La semaine dernière, Bruno Le Maire annonçait en grande pompe que le déficit serait ramené à 2,9 % du PIB dès cette année, puis à 2,6 % en 2018. Pas de quoi rassurer Bruxelles qui estime que ces bons résultats sont davantage dus à une amélioration conjoncturelle qu'à un véritable effort structurel.

« Si la France veut être la locomotive de l'Europe, elle doit être sérieuse dans la gestion de ses finances publiques. C’est le meilleur moyen pour que ses propositions soient davantage entendues. » L’avertissement de Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, est clair : l'Hexagone ne peut pas continuer à vivre dans les promesses. Des propos qui viennent en réponse aux ambitions affichées lors de la campagne électorale par Emmanuel Macron qui comptait restaurer la « crédibilité de la France en Europe » en faisant preuve de sérieux dans ses finances publiques.

Un effort structurel toujours insuffisant

Le passé ne plaide pas pour l’actuel gouvernement. Depuis 2012, aucun budget n’a réussi à faire passer le déficit sous la barre symbolique des 3 % de son produit intérieur brut (PIB). La Commission européenne a donc fait preuve de souplesse dans sa lecture des traités depuis 2014. Mais l'attitude de la France agace. En Allemagne, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, milite pour retirer le pouvoir de contrôle des budgets nationaux et le confier à un organe technocratique indépendant.

Pour inverser la tendance, le nouveau Président peut compter sur le retour de la croissance qui devrait atteindre 1,7 % cette année. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a ainsi annoncé que le déficit devrait tomber à 2,9 % du PIB dès cette année et 2,6 % en 2018, contre 3 % et 2,7 % auparavant. Pour autant, l’effort structurel s'avère insuffisant. Pour 2018, il ne devrait s’élever qu’à 0,1 point du PIB, en dessous du seuil minimum de 0,5 imposé par l’Union européenne. Le gouvernement se défend en arguant que l'effort structurel est moindre du fait des baisses d'impôts consenties (pour dix milliards d'euros) qui amputent les recettes mais devraient avoir des effets bénéfiques sur la croissance potentielle. Le Haut conseil des finances publiques (HCFP) met de son côté en garde contre les « risques significatifs » sur la réalisation des économies prévues, dont une partie repose sur un effort des collectivités locales, par nature difficile à apprécier.

3 % en 2019

Autre zone d’ombre pour le gouvernement, le chevauchement de la dernière année du CICE et du dispositif de baisse de charges pérenne qui doit le remplacer en 2019. Jusqu'ici, l'exécutif espérait maintenir le déficit à 2,9 % du PIB, mais la nouvelle prévision serait désormais de 3 %. Une dégradation alors même que la dernière année du CICE a pourtant été revue à la baisse, avec un taux ramené de 7 % à 6 % de la masse salariale. Le gouvernement estime néanmoins que Bruxelles comprendra cette dérive temporaire provoquée par une mesure exceptionnelle. Pour faire preuve de sa bonne foi, Paris anticipe un déficit de 1,5 % du PIB en 2020.

Une nouvelle promesse qui ne rassure pas plus Bruxelles et qui rappelle que derrière l’objectif de réduction du déficit, il y a aussi et surtout celui de la réduction de la dette. Celle de la France a atteint près de 97 % du PIB, quand le pacte de stabilité fixe un ratio de 60 %. Autant dire, que la route est encore longue pour que la France et l’Allemagne dialoguent d’égal à égal en matière de finance publique.

Vincent Paes

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