Après son introduction en Bourse, l’action de Deliveroo, malgré un prix fixé dans la partie basse de la fourchette, à 3,90 livres sterling par titre, a subi une chute de 26,3 %. Une perte de valorisation équivalente à 2 milliards de livres.

La nouvelle a fait l’effet d’un tremblement de terre sur le marché londonien. L’IPO, annoncée comme l’une des introductions en Bourse les plus importantes des dix dernières années au Royaume-Uni, a finalement viré à la catastrophe. Pour son tout premier jour de cotation, l’action de Deliveroo a dégringolé de 26,3 %, après un pic à - 30,5 %, terminant la séance à 2,87 livres.

Avec un prix d’action fixé, par prudence, dans la fourchette basse, à 3,90 livres sterling – contre 4,90 livres au plus haut –, la plateforme en ligne de livraison de repas affichait une valorisation à 7,6 milliards de livres. Dès le premier jour, le constat est sans appel et la société a d’ores et déjà perdu 2 milliards de livres de valorisation. 

Un modèle social contesté responsable de cette déroute

En dépit de la contre-performance subie par Deliveroo, celle-ci n’est pas une surprise. Déjà, la semaine précédant son introduction en Bourse, plusieurs sociétés de gestion telles qu’Aberdeen Standard Life, Aviva, Legal & General Investment Management et M & G, avaient émis des avis défavorables. Pointant du doigt le modèle économique ainsi que la structure du capital de l’entreprise, elles n’ont pas participé à l’opération. 

Le sujet de la gouvernance, aujourd’hui plus que jamais au cœur de la création de valeur, a lui aussi contribué au désintéressement notable des investisseurs professionnels. Son fondateur et dirigeant, Will Shu, afin de conserver le contrôle de Deliveroo, a opté pour un système de double classe d’actions. Cette manœuvre, pointée du doigt, aura contribué à faire perdre à sa participation près de 150 millions de livres en une séance.

Enfin, le "business model" du groupe est lui aussi remis en question. En cause, notamment, le statut de ses livreurs. Actuellement déclarés comme travailleurs indépendants, ces derniers pourraient obtenir le statut de salarié, comme c’est déjà le cas depuis la promulgation de la "loi Rider" en Espagne. Un changement de situation qui pourrait influer négativement les résultats de Deliveroo. 

Une entreprise non rentable malgré une situation favorable

La rentabilité du secteur de la livraison de repas ne fait pas de doute sur l’exercice 2020, stimulée par la fermeture des salles de restaurant et des règles de couvre-feu. L’an dernier, l’Ebtida de Deliveroo s’est même rapproché de l’équilibre, malgré tout en négatif de 9,6 millions de livres sterling contre 223,7 millions de livres en 2019. 

Proche de la rentabilité, la question de la réouverture des restaurants et d’un retour à une "vie normale", encore incertain mais toujours plus proche, laisse planer un doute quant aux capacités de la plateforme à maintenir ce rythme de croissance. À l’heure actuelle, le groupe fait face à une déconvenue de taille et devra apporter des garanties afin de rassurer les investisseurs et redresser le cours de son action. 

David Glaser

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