Grâce au numérique, les grands groupes se donnent une deuxième jeunesse. Un moyen pour eux de retrouver le chemin de la croissance et de soigner leurs marges. Le revers de la médaille ? Une concurrence accrue.

Augmentation des ventes, réduction des coûts, amélioration de la relation clients… D’ici à 2025, les technologies numériques rapporteront, selon McKinsey, mille milliards d’euros à l’économie française. Pour les entreprises, pas question de passer à côté d’une telle opportunité. D’autant plus que le statu quo n’est pas de mise. Les sociétés qui ne réussiront pas à prendre le virage de la digitalisation verront leur chiffre d’affaires et leur résultat opérationnel baisser de 10?% par an
en moyenne.

 

Des gains de productivité de 15?%

 

L’information est passée?: 48?% des dirigeants mondiaux estiment que la digitalisation de leurs activités leur permettra d’augmenter leurs revenus. Un sentiment qui se confirme dans les faits. Pour les distributeurs par exemple, la mise en place d’un site internet garantit une croissance moyenne de l’activité de 20?%. Et pour ceux qui vont plus loin dans l’e-commerce, les gains sont encore plus importants. «?Grâce à une place de marché, un e-commerçant affiche en moyenne un chiffre d’affaires incrémental supérieur de 27?% par rapport à une société ne proposant qu’un site de commerce classique, explique Philippe Corrot, cofondateur et P-DG de Mirakl, leader mondial des solutions de place de marché.

 

Les technologies numériques permettent également aux entreprises de réduire leurs coûts tout en gagnant en efficacité. Dans l’industrie, les gains de productivité avoisinent les 15?% selon un dirigeant du secteur. «?La mise en réseau de l’ensemble des machines et des postes de travail optimise le suivi de production et le contrôle de la qualité, explique-t-il. Les secteurs du service en profitent au même titre. À la pointe sur ce sujet, la société de location Kiloutou travaille à rendre ses outils plus intelligents. «?Nous disposons du plus gros parc de machines connectées. Grâce à ce système télématique, nous pouvons agir directement dessus, disposer de données sur son utilisation et savoir où elles se trouvent en temps réel, témoigne Xavier du Boÿs, président du directoire de Kiloutou. «?L’industrialisation des process doit se conjuguer avec une forte capacité à offrir des solutions personnalisées pour nos consultants, met en garde Patrick Levy-Waitz, le président d’ITG, premier groupe de portage salarial en France. Dans cette digitalisation, les banques sont les plus en avance. En numérisant intégralement le processus de prêt immobilier, elles ont par exemple amélioré le profit net de cette activité de 10?%. En cinq ans, l’utilisation de la banque en ligne en France a été multipliée par trois alors que, dans le même temps, la fréquentation des agences a chuté de 30?%.

 

Comprendre le client

 

En proposant plus de services à des prix moins élevés, la digitalisation permet aux entreprises d’améliorer leurs relations clients. «?Notre place de marché permet à nos consommateurs de réaliser une location en accédant à l’état de nos stocks en temps réel, illustre Xavier du Boÿs. Et les sociétés ne s’arrêtent pas là. Pour anticiper les besoins des consommateurs, l’analyse des données est devenue incontournable. Ainsi, 43?% des dirigeants citent l’analyse des data comme la technologie à exploiter en priorité. Le potentiel de gains est considérable. En exploitant les données issues de son programme de fidélisation, le groupe de distribution Tesco a pu segmenter ses clients en pas moins de 3?000 groupes. Grâce à ces informations, la société a aménagé ses magasins et affiné sa politique de promotions. Résultat, la part de marché de l’enseigne a progressé de treize points en seulement six ans.

 

Pour réussir ces transformations, les entreprises ont besoin de repenser leur fonctionnement. 45?% des dirigeants français estiment ainsi que les rigidités organisationnelles sont le principal frein à la transformation numérique de leur société. Le plus souvent cela passe par la mise en place d’un service dédié. Au niveau mondial, 80?% des grands groupes disposent désormais d’un chief digital officer, selon une étude réalisée par Accenture.

 

Réfléchir aux nouveaux business models

 

Mais les entreprises n’ont pas toujours la souplesse nécessaire et les compétences en interne. Elles ont alors recours à des partenariats. Dernier exemple en date, l’énergéticien hollandais Eneco, qui a signé un accord avec Capgemini afin d’accélérer sa transformation digitale. Faire appel à un prestataire permet de rester au top de l’innovation. Philippe Corrot, président de Mirakl, fournisseur de place de marché, témoigne?: «?Sur nos soixante employés, trente sont des développeurs. Et nous prévoyons d’en recruter une dizaine d’ici à la fin de l’année. Cela nous permet de sortir une nouvelle version de notre logiciel tous les trois mois et d’avoir dix-huit mois d’avance sur les besoins de nos clients.

 

Dans un monde où tout va toujours plus vite, prendre le virage du numérique ne suffit pas toujours. Toutes les entreprises ont peur de rater la future innovation qui va révolutionner leur activité. Certains grands groupes se sont ainsi dotés d’une équipe dont le seul objectif est de réaliser une veille et de réfléchir aux nouveaux business models. L’exemple du tourisme, l’un des secteurs les plus avancés en matière de digitalisation, permet de comprendre leur crainte. Au cours de ces cinq dernières années, toute la chaîne de valeur y a été modifiée. Les tour-opérateurs se sont vus concurrencer par les outils de métarecherche en ligne, comme Trivago ou Kayak, et les sites de notation, tels que Tripadvisor ou Lonelyplanet. Airbnb (cf. entretien), en permettant aux particuliers de louer leurs appartements, ont fini de révolutionner le marché. Car dans le numérique, ce sont bien les start-up qui ont le dernier mot. Les chiffres sont aussi en leur faveur. Selon le baromètre 2015 réalisé par E&Y et France Digitale, la croissance annuelle affichée par les start-up du numérique s’élevait à 37?% en 2014.

 

V. P.

 

Le point de vue d'Olivier Grémillon, managing director Emea, Airbnb. 


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