La sécurité bancaire est plus importante que jamais pour HSBC. Emma Evans expose les enjeux de conformité pour la banque et nous explique comment aller plus loin dans la lutte contre la criminalité financière à l’échelle internationale.

Décideurs. Quel est l’enjeu principal de la conformité en matière de lutte contre la criminalité financière pour HSBC ?

Emma Evans. La gestion du risque de criminalité financière est au cœur de la stratégie d’HSBC qui souhaite développer ses activités de manière durable. Elle a pour positionnement et stratégie d’être une banque internationale de premier plan. Les flux criminels étant de plus en plus internationaux, il est crucial de mettre en place des mesures efficaces pour détecter et prévenir la criminalité financière afin de protéger notre établissement. HSBC a publiquement déclaré qu'elle souhaitait devenir un leader reconnu en la matière en utilisant sa taille pour contribuer de manière positive à la lutte contre le crime financier.

Comment sensibilisez-vous vos salariés aux risques de corruption ?

La sensibilisation et la culture en matière de lutte contre la corruption, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ou concernant le respect des sanctions financières internationales commencent par des actions de formations ciblées. Mais cela doit ensuite être entretenu dans le temps à travers des communications, des échanges avec les équipes dans les réseaux ainsi que des partages d’exemples concrets. Nous avons constaté qu'il était nécessaire de veiller à ce que nos équipes connaissent non seulement la théorie d'une politique ou d'une procédure mais comprennent également les risques dans la pratique ainsi que la manière de les identifier.

Comment aller plus loin dans la lutte contre la criminalité financière ?

En dépit d’une réglementation plus importante et des investissements réalisés, les estimations de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime indiquent que dans le monde, à peine 1 % des fonds criminels transitant par le système financier international est confisqué par les autorités judiciaires et administratives. Pour HSBC, les nouvelles technologies et la collaboration sont les principaux moyens sur lesquels s’appuyer pour améliorer l’efficacité de la lutte contre le crime financier. Le premier moyen est ce que nous appelons « l’intelligence-led financial crime risk management », une approche qui s’appuie sur l’utilisation de techniques d’analyse de données avancées. Actuellement, l'approche adoptée par le secteur bancaire pour détecter les comportements suspects consiste à suivre les clients et les transactions en analysant des données relativement limitées, avec des scénarios de détection reposant sur des règles souvent binaires. En pratique, les taux de conversion des alertes en déclarations de soupçons restent relativement bas, avec des alertes qui nécessitent un temps d’investigation. Le regroupement de toutes les données détenues par une banque mondiale, associé à la collecte de données externes, accessibles au public, nous aideront à identifier des réseaux et des schémas qui auraient pu rester invisibles et ce potentiellement plus rapidement. Pour cela, il est essentiel de rassembler les données et de développer de nouvelles techniques d’analyse pour les comprendre, notamment en investissant dans des logiciels de pointe. Par exemple, l’intelligence artificielle peut analyser rapidement et efficacement de très nombreuses transactions. Cela pourrait constituer un outil essentiel pour détecter les activités suspectes et nous aider à délivrer, dans un délai optimisé, des informations plus pertinentes et exactes aux autorités judiciaires et administratives. Avec le développement accéléré de la technologie, nous devrons apprendre rapidement et tester de nouvelles techniques au cours des années à venir.

« Les nouvelles technologies et la collaboration sont les principaux moyens sur lesquels s’appuyer pour améliorer l’efficacité de la lutte contre le crime financier »

Le deuxième moyen concerne les partenariats public-privé. Au cours des dernières années, les autorités de nombreux pays ont mis en place des forums dédiés de partage d'informations. Ces derniers rassemblent des experts du monde de la régulation, des autorités judiciaires et administratives et des institutions financières. En travaillant dans le strict respect de la réglementation en matière de partage de données, les différentes organisations peuvent mettre en commun leurs connaissances pour mieux comprendre et combattre les plus grandes menaces.

Quelles sont, selon vous, les trois principales compétences que doit posséder un bon directeur de la compliance ?

Nous devons être analytiques et orientés vers les détails afin de pouvoir comprendre rapidement les problèmes auxquels les activités que nous accompagnons doivent faire face. Nous devons être en recherche perpétuelle de solutions. Enfin, nous devons trouver le bon équilibre entre le temps passé à gérer les sujets quotidiens et le temps à consacrer pour s’adapter à l’environnement des risques qui continue d’évoluer. Les marchés internationaux sont de plus en plus interconnectés et complexes et les menaces se multiplient. Nous devons donc continuer d’adapter en permanence notre approche.

 

Margaux Savarit-Cornali

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