Le directeur commercial de France Rhum Clément & Spiribam, anime un portefeuille de marques éclectiques, témoignant d’un secteur qui maintient son cap vers le haut de gamme.

Décideurs Magazine. Le monde des spiritueux connaît une effervescence sans précédent. Comment le rhum tire-t-il son épingle du jeu ?

Dominique de la Guigneraye. Le rhum suit la tendance mondiale en vivant ce que le whisky a vécu il y a vingt ans : respect des origines, mise en avant des savoir-faire et demande exponentielle. Dans les années 1990, il fallait se lever tôt pour séduire les sommeliers et voir une carte des rhums décente. Aujourd’hui, des palaces aux supermarchés, on trouve du haut de gamme. C’est une grande fierté. En Martinique, le « spiritourisme » rassemble 150 000 visiteurs de distilleries par an et on ne compte plus les salons dédiés à ce spiritueux, comme les Rhum Fest de Paris, Berlin…

Il a fallu du temps pour se hisser vers ce nouveau positionnement. Y a-t-il eu des facilitateurs ?

Jean-Pierre Bourdillon, le « père de l’AOC », a milité auprès de Jacques Chirac, alors Premier ministre, pour que le rhum agricole de La Martinique obtienne une Appellation d’origine contrôlée (AOC). Yves Hayot, qui a œuvré toute sa vie dans les industries du sucre et du rhum, a compris avant tout le monde que le rhum devait être présent sur les grandes tables et les grands hôtels, en France et à l’étranger. C’est en partie grâce à eux qu’un chocolatier comme Chapon fait macérer ses fèves de cacao dans des fûts de rhum Clément ou que le chef étoilé Gilles Goujon propose l’une des plus belles cartes de rhums au monde.

Comment faites-vous face à une telle explosion de la demande ?

Personne ne s’était préparé à une montée en puissance aussi rapide. D’autant qu’il faut du temps pour faire du rhum ! Chez Clément, nous avons construit de nouveaux chais et fait passer la capacité des stocks de vieillissement de 8 000 à 24 000 fûts en cinq ans.

La cote du rhum tutoie les sommets…

Il y a un public de collectionneurs pour les très vieux rhums. Chez Artcurial, des bouteilles de JM des années 1980 ou 1990 s’envolent à 800 euros. Nous accompagnons ce phénomène en demandant au joaillier Tournaire de sertir un millésime Clément de notre collection particulière avec un bijou en or et un diamant de quatre carats. Ce sera la bouteille de rhum la plus chère du monde (100 000 euros). Nous allons aussi proposer huit bouteilles d’exception à 17 000 euros.

Comment imaginez-vous l’avenir de la planète rhum ?

Avec l’importance du fût dans le process de vieillissement, les possibilités d’assemblage sont immenses. On s’approche de la haute couture. L’une des pistes pour l’avenir, sera de proposer au client de produire sa propre cuvée. La demande est déjà très forte.

Propos recueillis par Guillaume Tesson

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