Opérateur d'infrastructure télécom expert en fibre optique, Altitude Infra répond aux enjeux de couverture en très haut débit des zones peu denses pour les particuliers, les sites publics mais aussi pour les entreprises. Emmanuel Chrétien, son secrétaire général, détaille les grands projets de croissance de la société et revient sur une année 2020 particulièrement intense et stratégique.

Décideurs. Pouvez-vous nous présenter vos grands pôles d’activité et vos expertises ?

Emmanuel Chrétien. Altitude Infra est le premier opérateur d’infrastructure télécom indépendant en France. Nous nous voyons comme un aménageur numérique du territoire et nous participons au chantier national "France Très Haut Débit" qui a pour objectif de déployer la fibre optique à tous d’ici 2025.

Notre première activité est à destination des particuliers vivant dans des zones non-denses. La France représente environ 32 millions de foyers dont la moitié sont dans des zones rurales où nous allons pouvoir raccorder 4 millions de foyers. Nous agissons dans le cadre des Réseaux d’Initiative Publique (RIP), des concessions allouées par les collectivités territoriales et les syndicats mixtes, cette gestion de proximité permet aujourd’hui d’avoir en France un déploiement de la fibre très rapide.

Notre clientèle s’étend également aux entreprises. Nous étions initialement positionnés exclusivement sur les territoires ruraux mais à la suite de l’acquisition en 2020 de Kosc Telecom, fournisseur de connectivité fibre et DSL dédié aux opérateurs d'entreprises, nous offrons des solutions adaptées et compétitives et notre dynamique d’investissement s’étend désormais à tout le territoire national.

Par ailleurs, nous sommes également en négociation exclusive pour la reprise d’une partie des actifs de la société Covage dans le cadre d’une opération de remédiation décidée par la Commission européenne. Cette opération va nous permettre de renforcer notre pôle "particuliers" pour nous faire atteindre les 4,5 millions de foyers et Covage représente d’ores et déjà 20 % du marché de la fibre dédiée aux entreprises.

Dans les deux cas, nous sommes un fournisseur d’infrastructure et non un opérateur visible par le client final. Nous mettons à disposition l’outil aux opérateurs commerciaux qui vont le vendre ou le louer aux particuliers et aux entreprises.

Quel bilan dressez-vous de l’année 2020 ? La crise sanitaire a-t-elle eu des conséquences sur votre activité et votre développement ?

Notre objectif pendant cette crise a été de préserver les projets qui étaient engagés et le travail de nos collaborateurs mais aussi des équipes sous-traitantes et des prestataires.

Dans notre cœur d’activité, nous avons la chance de n’avoir perdu que du temps. Nos projets sont longs et ils n’ont pris qu’un retard d’à peine plus de trois mois qui sera complétement rattrapé à horizon 2021.

Un plan de maintien orienté sur nos partenaires régionaux a été mis en place. Nous avons même revu à la fois l’organisation de nos contrats et les jalons de paiement afin de contribuer à la survie des plus petites entreprises notamment en payant des étapes préparatoires avant la fin du chantier. Cela nous a permis de maintenir l’activité.

"La prochaine étape de notre développement sera certainement de dépasser les limites de l’Hexagone"

L’année 2020 a notamment été marquée par une levée de fonds de plus de 500 millions d'euros ainsi que par l'acquisition de Kosc mais aussi de Covage. Quelques mois plus tard, quel bilan dressez-vous de ces opérations ?

En 2020, nous avons atteint les objectifs qui étaient les nôtres en termes de levées de fonds, en equity comme en dette. Nous avons accueilli un premier actionnaire minoritaire au deuxième semestre 2020 et, au même moment, un financement junior a été levé qui accroissait nos capacités de développement. Ces tours de table nous ont permis d’asseoir notre crédibilité sur la reprise des réseaux de Covage à Altice mais aussi de réaliser l’acquisition de Kosc Telecom.

Mener ces opérations sans perdre notre indépendance capitalistique était pour nous un enjeu essentiel. Par ailleurs, nous avons appris un nouveau métier avec ces opérations, prêts à réitérer l’expérience.

Au niveau opérationnel, Kosc Telecom est une entreprise assez récente ce qui implique un travail important de structuration et de développement. Le processus suit son cours et nous sommes actuellement dans des phases importantes d’investissement et de recrutement pour créer de l’infrastructure et lui donner la taille requise.

N’oublions pas qu’Altitude Infra est une branche d’activité du groupe familial Altitude. Cela a des incidences très positives sur l’approche de nos projets et nous offre une vision et une stratégie à très long terme moins sujette aux perturbations.

Quelles sont par ailleurs vos pistes de croissance ?

La prochaine étape de notre développement sera certainement de dépasser les limites de l’Hexagone. Nous souhaitons cependant nous développer à l’international de manière raisonnée en privilégiant des territoires disposant d’une réglementation claire sur notre secteur. Pour des investisseurs, il est rassurant de connaitre les règles du jeu. Nous chercherons également à mettre en place des partenariats avec des acteurs locaux qui ont une véritable connaissance de leur territoire qu’ils soient financiers, génies civilistes, entre autres.

Par ailleurs, nous restons très attentifs aux opportunités de croissance externe mais avant de nous lancer dans un nouveau défi, nous nous concentrons sur la réussite de notre union avec Covage.

Quels sont vos ambitions et vos projets ?

D’abord déployer et exploiter en respectant les délais et en assurant une qualité de service irréprochable. Ensuite offrir cette même qualité de service aux entreprises. Nous voulons devenir l’alternative aux deux géants du secteur que sont Orange et SFR et être en mesure de proposer une offre complète aux entreprises sur l’ensemble du territoire français. Cela suppose de réussir notre rapprochement avec Covage ainsi que de mettre en place une forte dynamique d’investissement et de couverture du territoire par la fibre.

Créer de l’infrastructure pour du long terme est primordial. Pour y parvenir, nous devons anticiper les usages car nous ne sommes qu’au tout début du développement numérique.

Actuellement, beaucoup de régions connaissent un nouveau dynamisme, ce qui nous donne une perspective de déploiement de nos réseaux et nous conforte dans notre volonté de contribuer à un équilibre différent entre métropoles et zones rurales en venant à bout de la fracture numérique sur tout le territoire.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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