L'Université d'été du Medef a mis en avant les évolutions permanentes du marché du travail. Plus que jamais, la formation devient un élément clé dans la lutte contre le chômage. La recette de la réussite ? Une meilleure coopération entre l’État et les entreprises.

Lors de l’Université d’été du Medef consacrée cette année à la confiance et la croissance, la question de l’emploi a bien évidemment tenue une place importante. Alors que les politiques promettent chaque année une amélioration, le taux de chômage continue de se maintenir à un niveau historiquement élevé. Les jeunes peinent à entrer sur le marché du travail et les seniors à y rester. Il faudra donc faire plus que les 300 000 emplois créés l’an dernier pour inverser durablement cette tendance. Et la faible croissance attendue en 2017 ne devrait pas changer la donne. Pourtant, en Europe, des pays ont réussi à relever ce défi. Le gouvernement entend les imiter en réformant par ordonnances le marché du travail. 

Accompagner

Mais cela ne suffira pas, le Medef prône également une refonte importante de la formation. Car le taux de chômage moyen cache des inégalités profondes. Pour les personnes n’ayant pas de qualification, il s’élève à 22 % alors qu’il n’est « que » de 4 % pour les cadres. Un effort doit être fait pour accompagner ces personnes. À l’inverse, les entreprises peinent à recruter dans certains secteurs. L’industrie et l’agroalimentaire sont les plus touchés par cette pénurie. « Nous n’arrivons pas à trouver nos soudeurs et nos chaudronniers », témoigne Éric Trappier, P-DG de Dassault Aviation. Le problème de la formation est d’autant plus crucial que les revendications des salariés ont radicalement changé. Désormais, ils ne souhaitent plus passer quarante ans dans la même société et au même poste. « En France, 1/3 des CDI sont rompus au bout d’un an », explique Christophe Catoire, président France d’Adecco. Et dans la moitié des cas, il s’agit d’une démarche de l’employé. 

« En France, 1/3 des CDI sont rompus au bout d’un an »

Le gouvernement semble avoir compris cette urgence en promettant une enveloppe de quinze milliards d’euros en formation continue. Du côté du Medef, on aimerait que cette somme vienne surtout en appui de projets privés. Selon l’organisation patronale, ce sont les dirigeants qui sont le plus à même de déterminer quelles sont leurs besoins en qualification. Un message compris semble-t-il par le gouvernement : « La formation doit se tourner vers l’entreprise pour savoir qu’elles sont les besoins et les métiers de demain », insiste Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. 

Anticiper

Un effort doit être aussi fait dans l’anticipation. Là encore, la coopération devra être la norme : aux entreprises de fournir leurs données pour anticiper les nouveaux métiers ; aux universités d’adapter rapidement leurs formations et à l’État de réguler pour éviter que des cursus non porteurs continuent de former de futurs chômeurs. « Les Français ne sont pas flexibles dans leur recherche d’emploi, ajoute Éric Trappier. Les régions doivent trouver elles-mêmes les formations les plus adaptées à leurs spécificités. » Pour que les entreprises puissent mieux jouer leur rôle de formateur, le Medef demande la révision de la fiscalité sur l’alternance. Mais la ministre prévient : les entreprises doivent aussi changer leur regard sur les universités : « Dans de très nombreux pays, elles sont perçues comme de véritables accélérateurs économiques et non de simple fournisseurs d’employés ». Comme quoi, tout est possible.
Vincent Paes
 

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