Il est communément admis que le continent africain offre de nombreuses possibilités de développement économique et constitue un « relais de croissance » évident. Mais on observe également que transformer une possibilité en un investissement concret (et rentable) relève parfois du défi. Dès lors, comment s’orienter et quelle approche retenir pour développer ses affaires en Afrique?

De prime abord, cette question peut surprendre, tant il est évident que le continent africain regorge d’opportunités commerciales et d’investissement, innombrables et variées. Question qui mérite que l’on s’y arrête, malgré tout, car s’il est le terreau de possibilités multiples sur le plan économique, le continent africain présente également, comme tout territoire, ses risques et caractéristiques propres. Nous voudrions donc ici dépasser cette première approche, générale, et poser quelques jalons en vue de contribuer à la réflexion préalable que mène tout acteur économique souhaitant développer ses activités en Afrique.

Premier élément à prendre en considération : la très grande hétérogénéité du continent africain

C’est peu dire que le continent africain se caractérise en premier lieu par sa diversité : diversité culturelle, naturellement. Mais diversité institutionnelle, également: le « climat des affaires » varie sensiblement d’un pays à l’autre et la « qualité » des institutions et du cadre juridique (ne serait-ce qu’entre pays « de droit civil » et pays de « common law », malgré des efforts d’harmonisation notables à l’échelon régional, dans le cadre de l’Ohada en particulier), de même que la stabilité politique, sont très variables. Sur le plan économique, l’hétérogénéité est également la règle : les économies sont plus ou moins dépendantes aux matières premières et connectées entre elles à des degrés divers, les secteurs clés et les niveaux de diversification des économies sont très différents et les taux de croissance à regarder de près, tant les situations et les projections varient.

Pour autant, quelques tendances lourdes se dessinent et se vérifient, à des degrés divers, à l’échelle du continent tout entier.

Des tendances lourdes émergent néanmoins

D’une manière générale, on peut compter, à moyen et long termes, sur un fort développement de la consommation africaine. L’évolution démographique du continent et l’émergence d’une classe moyenne, de plus en plus urbaine et de mieux en mieux formée, sont des données objectivement favorables.

Dans certains secteurs, de forts besoins persistent et quelques secteurs clés devraient continuer de concentrer la croissance économique et les investissements du continent; on constate ainsi des retards significatifs en matière d’infrastructures et ce secteur à vocation à poursuivre, voire accélérer, son développement: des investissements importants sont à réaliser pour les infrastructures routières, ferroviaires, (aéro)portuaires, immobilières (hôtelières) ou de télécommunications. Le développement des nouvelles technologies et le secteur des énergies renouvelables méritent également une attention particulière.

Sur ce dernier sujet, on connaît tant les besoins croissants en matière d’énergie (actuellement, en Afrique subsaharienne, près de 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité) que l’intérêt de recourir à des unités de production dé- centralisées et non thermiques. Ceci permettrait en effet, dans une perspective d’indépendance énergétique, d’utiliser les ressources photovoltaïque et éolienne, largement disponibles, de sécuriser l’approvisionnement en électricité (en particulier en zones rurales), de diminuer les coûts de production et de les déconnecter des variations du prix des matières premières (et singulièrement du pétrole). Au demeurant, ce secteur illustre également à quelles conditions des opportunités peuvent se transformer en véritables projets et en investissements concrets, et quels points clés jalonnent ce chemin.

Exemple de quelques pistes concrètes, dans le secteur des énergies renouvelables

Classiquement, le financement d’un projet supposera de sécuriser son assiette foncière (acquisition ou droit d’occupation de longue durée) et son débouché commercial (concession avec l’État, contrat de vente d’électricité, accords relatifs à la connexion au réseau de distribution, le cas échéant, package fiscal et douanier). Faute de cadre légal fixant le prix d’achat de l’électricité, c’est contractuellement que ce dernier devra être généralement défini. Dans ce contexte, la maîtrise des questions logistiques, la mise en place d’un calendrier réaliste (c’est-à-dire aussi souple que possible) et la coopération avec les acteurs locaux, en particulier publics, apparaissent comme des éléments clés de succès, tout comme, à ce stade, l’absence de recours à des solutions standardisées qu’il suffirait de reproduire. De ce point de vue, le travail d’harmonisation de la documentation contractuelle engagé en particulier dans le cadre de la Solar Energy Standardisation Initiative reste décisif en vue de diminuer les coûts de transaction et in fine d’amé- liorer les pratiques de l’ensemble des acteurs en ce domaine.

Dans un tel environnement, les avocats et conseils juridiques peuvent être d’une aide précieuse, par l’identification des risques clés (y compris dans un contexte juridique en constante évolution) et la formulation de solutions sécurisées, mais également par leur connaissance du contexte administratif et par leur rôle de chef d’orchestre et d’intermédiaire entre les différents acteurs participant, sur place ou non, à un projet (industriels, sponsors et financeurs, personnes publiques dans leurs multiples composantes et conseils – techniques, économiques et financiers). Pour conclure et répondre à la question qui donne son titre à la présente contribution, revenons à la définition du terme « opportunité » : (i) la qualité de ce qui est opportun, de ce qui vient à propos, ou une (ii) occasion favorable. La réponse à la question apparaît alors clairement positive : oui, le continent africain offre des opportunités innombrables; bien plus, il illustre parfaitement la multiplicité des sens que recouvre le terme d’« opportunité » et appelle ainsi à la vigilance les investisseurs, les industriels, les financiers et les conseils, à qui il revient collectivement de distinguer les véritables projets, les perspectives plus ou moins claires (à plus ou moins long terme), les possibilités (plus ou moins certaines) et les simples occasions à saisir.

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