Comme en Allemagne, les Verts français sont en bonne position pour diriger de grandes métropoles. Qu’il est loin le temps où le mouvement n’était qu’une force d’appoint du PS.

Peu de dissensions internes, une posture rassembleuse, des électeurs de plus en plus sensibles à l’écologie, des européennes réussies. Chez EELV, tous les signaux étaient au vert avant d’aborder le premier tour des municipales. Et les résultats sont globalement positifs pour le mouvement dirigé par Julien Bayou.

Vague verte sur les grandes villes

Les écolos ont réalisé des scores historiques dans certaines grandes villes qu’ils espèrent remporter une fois la situation de crise sanitaire passée. À Strasbourg, la liste conduite par Jeanne Barseghian obtient 27,88% des voix, loin devant le candidat LREM (19,86%) Alain Fontanel, pourtant considéré comme favori au début de la campagne. Dans la ville alsacienne, le sort du second tour est entre les mains de la liste PS de Catherine Trautmann forte de 19,78% des voix. Se maintiendra-t-elle ? Ralliera-t-elle les Marcheurs (Alain Fontanel est issu du parti socialiste) ou les Verts ?

À Lyon et Bordeaux, les candidats EELV peuvent se targuer de performances historiques. Dans la capitale des Gaules, les partisans de l’exécutif sont partis divisés. Résultat, le dauphin désigné de Gérard Collomb, Yann Cucherat plafonne à 14,92% contre 11,98% pour le dissident Georges Képénékian. Si les deux listes restent divisées, la voie vers la mairie est toute tracée pour l’écologiste Grégory Doucet qui réalise un très bon score : 28,46%. À noter, la relative bonne santé de LR qui atteint 17% grâce à Étienne Blanc.

Dans la préfecture de Gironde, Alain Juppé qui ne se représente pas avait très tôt désigné son successeur, Nicolas Florian. L’appui du « patron » et du Modem n’aura pas suffit à creuser l’écart. Certes, le candidat du centre-droit est en tête (34,56%), mais il est talonné par la liste écolo-union de la gauche menée par Pierre Hurmic (34,38%). Les choix des autres candidats qualifiés au second tour, le LREM Thomas Cazenave (12,69%) et le surprenant anti-capitaliste Philippe Poutou (11,77%) permettront peut-être aux Verts de rafler ce fief de droite.

Besançon pourrait également se donner à EELV. Anne Vignot, qui mène une liste « vert-rose », obtient pratiquement un tiers des suffrages (31,70%) contre 23,59% pour le LR Ludovic Fagot. Le député LREM (ancien membre d’EELV) Éric Alauzet est également qualifié au second tour mais est susceptible de rallier Anne Vignot.

Strasbourg, Lyon, Bordeaux et Besançon pourraient élire des maires écologistes

Enfin, à Grenoble, principale municipalité écologiste de l’Hexagone, le maire sortant, Éric Piolle (46,68%) fait figure d’ultra favori pour un second tour où il se mesurera au revenant Alain Carignon, à la députée LREM Émilie Chalas et au socialiste Olivier Noblecourt.

Faiseurs de roi

Dans d’autres communes, les Verts réalisent des scores qui peuvent leur permettre de se glisser dans le rôle de faiseur de roi en ralliant des candidats socialistes qui seraient ainsi certains de conserver leur siège. Ou à des macronistes qui pourraient ainsi jouer les trouble-fêtes. Deux villes sont principalement concernées : Lille et Rennes. Martine Aubry est en tête avec 29,80% mais le candidat EELV Stéphane Baly est second avec 25,80% tandis-que les Marcheurs menés par Violette Spillebout suivent avec 17,53%.

Même scénario dans la capitale bretonne. Certes, la socialiste sortante Nathalie Appéré culmine à 32,78%, mais les écolos sont à 25% tandis-que la liste LREM menée par Carole Gandon se hisse à 14,29%. Sur cette terre de gauche, les Verts détiennent les clés du scrutin. Mais même s’ils décident de faire cavaliers seuls au second tour dans certaines villes, Éric Piolle ne devrait plus être le seul écolo à diriger une grande ville française. EELV joue désormais dans la cour des grands.

Lucas Jakubowicz

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