Le saviez-vous ? Les jeunes Français seraient devenus les plus mauvais en maths parmi les pays développés. À la clé, des conséquences pour notre souveraineté et notre démocratie. Redresser la barre est donc un sujet de priorité nationale. Et les derniers résultats du Capes ne vont pas changer les choses.

Il paraît que le gouvernement a pris conscience de l'importance des mathématiques. Et qu'après avoir réduit le nombre d'heures il a décidé de faire machine arrière. Pour cela il faut des profs qui, pour le moment sont aux abonnés absents. Les résultats du Capes de mathématiques dévoilés le 10 mai sont à cet égard inquiétants : 816 admis pour 1 186 postes.

Les étudiants français du XXIe siècle sont de moins en moins nombreux à se tourner vers des études supérieures en sciences et, logiquement, ceux qui le font optent pour les cursus offrant les meilleures perspectives en matière de salaire. Ce qui n’est pas le cas de l’enseignement… Face à cette situation, deux mauvaises solutions de court terme sont envisageables : rester inflexible sur les prérequis et surcharger davantage les classes. Ou alors diminuer les attentes, ce qui a été fait l'année dernière. Conséquence, pointée par le jury : "Beaucoup  trop de copies comportaient des erreurs de logique grossières.". Mais leurs auteurs pourront enseigner. Comme si la France avait besoin de cela.

Les résultats du Capes de mathématiques 2022 ? 816 admis pour 1186 postes

En décembre 2021, l’étude internationale Trends in International Mathematics and Science Study (Timss) a rendu un inquiétant verdict : les collégiens français sont, osons le mot, nuls en mathématiques. Concrètement, ils sont englués à la dernière place des pays de l’Union européenne et à l’avant-dernière de ceux de l’OCDE, juste devant le Chili. Par rapport aux derniers résultats datant de 1995, le décrochage est vertigineux. Pire encore, si la moyenne nationale est très basse, les têtes de classe dotées de la bosse des sciences sont désormais une espèce en voie de disparition. Seuls 3 % de nos jeunes sont considérés comme avancés contre 45  % en Corée du Sud, 37  % au Japon, 14 % aux États-Unis ou 11 % en Grande-Bretagne. Si les raisons d’un tel déclin sont nombreuses et difficilement hiérarchisables, les conséquences sont hélas prévisibles. L’Hexagone était historiquement bien pourvu en cerveaux scientifiques. À la clé, un statut de pays innovant en matière d’aéronautique, de biotechnologie, de finance mais aussi de recherche académique, en témoigne le nombre important de prix Nobel français. En l’absence de relève, d’autres pays prendront une avance notable sur toutes les innovations de demain, qu’il s’agisse de l’intelligence artificielle ou de la recherche médicale, nous condamnant à un rôle de spectateur passif.

Plus inquiétant, des citoyens dépourvus d’un minimum de rigueur scientifique, ce sont des citoyens peu à peu dénués de raison et de cartésianisme. Une aubaine pour les extrémistes, gourous et sectaires de tout poil qui ne demandent pas mieux. Retrouver un bon niveau en science est un chemin incertain mais indispensable pour notre souveraineté et notre démocratie car, pour le moment, les jeunes Français partent avec un boulet au pied dans un monde sans cesse plus complexe. La route sera longue et bien incertaine tant notre dévissage ne semble pas émouvoir grand monde. En cas d’échec, nous serons probablement une des seules nations au monde à avoir sacrifié sans raison valable le bien le plus précieux : l’éducation. Un cas d’école !

Lucas Jakubowicz

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