Le modèle économique des cabinets de conseil en gestion de patrimoine peut-il les protéger de la crise ? David Charlet, président de l’Anacofi estime que le métier a été moins violemment touché que des secteurs comme ceux de la restauration ou du tourisme, mais que des défaillances seront tout de même possibles.

Décideurs. Vous avez été réélu à la tête de l’Anacofi en mai dernier. Quelle est votre feuille de route pour l’association ?

David Charlet. En interne, nous avons la volonté de moderniser nos outils techniques et digitaux. Même si ces derniers ont prouvé leur efficacité durant le confinement, nous souhaitons encore les améliorer. Le projet de corégulation du courtage et la fusion des Anacofi IOBSP et Assurances, qui formeront en 2021 l’Anacofi Courtage, nous amèneront également à faire évoluer notre association. En parallèle, notre secrétaire général, Patrice Géraudie, après plus de dix ans au poste de Secrétaire Général Confédéral de l'Anacofi/L'Anacofi-Cif, a opté, en Mars 2020, de profiter de ses droits à la retraite. Celui-ci a validé avec satisfaction la nomination de son successeur Monsieur Nebosja Screkovic qui aura pour but d’accompagner et préparer la prochaine génération de dirigeants.

Concernant nos relations extérieures, toutes nos équipes sont mobilisées pour permettre à chacun de nos membres de trouver auprès de l’Anacofi les informations dont il a besoin, au format souhaité.

Comme durant le confinement, nous souhaitons pouvoir aider nos membres au quotidien.

Enfin, nous allons poursuivre notre action pour faire connaître le métier et l’installer auprès des institutions, y compris à l’international.

Comment vos CGP membres ont-ils traversé cette période mouvementée ? Faut-il anticiper certaines difficultés pour les cabinets de CGP ?

Si nos métiers ont été moins violemment touchés par la crise, le chapitre qui s’est ouvert est cependant unique, par sa virulence et son ampleur. On ne peut pas imaginer que nos entreprises ne soient pas impactées. Le chiffre d’affaires qui n’a pas été réalisé ne se rattrapera pas totalement. Heureusement, l’activité des cabinets est diversifiée. Les CGP ont d’ailleurs redécouvert durant le confinement des outils technologiques en leur possession mais qu’ils n'avaient pas pris l’habitude d’utiliser. Les cabinets affichent désormais un taux de digitalisation proche de 80 %. Des questions subsistent encore sur les véritables conséquences de la crise. Dans notre univers, on constate en effet un décalage de trois à six mois entre la survenance d’une crise et les incidences sur la rémunération des cabinets. La perception et la compréhension des difficultés sont donc devant nous. Des défaillances seront, à mon sens, possibles. Nous réaliserons une enquête en septembre pour y voir plus clair.

"On constate un décalage de trois à six mois entre la survenance d’une crise et les incidences sur la rémunération des cabinets de CGP" 

Les banques ont-elles eu des difficultés à s’organiser pour accompagner les épargnants dans la gestion de leur patrimoine ? Les CGP en ont-ils profité pour faire valoir leur différence ?

Toutes les remontées de terrain en attestent. Certains réseaux bancaires ont fermé jusqu’à 75 % de leurs agences et ont mis une partie de leurs salariés en chômage partiel. Pendant ce temps-là, les CGP ont en très grande partie placé leurs salariés en télétravail et ainsi pu assurer le suivi de leurs clients. La profession a montré sa réactivité. Cela démontre qu’en période de crise, un grand industriel sera toujours moins agile qu’un artisan.

L’Anacofi a présenté au gouvernement un plan de relance avec une trentaine de propositions. Vous souhaitez notamment favoriser les donations intergénérationnelles. La députée LREM Olivia Grégoire a d’ailleurs fait adopter un amendement en ce sens dans le cadre du troisième projet de loi de finances rectificative. Que doit apporter cette mesure ?

Nous portions cette proposition depuis plusieurs années. Nous sommes ravis qu’elle ait reçu un accueil favorable. L’idée est d’inciter les Français à investir davantage dans les petites et moyennes entreprises. Aujourd’hui, les personnes bénéficiant d'une succession le sont à un âge où elles n’ont plus envie de prendre des risques économiques, à utiliser cet argent pour créer ou développer une entreprise. Anticiper la transmission en favorisant les donations est l’une des réponses à cette problématique. On estime que le taux d’acceptation du risque des bénéficiaires d’une donation est trois fois supérieur à ceux de la succession. Nous avons ainsi plus de chances que ces bénéficiaires aillent au combat pour l’économie.

Quelles sont les conditions à remplir pour en bénéficier ?

Concrètement, le texte voté dispose que les sommes inférieures ou égales à 100 000 euros pourront être données en franchise d’impôt, à condition qu’elles soient affectées à la création ou au développement d’une entreprise de moins de 50 salariés. Nous allons faire des propositions complémentaires dans les jours à venir, afin d’améliorer encore l’effet positif de ce texte. 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurélien)

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