Avec 7% seulement des voix, Éric Zemmour a sous-performé. Analyser son électorat permet de mettre à jour certaines certitudes, mais aussi quelques points inattendus.

Un vote identitaire avéré

Les spécialistes du FN et du RN l’affirment depuis vingt ans, il existe deux extrêmes droites. La première est plutôt identitaire, focalisée sur les questions d’immigration et libérale économiquement. Elle est traditionnellement implantée dans le sud de l’Hexagone. La seconde, plus populaire, davantage préoccupée par les questions sociales, est ancrée dans le nord-est du pays.

Très clairement, Éric Zemmour s’est adressé à la première catégorie puisque c’est sur le rivage méditerranéen qu’il obtient ses meilleurs résultats. Bien que devancé par Marine Le Pen, il décroche 14% dans les Alpes-Maritimes, 13,4% en Corse-du-Sud, 13,2% dans le Var, 11% dans les Bouches-du-Rhône…

Dans les communes huppées comptant une bourgeoisie catholique influente, il devance la candidate RN et la candidate LR. Parmi elles, citons Neuilly-sur-Seine (18,8% pour Éric Zemmour, 16,5% pour Valérie Pécresse, 5,7% pour Marine Le Pen) ou encore Versailles (18,5% pour Éric Zemmour, 14% pour Valérie Pécresse, 8,6% pour Marine Le Pen). Par ailleurs, le candidat de Reconquête ! surperforme chez les catholiques pratiquants : 18%, loin devant Valérie Pécresse (13%) et Marine Le Pen (9%). Mais loin derrière Emmanuel Macron (35%). En revanche, il est "largué" par Marine Le Pen dans les départements peu aisés. Ainsi, dans le Pas-de-Calais, il est à 5,2%, dans les Ardennes à 6,5%.

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CSP, génération Z : un vote complexe

Certes, le candidat de Reconquête ! s’illustre dans la bourgeoisie catholique identitaire. Certes, il obtient 9% chez les électeurs âgés de plus de 60 ans. Pour autant, son socle est plus large. Ainsi, il réalise également 9% chez les 18-24 ans et 10% chez les Français gagnant moins de 1 250 euros net par mois. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le vote Reconquête ! est bien plus masculin que féminin, le rapport allant quasiment du simple au double : 9% chez les hommes, 5% chez les femmes.

Pour qui votaient-ils avant ?

L’ancien journaliste rêvait d’attirer autant d’électeurs RN que LR. D’une certaine manière, il a accompli sa mission mais à petite échelle puisqu’il a rallié à son panache 14% des électeurs de Marine Le Pen de 2017 et 14% des électeurs de François Fillon. Cependant, c’est Emmanuel Macron qui a attiré le gros des troupes fillonistes (40%) tandis que Marine Le Pen a gardé l’essentiel de son électorat populaire. Les cadres RN qui ont fait défection pour rejoindre la nouvelle boutique ont donc manqué de flair politique.

Lucas Jakubowicz

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