A la fois exploitant d’infrastructures énergétiques et fournisseur de services, Idex a vu certaines de ses activités fortement impactées par la crise sanitaire. Benjamin Frémaux, récemment nommé directeur général, nous explique comment les équipes se sont mises en ordre de marche.

Comment la crise sanitaire a-t-elle affecté vos différents métiers ?

Nous couvrons des champs d'activités assez variés, puisque nous sommes à la fois constructeurs et exploitants d’infrastructures énergétiques, ainsi que fournisseurs de services énergétiques pour le compte de clients publics et privés. La crise nous a donc touché de manière assez disparate. Les activités vitales pour l’économie française sont celles qui ont le mieux résisté à la crise : c’est le cas pour nos infrastructures, puisque tous nos réseaux de chaleur et de froid, ainsi que nos unités de valorisation d’énergie ont continué à fonctionner, bien que certaines installations aient dû fonctionner en mode dégradé. Les services ont en revanche été bien plus impactés : toutes nos activités de travaux ont été mises à l’arrêt tandis que les interventions dans les logements ont dû être limitées aux opérations urgentes, l’activité dans ce secteur ne se maintenant qu’à hauteur de 10 %. Paradoxalement, nous avons également connu des pics d’activité dans certains secteurs, notamment pour les hôpitaux, le secteur de la santé représentant environ 10 % de notre chiffre d’affaires dans le secteur de la santé. Ce surcroit d’activité ne compense évidemment pas la chute globale de l’activité.

Dos au mur, l’organisation s’adapte en un temps record

Quel plan avez-vous mis en place ?

Très honnêtement, nous avons pris cette crise de plein fouet et de manière assez peu anticipée. Nous avons mis en place une cellule de crise la semaine des annonces gouvernementales, afin de mettre tous ceux qui pouvaient l’être en télétravail. C’est intéressant de constater que dos au mur, l’organisation s’adapte en un temps record. Cette cellule de crise continue à se réunir tous les matins, afin de s’occuper de la mise en sécurité du personnel sur le terrain et de la gestion des EPI. En tant que gros consommateurs de masques FFP2 dans notre activité, nous disposions d’un stock qui a été saisi, nous avons donc dû le reconstituer en urgence via nos propres circuits d’approvisionnement.

Comment vos équipes vivent-elles cette crise ?

Plusieurs de nos salariés ont été atteints, à la fois dans les fonctions de siège et dans les fonctions opérationnelles. Certaines personnes étant toujours à l’hôpital et dans le coma, nous suivons l’évolution de leur santé avec une attention particulière. Pour les équipes sur le terrain, les situations sont très disparates puisque les techniciens itinérants continuent leur métier, presque comme si de rien n’était, en gérant la maintenance des chaufferies dont ils ont la charge. Ceux postés en CHU ont en revanche l’angoisse du travail dans un milieu contaminé, puisque certains ont été amenés à intervenir en « zones Covid ». Les équipes dédiées au logement ressentent également ce risque. C’est la difficulté de gérer une crise comme celle-là dans une société comme la nôtre : malgré un nombre de salariés relativement restreint par rapport aux grands groupes, nous avons une multitude de situation à gérer. Il a fallu opérer au cas par cas, avec une communication managériale plus forte qu’en temps normal. Cela a eu le mérite de rapprocher les équipes de direction du reste des salariés : paradoxalement, le confinement s’est avéré être un vecteur de cohésion sous-estimé.

Nos activités d’infrastructures renouvelables devraient avoir le vent en poupe

Comment cela impactera votre stratégie et vos métiers à plus long terme ?

Nous identifions, pour l’instant, deux impacts positifs de court et moyen terme. A très court terme, le sujet qui préoccupe en ce moment nos clients est celui de la qualité de l’air intérieur, qui est aussi l’un de nos métiers. Avec le Green Deal européen, nos activités d’infrastructures renouvelables devraient avoir le vent en poupe, notamment en matière de chaleur, un secteur peu décarbonné en France… Mais paradoxalement, nous sommes très inquiets des prix de l’énergie en chute libre. Plus globalement, le ralentissement de l’activité économique nous expose également, puisque chaque site tertiaire ou industriel qui ferme est un client potentiel en moins.

Quelle incidence sur le combat climatique ?

En l’absence de vraie taxe carbone, les prix des énergies fossiles sont à des niveaux historiquement bas, alors que la perte de recettes fiscales par les États compliquera la construction de nouvelles infrastructures. La transition énergétique ne peut pas fonctionner sans volonté politique. Il va donc falloir gérer collectivement cet énorme paradoxe, à savoir qu’il y a à la fois une très grande prise de conscience de notre vulnérabilité au changement climatique et en même temps des signaux économiques totalement contradictoires.

Propos recueillis par Boris Beltran

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