La France est en lutte, mais certains souhaitent déjà désigner et condamner des coupables. Une triste exception hexagonale.

Pour combattre l’épidémie de Coronavirus, le président de la République n’a pas mâché ses mots : la France est en « guerre ». Et pour la gagner, l’heure est à l’Union sacrée. En ces heures sombres, où chaque jour, la liste des personnes emportées par le sinistre Covid-19 s’allonge, le dévouement des Français est remarquable et concret. Au quotidien, de nombreux gestes de solidarité sont observés : les collectes de tissu pour concevoir des masques dépassent les objectifs, les plateformes proposant des aides aux devoirs ou aux courses fleurissent, on se soucie davantage de ses voisins... Côté entreprises, on ne compte plus les sites de production qui fabriquent à la chaîne masques de protection, respirateurs artificiels et bouteilles de gel hydroalcoolique, armes indispensables pour mener la lutte. Sans parler des caissiers, des routiers, des salariés de l’agroalimentaire, des fonctionnaires, des chauffeurs de bus, des agents de maintenance… qui, en première ligne, continuent à faire tourner le pays.

Et pourtant. Derrière l’altruisme et l’engagement, des comportements aussi minoritaires qu’indignes gangrènent le corps social. Des masques sont volés dans les hôpitaux et revendus au marché noir, des soignants ont la désagréable surprise de voir scotchés sur la porte de leurs appartements des messages les invitant à vivre ailleurs. Ils pourraient, par leur simple présence, contaminer des résidents. À l’hôpital Lariboisière, dans le Xe arrondissement de Paris, médecins et infirmiers sont désormais escortés pour éviter racket et harcèlement. Eux qui seraient prêts à sacrifier leur vie pour soigner leurs agresseurs !

La classe politique, pour sa part, n’est pas exempte de reproches. Mauvais réflexes et postures partisanes prennent parfois le dessus sur la raison. À l’extrême droite, crise sanitaire ou non, on continue à tenir des discours xénophobes et à dégoupiller fake news et propos à l’emporte-pièce. Tendance identique à l’extrême gauche où élus et militants en profitent pour critiquer sans rien proposer. Même dans les partis traditionnels, l’Union sacrée ne va pas toujours de soi. La France est en lutte, mais certains souhaitent déjà désigner et condamner des coupables. Une triste exception hexagonale.

Une chose est certaine : le virus sera vaincu. Ce jour là, comme le dit le célèbre hashtag prisé des internautes prompts à critiquer gouvernement, médecins, journalistes : #onoublierapas. Mais on n’oubliera pas ceux qui se sont montrés à la hauteur d’un événement historique. Là est l’essentiel.

Lucas Jakubowicz

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