Benoît Tiers, directeur général d’e.SNCF, dirige les activités numériques, au sens large, au sein du groupe SNCF. Cette entité créée en 2016 a pour mission d’accompagner la transformation numérique de l’opérateur ferroviaire dans toutes ses activités, du terrain à la direction. Le budget d’investissement d’e.SNCF représente 900 millions d’euros sur trois ans.

Décideurs. Vous pilotez la transformation digitale de la SNCF depuis 2016 après être intervenu dans le nucléaire, la pharmacie ou encore le transport maritime. Quelle était votre feuille de route ?

Benoît Tiers. Notre feuille de route pour la transformation numérique du groupe est établie autour de quatre grands piliers. Le premier concerne le client, qu’il s’agisse du voyageur, de l’entreprise ferroviaire, du chargeur ou encore du transitaire car, sur les 30 milliards de chiffre d’affaires annuel, la SNCF en réalise un tiers à l’international sur les activités de transport de voyageurs mais aussi de marchandises. Le deuxième pilier intéresse les collaborateurs pour qu’ils nous aident à inventer le futur du groupe. Le troisième pilier concerne notre performance économique et industrielle et le numérique nous aidera pour y parvenir. Le quatrième et dernier pilier est transverse aux trois premiers, il consiste à voir comment le digital peut nous aider à améliorer la sécurité des opérations de l’entreprise. Nous veillons également à ce que le numérique ne fasse pas naître de nouveaux risques.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Le digital est dans l’ADN de la SNCF depuis longtemps car le groupe a été précurseur dans certains domaines, notamment avec l’e-commerce. Nous avions en effet lancé des offres TGV ouvertes uniquement sur le canal de vente numérique ainsi que des applications disparues aujourd’hui car nous les avons reconcentrées. Lorsqu’on transforme une entreprise âgée de 80 ans, le principal facteur de succès est de placer l’humain au centre. C’est primordial. Ensuite l’enjeu repose sur le positionnement du numérique pour que celui-ci serve à la fois la stratégie de l’entreprise mais aussi pour qu’il en décuple les effets tant en interne qu’en externe car il est un vrai vecteur de performance.

Au vu du nombre très important de collaborateurs – 250 000 sur la totalité du groupe SNCF – il faut accompagner cette transformation digitale car elle va changer les métiers en profondeur. Aujourd’hui, nous utilisons le réseau social d’entreprise [RSE, ndlr] Yammer et comptons près de 42 000 utilisateurs actifs en France.

Le défi tient à ce que les métiers s’approprient le numérique avec notre appui et notre garantie de cohérence. ­Aujourd’hui, les 130 000 collaborateurs de l’activité ferroviaire ont été équipés de smartphones ou de tablettes, des outils qui leur permettent d’exécuter leurs missions en mobilité et qui facilitent l’acculturation au numérique. Nous sommes allés plus loin encore avec notre réseau des « 574 » [en référence au record de vitesse du TGV, ndlr] ; ces maisons du digital ancrent la transformation numérique dans les territoires.

"Le digital est dans l’ADN de la SNCF depuis longtemps car le groupe a été précurseur dans certains domaines, notamment avec l’e-commerce "

Internet des objets (ioT), intelligence artificielle (IA), quelle est votre posture face à ces gros chantiers ?

Nous réalisons beaucoup de POC [prouf of concept, ndlr] dans le but, soit de tester − quitte à les stopper − soit de les transformer en réalisations concrètes en les intégrant dans les processus de l’entreprise. C’est le cas de la mesure de la température des rails (le « coupon connecté ») puisque, au-­delà de 40° degrés Celsius, nous sommes contraints de ralentir les trains. ­Aujourd’hui, grâce à la mise en place d’une plateforme ioT, nous parvenons à télémesurer les hausses de température pour n’abaisser la vitesse que sur le segment affecté.

Autre gros sujet pour nous : la maintenance prédictive. Des IPad sont désormais utilisés dans nos 17 000 trains en circulation chaque jour afin de mesurer la vibration des rails et ainsi pouvoir transmettre aux mainteneurs les lieux sur lesquels il conviendrait d’intervenir. L’objectif est de passer d’une maintenance curative à une maintenance prédictive.

Avez-vous des difficultés à attirer les talents digitaux ?

Contre toute attente, nous nous apercevons qu’il y a une concordance entre la génération Z et le profil du cheminot car ce dernier a vraiment à cœur de remplir une mission porteuse de sens pour la société, or c’est également le cas des jeunes issus de la génération Z. ­Résultat ? Le groupe SNCF reste attractif même pour des profils pointus tels que les data scientists qui peuvent exercer leurs talents sur des boîtes noires de train.

Pour favoriser la formation en interne nous avons créé une école du numérique et nous essayons de faire monter en compétences nos collaborateurs sur ces nouveaux métiers. Devenir data scientist à 55 ans lorsque l’on vient du contrôle de gestion, c’est possible à la SNCF ! Si les métiers changent, nous pouvons aussi aider les métiers à ­changer. L’école du numérique a été créée aussi pour limiter les freins et notamment la méconnaissance face aux ­enjeux digitaux. Car, rappelons-le c’est elle qui génère l’interprétation qui ­engendre la peur.

Anne-Sophie David

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