Cyril Courjaret a pris en 2020 la direction Afrique, Moyen-Orient et Asie centrale du groupe Suez. Dans cette période charnière pour l’histoire du groupe, il revient sur ses premiers mois dans ses nouvelles fonctions et décrypte les défis d’un continent appelé à devenir central dans le nouveau périmètre de Suez. Entretien.

Décideurs. Quelles sont les spécificités du marché africain au regard des métiers de Suez ?

Cyril Courjaret. Le point clé, avec des conséquences multiples en aval, c’est la croissance démographique du continent. Elle nous engage dans une forme de course contre la montre pour proposer des solutions à la fois plus rapides et pérennes. Les nouveaux outils numériques nous sont d’une grande aide pour relever ce défi. Le continent est également en plein développement économique. Nous le constatons très bien à travers l’évolution de nos projets, essentiellement sur des problématiques d’eau potable depuis cinquante ans, puis d’assainissement au tournant du siècle. Ils sont aujourd’hui très centrés sur la préservation de la ressource et la réutilisation des eaux. Même constat sur nos activités déchets où l’on observe clairement une évolution des marchés vers des problématiques environnementales, dont l’impact de leur traitement sur le changement climatique. C’est passionnant et cela nous pousse à trouver des solutions toujours plus innovantes.

Pouvez-vous nous parler de certains de ces projets ?

En Tunisie, nous finalisons la mise au point d’un contrat d’assainissement dans le sud du pays qui optimisera l’exploitation des réseaux et des usines dans un souci de protection de l’environnement. Au Sénégal, nous travaillons sur un projet de station d’épuration dans le cadre d’un programme dont l’objectif ambitieux des autorités est de rendre son lustre à la magnifique baie de Hann. Au Maroc, nous sommes également sur le point de finaliser un contrat green landfill qui combinera enfouissement de déchets et génération d’énergie à partir du biogaz. Enfin, nous déployons actuellement avec le gouvernement ivoirien 40 unités compactes de production d’eau potable, d’une capacité totale de 92 000 mètres cubes d'eau par jour. Ce projet me tient à cœur car il répond concrètement aux besoins d’accès à l’eau des villes secondaires, quand l’essentiel des projets allaient historiquement aux capitales. C’est par ailleurs un outil que nous pouvons installer rapidement, partout, à budget maîtrisé. À ce titre, il illustre bien l’une des manières dont Suez relève concrètement les défis de l’Objectif développement durable du millénaire (ODD6).

"L’Afrique représente près de la moitié des activités internationales du nouveau groupe"

Quelles sont vos priorités dans les mois qui viennent ?

Malheureusement la pandémie n’a pas facilité ma mission première: aller sur le terrain. J’espère pouvoir le faire davantage dans les mois qui viennent. Nous voulons bien entendu continuer à travailler sur nos cœurs de métiers, en mettant l’accent sur des projets comme les green landfills ou les services eau. Le numérique est aussi un aspect que nous voulons continuer à développer. Les attentes sont fortes du côté des gouvernements pour ces solutions, que ce soit sur la partie technique – pour repérer les fuites d’eau ou surveiller en temps réel les réseaux – ou sur la partie commerciale avec le paiement digitalisé des factures d’eau, le suivi des consommations en ligne… Cela permet aussi de prioriser les actions de nos clients pour les aider à investir au bon moment et au bon endroit.

L’Afrique, une terre d’avenir pour Suez ?

Depuis la construction d’une première usine de production d’eau potable en Égypte en  1948, Suez a bâti plus de 500 usines pour environ 90 % de ses capitales. Aujourd’hui l’Afrique représente près de la moitié des activités internationales du nouveau groupe. Cela en fait une partie intégrante de l’ADN de l’entreprise, avec des équipes et des projets à son image, dans un continent dynamique qui présente des belles opportunités de développement.

Propos recueillis par Antoine Morlighem

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