuve le Président : le choix aurait pu être fait de repousser à demain ces décisions. Malgré la crise, le cap des réformes –dont l’actualité montre tous les jours la nécessité- a toujours été tenu et je pense que les Français sauront le reconnaître au moment de mettre leur bulletin dans les urnes.



Décideurs. Que penser de la proposition de François Hollande d’embaucher 60 à 70 000 enseignants en cinq ans ?

L. W.
Alors que nous sommes engagés dans une dynamique de gestion rigoureuse de la dépense publique, François Hollande propose de créer 60 000 postes d’enseignements dans des visées électoralistes. Cette proposition représente 100 milliards d’euros de dépenses supplémentaires sur les années à venir, ce qui est complètement irresponsable compte-tenu du contexte actuel.

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