56 milliards d’euros. C’est le montant que les entreprises du CAC 40 ont distribué en 2016 à leurs actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Un record depuis la crise financière de 2007 où ces émoluments avaient atteint la somme de 57,1 milliards d’euros. Parmi les entreprises les plus généreuses, on retrouve la société pharmaceutique Sanofi avec 6,7 milliards d’euros, le pétrolier Total (5,9 milliards) et le groupe de médias Vivendi (5,6 milliards). À eux trois, ils représentent 33 % des dividendes versés. Et au vu de l’augmentation de 11 % des profits au premier trimestre, les sommes redistribuées par le CAC 40 au titre de 2016 devraient encore progresser.

Une pratique dangereuse

 

Qui sont ces actionnaires qui ont touché le jackpot?? Quelles sont leurs relations avec les entreprises?? Interfèrent-ils dans leur gouvernance au point de s’adjuger tout le trésor de guerre?? Notre dossier dédié aux grands actionnaires répond à ces questions et remet en cause bien des idées reçues. Non, les fonds souverains étrangers n’ont pas pris le contrôle de nos sociétés et non, les actionnaires ne dictent pas leur loi aux dirigeants. Le rapport de force est bien plus subtil. Il arrive même que les actionnaires prennent la défense de leur entreprise en demandant explicitement aux dirigeants de réduire les dividendes.

 

C’est par exemple le cas de Larry Fink, président de BlackRock, qui, dans une lettre adressée à l’ensemble des dirigeants de ses sociétés en portefeuille, écrit?: «?Bien que nous appuyions effectivement le retour de capital excédentaire aux actionnaires, nous croyons que les entreprises doivent équilibrer ces pratiques avec les investissements qui assureront la croissance future.?» Le monde à l’envers?? Non, simplement l’alignement des intérêts. Car si à court terme cette stratégie attire les investisseurs, elle est dangereuse à plus long terme en remettant en cause le développement des entreprises. En 2016, l’argent versé aux actionnaires a atteint 80?% des bénéfices nets, contre seulement 27?% au milieu des années 1990. Autant d’argent qui ne sera pas réinvesti dans le financement de la croissance (et les dividendes) de demain.

 

Vincent Paes

 

Dossier réalisé par Quentin Lepoutre, Vincent Paes et Camille Prigent.

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