Le patron déchu fait appel à une star du barreau pour internationaliser l’affaire et prouver son innocence. Quitte à s’en prendre à l’État japonais.

Depuis son arrestation sur le tarmac de l’aéroport de Tokyo le 19 novembre 2018, Carlos Ghosn est détenu dans la prison de Kosuge. Placé en garde à vue puis mis en examen pour avoir minoré ses déclarations de revenu, le patron de l’Alliance Renault-Nissan doit faire face à une triste réalité. Au Japon, le taux de condamnation des mis en examen dépasse les 90%.

Pour déjouer les statistiques, Carlos Ghosn a dès le début fait appel à Motonari Otsuru. Cet avocat, ancien procureur a dirigé le bureau d’enquêtes spéciales, un service dédié à la délinquance en col blanc. Il connaît donc très bien les procédures et les institutions qui examinent le dossier du businessman. Sa technique est simple : négocier directement avec les autorités sans faire de vagues. Et jusqu’à présent sans résultat. Toutes les demandes de libération sous caution ont pour le moment été rejetées.

Peu à peu, des divergences sont apparues avec Carlos Ghosn partisan d’une autre méthode : dénoncer publiquement son sort et en appeler à l’opinion publique. Ainsi, dans un entretien accordé au journal Les Echos et à l’AFP, le 31 janvier, le patron déchu déplorait que l’on lui « refuse une libération sous caution. Cela n’arriverait dans aucune démocratie du monde ». Une déclaration ruinant la stratégie de défense de Motonari Otsuru.

« L’artiste des acquittements »

Celui-ci a déclaré mercredi après-midi qu’il n’était plus en mesure de défendre Carlos Ghosn. Celui-ci a immédiatement fait appel à un nouvel avocat ; une figure bien connue dans l’archipel nippon. Son nom ? Junichiro Hironaka. Surnommé par la presse « l’artiste des acquittements », il a notamment défendu avec succès en 2003 l’homme d’affaires Kazuyoshi Miura, accusé d’avoir fait assassiner sa femme ou encore l’homme politique Ichiro Ozawa en 2011. Junichiro Hironaka a également représenté des villageois qui ont tout perdu après l’accident nucléaire de Fukushima en mars 2011.

Ce changement d’avocat va probablement marquer un tournant dans le procès. Il est probable que la nouvelle stratégie de défense mette plus en avant la théorie du complot et l’attitude d’Hiroto Saikawa dauphin de Carlos Ghosn qui serait à l’origine des accusations.

Lucas Jakubowicz

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