Afin d’étudier les déplacements de population au cours de cette crise sanitaire, et donc de mieux comprendre comment se propage le virus mortel, Orange a signé un accord pour fournir à plusieurs organismes les données de ses utilisateurs mobiles. Un groupe de chercheurs devrait livrer leurs conclusions d’ici quelques semaines.

Les acteurs de la santé cherchent tous les moyens possibles pour réagir au mieux face à la crise que nous traversons. C’est pourquoi l’opérateur Orange a été sollicité par l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), le Samu et l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) pour fournir les données de ses utilisateurs mobiles. Cet échange de données a permis d’estimer à un million le nombre de personnes qui ont quitté le Grand Paris suite à la mise en place du confinement sur le territoire, le 17 mars dernier. Au total, environ 17 % des Franciliens ont donc migré contre 15 % des Lillois et 13 % des Toulousains, d’après un sondage de la Fondation Jean Jaurès. 

Analyser les comportements et modéliser la propagation de l’épidémie

Pour l’équipe de recherche de l’Inserm pilotée par Vittoria Colizza, la fourniture de ces données a différents buts. Dans un premier temps, les chercheurs vont analyser la mobilité avant et après le confinement. Ils s’intéresseront notamment aux changements dans la mobilité des personnes, apparus avant même la mise en place du confinement. L’objectif est de mieux appréhender comment les comportements évoluent naturellement en fonction des règles instaurées pour lutter contre l’épidémie.

Dans un second temps, les données seront intégrées dans des modèles de diffusion de la pandémie développés par l’équipe afin de mieux prévoir la propagation du virus en tenant compte de la mobilité des personnes. Il s’agit aussi d’identifier les régions à risque, celles pouvant devenir un foyer épidémique, et de modéliser l’impact sur le système sanitaire. Ces informations peuvent s’avérer utiles pour conseiller les décideurs publics afin d’allouer au mieux les ressources de santé sur le territoire. De même, cette étude pourrait servir si une nouvelle crise sanitaire venait à se produire.  

Mieux appréhender comment les comportements évoluent naturellement en fonction des règles instaurées pour lutter contre l’épidémie.

Orange fournit à l’Institut des données anonymisées. Néanmoins, elles sont récoltées par tranche d’âge. Ce paramètre est à prendre en compte en raison des différences de taux de létalité du virus selon l’âge du patient.

Des résultats connus dans quelques semaines

L’organisme a tenu à rassurer : « Il ne s’agira en aucun cas d’étudier les données personnelles de chaque individu ou de retracer les déplacements au niveau individuel », contrairement à ce qui a pu être réalisé en Chine ou à Singapour. L’équipe se bornera à une approche statistique. Concrètement, elle peut connaître chaque jour combien de voyages ont lieu entre un arrondissement de Paris et un canton sur la côte basque.

Compte tenu du contexte, les premiers résultats seront connus dans les prochaines semaines bien que de tels travaux prennent, habituellement, plusieurs mois. Ils pourront être affinés par la suite. Il n’y a pas qu’en France que de telles initiatives voient le jour. Huit grands opérateurs télécoms ont accepté de partager leurs données de géolocalisation de mobiles avec la Commission européenne. Toujours dans le but d’enrayer la propagation du virus.

Victor Noiret

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