Alors qu'on assiste à un début de rattrapage du nombre de défaillances d'entreprises au niveau mondial, et qu'en France un retour à la normale se fait attendre, quels sont les chiffres à retenir de l'année 2021 et que doit-on anticiper pour 2022 ?

Dans le monde, le début d’un rattrapage

2021 n’aura pas été l’année du rebond – pourtant attendu – des défaillances d’entreprises mais, d’après l’étude internationale réalisée par Euler Hermes sur le premier semestre 2021, le marché du restructuring et de la transformation devrait reprendre un rythme normal en 2022. Depuis deux années consécutives, les aides publiques versées dans le contexte sanitaire ont fait reculer le nombre de faillites dans le monde de 12 % en 2020 et, de 6 %, en estimation pour 2021. Avec l’arrêt progressif de ces mesures d’aides aux entreprises partout dans le monde, Euler Hermes prévoit une hausse de 15 % des défaillances en 2022 avec des disparités en fonction des continents.

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Dans le monde, on note un début de rattrapage du nombre de défaillances d’entreprises sur le deuxième trimestre 2021, lequel passe de -19 % à -2 %. Au global, la poursuite du faible niveau de défaillances d’entreprises et le rattrapage annoncé concernent la plupart des régions du monde. D’après l’étude Euler Hermes, il existe des zones d’exception où l’insolvabilité était déjà en croissance dès 2021, en particulier celles des économies émergentes en Afrique, en Europe de l’Est – Pologne (+ 32 %), Bulgarie + 13 % – et en Amérique du Sud. Des regains qui s’expliquent par un frein anticipé des mesures d’aides publiques aux entreprises, par la réouverture des tribunaux et par des fragilités de trésoreries, déjà existantes avant la pandémie. À l’inverse, lorsque ces mesures ont perduré, les défaillances se sont maintenues à la baisse. Ainsi, en Asie, l’Inde enregistre une chute de 62 % de son taux d’insolvabilité en raison du maintien de la fermeture des tribunaux.

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Fin des aides publiques, retour des défaillances ?

La pandémie aurait dû provoquer un choc économique tel qu’il en aurait résulté une augmentation de 40 % du nombre de défaillances d’entreprises. Or, en 2020, le taux de défaillances a baissé de 12 %. Les interventions massives des pouvoirs publics dans l’économie ont donc permis de limiter de plus de 35 % le nombre de défaillances. Ces mesures devraient prendre fin entre 2021 et 2024, en conséquence plusieurs pays pourraient voir une résurgence des problématiques d’insolvabilité.

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En Europe, où les mesures de soutien à l ’économie sont maintenues sur une plus longue période, la solidité des entreprises face à leur suspension dépendra de leur consommation de trésorerie. Une érosion plus importante de ces réserves en Espagne et en Italie (voir ci-dessous) est constatée, où dès 2021 leurs situations sont plus précaires qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas, laissant présager de grandes disparités dans le volume de défaillances à venir.

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En France : le calme avant la tempête ?

Alors que les économistes anticipaient un retour à la normale en 2021, la France ne fait pas exception à la tendance mondiale et voit le nombre de procédures décroître comme l’illustre le rapport Altares sur les défaillances d’entreprises, qui dresse le bilan de l’année 2021. Entre 2020 et 2021, le nombre de défaillances a diminué de 12 % passant de 32 184 à 28 371 entreprises. Une tendance que tous les secteurs de l’économie ne reflètent pas par rapport à 2020. En 2021, l’agriculture et la construction ont vu repartir le nombre de défaillances d’entreprises à la hausse. L’évolution des prix des matières premières et les ruptures des chaînes d’approvisionnement mondiales ont affecté ces deux secteurs déjà en difficulté avant la pandémie.

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Entre 2020 et 2021 le nombre de défaillances d'entreprises a reculé de - 12 %.

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Pas de vague de faillites à l’horizon

La pandémie aura entraîné un dérèglement durable de l’économie impactant le rythme mais aussi les modalités des défaillances. En 2021, cette baisse est moins spectaculaire que celle enregistrée en 2020 en raison du maintien des mesures de soutien. Ainsi, les fonds de solidarité, les prêts garantis par l’État ou encore les reports et exonérations de cotisations sociales, ciblés sur les secteurs encore pénalisés, notamment la restauration ou l’hôtellerie, ne laissent présager aucune vague de faillites à court terme, le nombre de défaillances d’entreprises s’étant maintenu à un niveau historiquement bas en France une année de plus.

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Les procédures de redressement judiciaire ont enregistré le recul le plus significatif sur les deux dernières années en raison de l’incertitude économique due à la pandémie. Les plans de redressement sont devenus moins attractifs pour les dirigeants qui ont privilégié les solutions amiables (mandats ad hoc et conciliations) en hausse de 36 % entre 2020 et 2021 et de 26 % entre 2019 et 2021 d’après les chiffres du Conseil national des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires (CNAJMJ).

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Les mesures d’aides publiques expliquent aussi l’engouement pour les procédures amiables car les liquidités apportées ont laissé le temps nécessaire aux entreprises pour envisager un règlement amiable. Quant aux liquidations judiciaires, qui ont moins reculé que les autres procédures (-6 % entre 2020 et 2021), elles illustrent le fait que les mesures d’aides publiques n’ont pas empêché les défaillances d’entreprises déjà en difficulté avant la pandémie.

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Céline Toni

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