Alors que dure la pandémie du Covid-19, le monde de la justice et les professionnels du droit s’adaptent à ses bouleversements majeurs. Retour sur l’impact de cette crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des entreprises à travers le débat entre un avocat, Emmanuel Moyne (Bougartchev Moyne & Associés) et une directrice juridique, Marie-Lucie Dubois-Galliez (Air France).

Décideurs. Le recours aux modes alternatifs de règlement des litiges fonctionne-t-il aussi en temps de crise ?

Marie-Lucie Dubois-Galliez. Oui, bien sûr, les Marc continuent de fonctionner en temps de crise ! Chez Air France, nous avons continué à recevoir et à examiner les demandes de médiation formulées dans le cadre de notre dispositif interne de médiation des litiges en droit du travail. Ce dispositif, qui permet de trouver une solution choisie et partagée de manière rapide, est parfaitement adapté à la crise en termes d’économie de temps et de coûts. En pratique, si le fonctionnement de ces médiations a été ralenti en raison des restrictions sanitaires, il a été possible d’y remédier en organisant les échanges à distance, en visioconférence.

Emmanuel Moyne. Je pense que la crise n’a eu aucun impact sur le recours aux Marc. Elle n’a rien changé à la manière de traiter les contentieux qu’il s’agisse du mode de résolution amiable ou judiciaire des litiges. Nous avons continué à négocier des transactions quand il était possible de le faire ou d’avoir recours à la médiation lorsque la situation s’y prêtait. Et, en matière pénale, on n’a pas arrêté de négocier des CJIP ou des CRPC.

Les grandes entreprises ont-elles adopté de nouvelles stratégies pour gérer leurs litiges ?

Marie-Lucie Dubois-Galliez. Non, la crise ne nous a pas conduits à adopter d’autres stratégies pour gérer les contentieux. S’agissant d’Air France et de la gestion des litiges en droit du travail, la stratégie de gestion avait déjà évolué avant la crise avec le lancement de notre dispositif de médiation juridique. En revanche, il a fallu réorganiser la préparation des dossiers car il a nécessairement fallu travailler à distance aussi bien avec les collaborateurs, les clients internes et les avocats. La digitalisation complète de la Direction Juridique Social depuis 2018 nous a permis de nous adapter très efficacement de manière quasi instantanée. 

"Cette crise a renforcé la capacité d’adaptation de notre équipe"

Emmanuel Moyne. Si la crise nous a contraints à transformer notre mode de travail dès les premières heures, elle n’a pas cependant modifié notre manière d’accompagner nos clients dans le traitement de leurs litiges. Le recours aux systèmes de visioconférence sécurisés a été précieux mais par-delà la logistique, il n’y a aucune raison que la crise ait un effet sur la stratégie d’un dossier. À l’inverse, j’ai pu constater une montée en puissance des actes de malveillance à l’égard des entreprises : fraudes au président, fraudes internes ou cybercriminalité. Cela nous a amenés à faire preuve d’une plus grande vigilance et d’un maximum de réactivité dans nos prestations.

Vous avez tous les deux mentionné l’organisation du travail avait changé. Quel effet cela a-t-il eu sur vos équipes ?

Emmanuel Moyne. Le recours massif au télétravail a pu entraîner un manque de motivation des collaborateurs au sein des entreprises comme dans les cabinets d’avocats. Pour faire face à cet aléa, nous avons continué d’une part à travailler en équipe, malgré la distance, et d’autre part adopté un protocole strict pour permettre à ceux qui le souhaitaient d’exercer sur site et de s’y rendre dans des conditions favorables à leur sécurité quand les contraintes d’un dossier interdisaient le télétravail. Finalement, cette situation a renforcé notre capacité d’adaptation. Et c’est plutôt un effet positif.

"Le télétravail a renforcé l’autonomie des collaborateurs de la Direction Juridique Social"

Marie-Lucie Dubois-Galliez. De notre côté, nous avions déjà expérimenté le télétravail avant la crise mais le défi, cette fois, était de maintenir le lien avec nos équipes. Et nous y sommes parvenus. L’organisation des choses à distance a également indéniablement renforcé l’autonomie des collaborateurs de la Direction Juridique Social. Ce qui est en revanche probablement plus compliqué, notamment avec l’activité partielle, c’est de s’astreindre à ne faire que ce qui est vital pour l’entreprise et de renoncer à l’aspect plus qualitatif de certains services.

Propos recueillis par Yannick Tayoro

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