Roland Dana revient sur les tendances du marché de recrutement des professionnels du droit pendant la période de crise sanitaire ainsi que sur l’évolution de leurs besoins.

Décideurs. Les recrutements ont été freinés dans de nombreuses entreprises en raison de la crise sanitaire. Qu’en est-il dans le secteur juridique ?
Roland Dana. Étant d’un naturel positif, je répondrai que le marché du recrutement d’avocats se porte très bien ! Il suffit d’observer le nombre de mouvements d’associés ces derniers mois pour le constater. De manière globale, il est évident que le marché a subi un fort coup d’arrêt pendant le premier confinement. Entre la gestion du chômage partiel, la mise en place de télétravail, les questions de trésorerie et les incertitudes quant à la puissance de l’onde de choc, la priorité n’était évidemment pas au renforcement des équipes et à la croissance externe. 
Les grands cabinets anglo-saxons ont connu une période de restriction plus forte, liée au double impact de la crise sanitaire et du Brexit. Les managing partners globaux ont dû rapidement faire des arbitrages, souvent au détriment des marchés français et européen. En réalité, cela  a participé à alimenter le mercato et favorisé les transferts des cabinets anglo-saxons vers les cabinets français ayant su se montrer compétitifs 
et opportunistes.
Ce "hiring freeze" n’aura finalement été que très temporaire, car dès la fin de l’été, les process en cours ont vite repris et les projets de développement sont repartis de plus belle. Les besoins et les exigences ne sont simplement plus les mêmes. 2021 s’annonce même comme une année record en termes de mouvements d’associés. Sous l’effet cumulé des nombreuses créations de cabinets indépendants et d’importantes ouvertures de nouveaux cabinets anglo-saxons, des mouvements d’équipes sont annoncés pratiquement chaque semaine depuis janvier !

Quels sont les types de profils les plus recherchés par vos clients ? Certaines spécialités juridiques sont-elles plus demandées ?
Depuis plusieurs mois, ce sont, sans grande surprise, les spécialistes du restructuring et du droit social, suivis de près par le contentieux et le financement, qui ont été les plus sollicités. Le transactionnel au sens large a été fortement ralenti au début de la crise sanitaire, ce n’a finalement pas été tellement le cas du private equity qui s’est avéré relativement "covid-proof". En effet, les fonds ont des réserves suffisamment profondes pour investir notamment dans le non-coté, autour d’actifs résilients face à la crise, en particulier dans les secteurs de la santé, du digital/fintech et des infrastructures. Le contexte reste toutefois fragilisé avec des valorisations teintées "d’Ebitdac" (Ebitda Covid-19) et un fort aléa à court/moyen terme, dans une économie sous assistance respiratoire via PGE et autres mesures de soutien ­gouvernementales.

"Notre approche pro-active permet de créer des opportunités"

Depuis la fin de l’été 2020, les équipes transactionnelles sont à nouveau recherchées. Cela s’explique par le besoin des cabinets d’avocats de consolider leur modèle et de répondre aux besoins de leurs clients, dans un environnement économique et financier durablement dégradé. Nous n’avons d’ailleurs pas observé, contrairement à Londres, de vague de licenciements comme lors de la crise financière de 2008. Les cabinets, même dans la tempête, sont restés prudents et ont plutôt cherché à renforcer leur positionnement pour tirer leur épingle du jeu face à leurs concurrents.

Vous connaissez bien le marché du recrutement des professionnels du droit. Avez-vous vu les besoins de vos clients évoluer ?
Effectivement, les recrutements d’associés sont peut-être encore plus sensibles qu’auparavant. La crise sanitaire a pu fragiliser certains modèles ou révéler des comportements inadaptés au collectif. 
Les cabinets portent une attention particulière à la solidité financière du BP présenté par les candidats. À cela s’ajoute le besoin de solidarité entre les membres du partnership. Cela veut dire que des ­qualités humaines comme l’esprit d’équipe et de partage sont particulièrement recherchées. 

Selon vous, qu’est-ce qui vous distingue des autres cabinets de recrutement ? Quelles sont les valeurs auxquelles est attaché le cabinet ?
Nous accompagnons aussi bien des cabinets d’avocats français ou anglo-saxons lors de leur recherche de talents que des équipes d’avocats cherchant la maison qui conviendra davantage à leur développement. Notre valeur ajoutée réside donc dans ces deux activités distinctes des chasseurs de têtes et d’"agents". Cela nous permet de comprendre aux mieux les attentes des deux côtés et de percevoir ce qui n’est pas forcément exprimé. 

"Notre valeur ajoutée réside donc dans ces deux activités distinctes des chasseurs de têtes et d’agents."

Nous consacrons beaucoup d’énergie à l’accompagnement d’associés souhaitant développer leur activité afin d’identifier leurs besoins et de rechercher la structure idéale pour eux-mêmes et leurs collaborateurs. Pour cela, une très bonne connaissance du marché des cabinets est indispensable, des systèmes de rémunération aux modes de gouvernance en passant par les personnalités de chacun. 

Quelles sont vos ambitions pour les mois à venir ?
Nous souhaitons consolider notre positionnement de "boutique haut de gamme" et pour cela, nous avons fait le choix de nous tourner vers l’international. En effet, les cabinets anglo-saxons sont particulièrement dynamiques et nous avons besoin de percevoir leur stratégie de croissance de façon globale. C’est la raison pour laquelle nous avons débuté une collaboration étroite avec un cabinet  de chasseurs de têtes londonien qui nous ressemble, réunissant une dizaine de consultants exclusivement consacrés aux mouvements d’associés et ouvertures de bureaux à l’international. Grâce à cette proximité avec Londres, nous pouvons ainsi échanger avec les managing partners globaux sur leur stratégie d’expansion à Paris. Ce partenariat est utile aussi bien pour les cabinets britanniques que pour leurs homologues américains puisque Londres constitue souvent pour ces derniers la tête de pont européenne, pouvant orienter l’installation ou le développement en France.

Pouvez-vous illustrer cette stratégie de recrutement ?
Par exemple, grâce à notre partenaire à Londres, nous sommes en contact avec l’équipe dirigeante d’un cabinet ­anglo-saxon souhaitant s’installer à Paris. DHC est missionné pour identifier les talents qui viendront réaliser cette ouverture de bureau, qui devrait être annoncée d’ici l’été 2021.
À terme, si ce travail en commun porte ses fruits, nous pourrions pourquoi pas envisager un rapprochement plus poussé entre nos deux structures. Le marché français est très dynamique, les projets internationaux sont nombreux. Ce type d’alliance répond parfaitement aux besoins de nos clients et futurs clients. 

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