Le leader mondial du conseil et des services informatiques, Capgemini, frappe un grand coup avec l’acquisition d’Altran, le champion de la R&D externalisée pour 5 milliards d’euros.

Le M&A français est loin d’être flamboyant cette année. Selon Refinitif, le volume des opérations de fusions-acquisitions a même régressé de 31 % depuis janvier pour connaître son niveau le plus bas depuis 2016 (75 Md$). Au cours de ces derniers mois poussifs, quelques deals sont toutefois sortis du lot. Par son montant et par son importance stratégique, la future acquisition d’Altran par Capgemini se trouve sans doute dans cette catégorie. Le nouveau groupe, qui sera issu de cette opération à cinq milliards d’euros, emploiera plus de 250 000 collaborateurs et enregistrera un chiffre d’affaires de 17 milliards d’euros.

Accord unanime

À des années-lumière des tergiversations qui ont précédé le mariage (avorté) entre Renault et FCA, les conseils d’administrations des deux sociétés ont approuvé, à l’unanimité, l’accord portant sur une OPA amicale lancée par Capgemini au prix de 14 euros par action. Pour les actionnaires d’Altran, ce montant représente une prime de 33% sur la moyenne du cours des trois derniers mois. Sa valorisation représente 12 fois son Ebit. Sous réserve de l’approbation de l’Autorité de la concurrence, le closing devrait intervenir fin 2019. En outre, un groupe d’actionnaires mené par le fonds Apax Partners a d’ores et déjà cédé un bloc de 11 % du capital à Capgemini.

Rapprochement stratégique

Dans un secteur où les donneurs d’ordres, à savoir les très grandes entreprises industrielles, se retrouvent face à un panorama très éclaté de petits acteurs, Altran se distingue avec ses 2,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018 et ses 47 000 employés dans plus de 30 pays. Cependant, pour répondre aux attentes toujours plus pointues des grandes entreprises, la taille du groupe - à condition que les économies d’échelle et les synergies soient bien présentes - devient un enjeu majeur. Cyril Perard, managing director de Perella Weinberg, conseil financier d’Altran sur l’opération, précise : « Cette acquisition résulte d’une convergence croissante et récente entre le monde de l’IT et celui de la R&D. Avec une industrie de la R&D qui n’est pas encore arrivée à maturité, la combinaison avec un géant de l’informatique constitue un tournant stratégique. En tant que leader mondial du secteur, il n’est pas étonnant qu’Altran soit la première entreprise à franchir le pas. »

Synergies en vue

Le rapprochement entre le leader mondial du conseil, des services informatiques et de la transformation digitale et le champion des services d’ingénierie et de R&D pourrait réaliser des synergies de coûts et de modèles opérationnels de 70 à 100 millions d’euros en trois ans ainsi qu’une relution du résultat normalisé par action dépassant les 25 %. Paul Hermelin, PDG de Capgemini précise : « Ce projet de rapprochement de deux grands acteurs mondiaux permettra à Capgemini de prendre un leadership sur le segment très prometteur de la transformation digitale des entreprises industrielles, que nous appelons « Intelligent Industry ». La complémentarité et la puissance de nos expertises métiers et technologiques combinées constituent des atouts majeurs. Ainsi renforcé, le groupe se positionne résolument comme le partenaire stratégique de ses clients, à même de leur permettre de tirer tous les bénéfices du déploiement du cloud, de l’Iot, de l’Edge computing, de l’intelligence et de la 5G. »

Sandy Andrianabiby

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