L’industriel pharmaceutique libanais Benta Pharma débarque sur la scène française grâce à l’acquisition d’un site de production lyonnais. Bernard Tannoury, son PDG depuis 2004, revient sur les raisons et les enjeux de la reprise du laboratoire Famar Lyon, qui recherchait un repreneur depuis plusieurs mois.

Décideurs. La société Famar près de Lyon était en redressement judiciaire depuis juin 2019. Votre offre de reprise a été choisie avec un programme d’investissements de 42 millions d’euros. Comment cela s’est-il passé ?  

Bernard Tannoury. Comme nous cherchions à investir en France depuis quelque temps, l’agence Business France nous l’a fortement recommandée. Celle-ci était déjà venue plusieurs fois vers nous, au Liban et à Dubaï avant de nous proposer cette reprise, parmi d’autres sites. Après l’avoir visité, nous avons fait une offre aux dirigeants. À la fin, il n’y avait plus que trois offres en lice au tribunal. La nôtre, une d’un ancien cadre de l’établissement et la dernière d’un expert de la reprise à la barre. Un mois plus tard, nous avions repris le redressement, en tant que seul industriel du secteur.  

Quelles opportunités peuvent-vous apporter ce site ? Avez-vous rencontré des difficultés ?  

Tout d’abord, l’usine a un réel potentiel. Mieux accompagnée, l’activité de Famar Lyon pourrait être relancée et transformée en une véritable réussite de site industriel. Aussi, les clients représentent un atout. Actuellement, il est possible de leur prodiguer une bien meilleure qualité de services et de nouveaux produits. Enfin, cela nous permet de nous implanter en France et de détenir une entité de production française. Le made in France se trouve très valorisé dans notre région d’origine.  

  • "L’activité de Famar Lyon pourrait être relancée en une véritable réussite de site industriel" 

En revanche, il y a beaucoup de problématiques que nous n’avions pas observées avant de reprendre cette société, telles que l’IT ou encore l’angle social. Néanmoins, ce sont des points qui peuvent se présenter dans n’importe quel projet de reprise d’entreprise en difficulté. D’autant que, plus le risque est élevé, plus les opportunités le sont aussi.  

Au cours de cette opération, quelles seront vos missions en tant que PDG ?   

Aujourd’hui, ma mission est de tout faire sur le site français. Auparavant, sa gérance s’exerçait par la holding. La maison-mère s’occupait de toutes les usines d’une manière centralisée. Mais la structure actuelle n’est pas suffisante pour fonctionner seule. Ainsi, de nombreux postes administratifs doivent être créés pour soutenir la production. Cela nécessite d’être sur place pour aider, soutenir et restructurer. Trouver le site a déjà été une belle occasion. Toutefois, pour que cette opportunité aboutisse, il faut une transformation majeure de l’établissement de fabrication actuel en un site industriel opérationnel de société pharmaceutique.  

Benta se déploie aujourd’hui dans plus de 40 pays et avec plus de 700 employés. À quoi tient votre succès à l’étranger ? Quelle est votre tactique ?   

Au début, nous n’étions qu’une entreprise libanaise. Puis, nous avons étendu nos activités au Caire, en Irak, aux Émirats et dans les pays africains. Là-bas, nous connaissons très bien les parties financière, légale et sociale des sociétés. Elles restent plus faciles et plus souples que celle que j’apprends actuellement en France. Maintenant, la stratégie consiste, avec l’acquisition du site français, à valoriser les perspectives d’évolution à l’international. Nous allons maintenant nous concentrer sur un pays industriel de référence que la France représente. 

"La stratégie consiste, avec l’acquisition du site français, à valoriser les perspectives d’évolution à l’international "

Le secteur pharmaceutique a plutôt bien résisté à la crise sanitaire. Désormais, quels sont vos prochains objectifs ?  

Avec la crise sanitaire, les regards se sont tournés vers l’industrie pharmaceutique . Tout le monde souhaite la financer, même les États. C’est donc une opportunité pour nous. En outre, nous représentons un groupe différent car nous ne nous concentrons pas que sur la recherche. Notre cœur de métier se porte sur la fabrication de génériques mais nous faisons aussi du développement pharmaceutique ou encore des recherches dans différents domaines thérapeutiques, tels que le diabète, l’hémophilie et l’infection. Actuellement, de nombreux produits novateurs sont en cours de développement, d’où l’intérêt d’investir dans la pharmacie plutôt qu’ailleurs. Surtout, les investisseurs nous font confiance dans ce climat d’épidémie mondiale.  

Propos recueillis par Agathe Giraud 

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