Avec une prise de participation de 16,7 %, le milliardaire canadien Lawrence Stroll prend les rênes du constructeur britannique Aston martin. Il compte bien changer la stratégie du groupe pour retrouver des résultats financiers plus probants. Décryptage de cette nouvelle dynamique.

Pour surmonter les difficultés financières qu’elle rencontre depuis des années – en 2019, son cours de bourse s’est effondré de 60 % et ses profits de près de 50 % –, la célèbre marque de voiture de luxe a levé 500 millions de livres dont 182 millions auprès d’un consortium mené par Lawrence Stroll. « La levée de fonds est nécessaire et permet d'assurer l'avenir de long terme du groupe », souligne le directeur général Andy Palmer, avant d’ajouter :  « M. Stroll va apporter sa solide expertise dans l'automobile et les marques de luxes, et nous pensons qu'elle sera bénéfique à Aston Martin. »

C’est donc avec plusieurs idées que le milliardaire prend la tête du constructeur officiel de James Bond, dont la sortie du prochain opus, Mourir peut attendre, devrait booster les ventes des quatre modèles présents à l’écran. Dès 2021, il renommera son écurie de Formule 1, jusqu’ici Racing Point, Aston Martin, et mettra fin au sponsoring de l’équipe Red Bull. Un choix ambitieux mais discutable, car son écurie actuelle se bat en milieu de peloton, avec au volant Lance Stroll, le fils du propriétaire, quand Red Bull accroche, depuis trois ans, la troisième place du championnat constructeur derrière Mercedes et Ferrari.

Le milliardaire devrait également s’employer à réduire les coûts en repoussant au maximum la R&D. L’accent sera donc mis sur les pièces phares du constructeur, le SUV DBX, l’hypercar hybride Valkyrie (développée en partenariat avec Red Bull) et la sportive hybride Valhalla. A contrario, la Rapide E, la berline électrique dont le développement était « quasiment achevé », est « en pause jusqu’à nouvel ordre ». D’une manière générale, « l’investissement dans les voitures électriques est repoussé jusqu’à 2025 ». Là aussi, la stratégie peut être remise en question dans le cadre d’une réglementation en termes de pollution qui tend à se durcir dans de nombreux pays. C’est pourquoi un motopropulseur V6 hybride est toutefois en développement pour abaisser les émissions de CO₂ des véhicules qui tireront les ventes de la marque dans les prochaines années.

L’image de la marque empêche, a priori, d’envisager sa disparition. Cela signifie qu’en cas d’échec de Lawrence Stroll, les repreneurs seront au rendez-vous. Tout particulièrement, on verrait mal Aston Martin échapper au groupe automobile chinois Geely, déjà propriétaire de Lotus, coiffé au poteau par le consortium du milliardaire cette fois-ci.

Baptiste Delcambre

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