De nombreuses personnalités "issues de la diversité" prennent position pour défendre l’universalisme, combattre le communautarisme et l’essentialisation. Résultat, ils sont cloués au pilori par la "nouvelle gauche" et ses affidés. Leur crime ? Ils cassent un business.

Quel est le point commun entre Sonia Mabrouk, Claire Koç, Rachel Khan, Zineb El Rhazoui, Linda Kebbab, Lydia Guirous, Fatiha Agag-Boudjahlat, Abdoulaye Kanté ou encore Amine El Khatmi ? Pour reprendre un horrible terme à la mode, ils sont "racisés". Mais tous ont des parcours différents : certains sont nés en France, d’autres viennent d’ailleurs. Ils sont de droite, de gauche ou se revendiquent apolitiques. Quelques-uns sont issus de familles aisées, d’autres de milieux populaires. Ils sont syndicalistes, profs, journalistes ou encore associatifs.

Tous s’accordent sur un point : on ne transige pas avec l’universalisme républicain, la laïcité et le vivre-ensemble. Oui à l’émancipation, non à l’essentialisation, au communautarisme et à la victimisation pavlovienne, clament-ils dans des livres, sur les réseaux sociaux, à la radio ou à la télévision. À leurs risques et périls.

Leur engagement a un prix. Dans leur vie quotidienne, ils sont harcelés, traités de "nègres de maison", "d’Arabes de service" et d’autres insultes plus stigmatisantes encore que la décence interdit de retranscrire. Bien souvent, les hordes grossières agissent de manière anonyme. Mais certaines personnalités ou certains médias qui se drapent des oripeaux de champions de la tolérance se prêtent au jeu. C’est notamment le cas du militant Taha Bouhafs ou du quotidien Libération qui ne se prive pas de qualifier la journaliste Sonia Mabrouk de femme prête à tout pour "plaire à ses mâles et pâles mentors ".

Pour certaines belles âmes, un "racisé" est une victime. Malheur à lui s'il dit l'inverse.

Face à cette situation, une grande partie des intellectuels et des dirigeants de gauche sont complaisants ou restent muets. Dans tous les cas, ils sont complices et coupables puisque, c’est bien connu, qui ne dit mot consent. Comment expliquer qu’un bord politique, jadis à l’avant-garde de l’antiracisme, adopte cette position ? Pour dire les choses simplement, ces défenseurs de la laïcité et de l’assimilation ont commis le pire des crimes : ils cassent le business. C’est désormais acquis, la gauche a perdu les classes populaires (dans un récent sondage Ifop, le RN y recueillerait 48% d’intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon 12%, le PS et EELV 3%). Si le peuple ne veut pas d’elle, il lui faut trouver un électorat de substitution. Cap sur la "diversité" et les bien-pensants avec un message somme toute simple : "La France est raciste, les minorités sont victimes, mais heureusement, nous sommes là." Seul hic, une partie de la cible ne se laisse pas instrumentaliser et dit niet. Pour la nouvelle gauche, quiconque s’écarte de la doxa constitue un ennemi à abattre. Il faut donc le pilonner, le traîner dans la boue, l’humilier publiquement. Au nom du "bien" et d’un avenir radieux, il convient d’interdire aux "concerné.e.s" perçus implicitement comme une masse dépourvue d’esprit critique de s’écarter de la voie qui est tracée pour elle. Ce qui, convenons-en, est un bel exemple de racisme…

Lucas Jakubowicz

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail