Alors que le gouvernement amorce la sortie des aides exceptionnelles, déconfinement oblige, les sujets ne manquent pas : de la réforme des retraites aux questions de fiscalité internationale en passant par les problématiques liées à la formation. Dans une interview accordée aux Échos, le président du Medef revient sur ces différents sujets brûlants.

Fin des aides d’État exceptionnelles, réformes des retraites, formation… Alors que le gouvernement déroule peu à peu le calendrier du déconfinement, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux prend la parole dans Les Échos pour évoquer les grands dossiers des mois à venir. Si le patron des patrons se félicite de la reprise économique actuellement constatée et voit dans l’été qui s’annonce une période porteuse sur le plan de la consommation, l’homme se montre néanmoins prudent pour la rentrée.

Les freins à la reprise

Dans certains domaines, des freins potentiels à la reprise se profilent, comme en matière de recrutement. C’est déjà le cas dans la restauration, qui chiffre à 100 000 le nombre d’employés qui pourraient manquer à l’appel, les travailleurs du secteur s’étant réorientés ; ou encore du BTP qui fait face à une augmentation des prix imputable aux problèmes d’approvisionnement sur certaines matières premières. 

"Je ne crois pas à un mur de faillites, ni à une grande vague de plans sociaux"

De là à prévoir des faillites en nombre ? "Je ne crois pas à un mur de faillites, ni à une grande vague de plans sociaux, estime Geoffroy Roux de Bézieux. Il y aura un rattrapage car le nombre de faillites l'an dernier était inférieur à la normale, mais il ne sera pas brutal." Le moment de vérité sera pour le printemps prochain, quand les entreprises commenceront à rembourser les prêts garantis par l’État (PGE).

La reprise pourrait également être affectée par des mouvements sur le fond plus importants, tels que les transitions énergétique et numérique qui, certes, finiront par porter leurs fruits économiques, mais qui nécessitent des investissements considérables.

Relance

Aux questions de savoir si le pays doit continuer à déployer un arsenal d’aides, le président du Medef rétorque : "À partir du moment où il n'y a plus de restrictions sanitaires, c'est-à-dire le 30 juin, il n'y a plus de raison de maintenir les mesures de compensation sauf pour accompagner certains secteurs très affaiblis ou qui connaissent des difficultés structurelles." Quant au plan de relance hexagonal de 100 milliards d’euros, le dirigeant appelle à faire un bilan avant l’été de ce qui fonctionne ou non.

Le maintien du télétravail post-crise est également une problématique à laquelle les entreprises devront répondre. "Si la fonction publique passe d'un à deux jours en présentiel, il n'y a pas de recommandation ferme pour les entreprises et c'est très bien comme ça, poursuit-il. Chacune d'entre elles va pouvoir trouver, dans le dialogue social, son équilibre, en fonction de son activité, de sa taille, de sa situation géographique pour cet été et au-delà, pour intégrer de façon permanente le télétravail dans son organisation du travail."

Un départ à la retraite à 64 ans

Certains sujets, déjà sur la table avant la crise, ne pourront pas être éludés. C’est notamment le cas de la réforme des retraites. "Pour faire cette réforme, il faut un capital politique. Le temps est passé depuis 2017. Pour moi, c'est un débat de la présidentielle", explique celui qui prône un âge de départ à 64 ans, à l’instar du candidat de droite Xavier Bertrand.

S’agissant de la formation professionnelle, le patron du Medef regrette qu’ait été supprimé le droit de regard des entreprises sur les formations choisies. Il estime également que, malgré l’impasse financière dans laquelle se trouve France compétences, il n’est pas question d’augmenter la contribution des entreprises. Enfin, sur le sujet de la réforme de la fiscalité internationale, Geoffroy Roux de Bézieux soutient le principe d’équité fiscale, qui pourrait être bénéfique à l’attractivité de l’Hexagone, mais ne se fait pas d’illusion quant à l’impact sur les finances publiques françaises.

OV

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