INFLUENCEUR. Mettre en lumière les Français de l’ombre. Telle est l’idée de Visages, Villages, le dernier documentaire d’Agnès Varda, coréalisé avec son ami le photographe JR. Sans doute l’une des œuvres les plus poétiques de la carrière de la cinéaste.

Pour comprendre le talent d’Agnès Varda, il suffit de s’intéresser à son palmarès. César du meilleur film documentaire, Lion d’or, palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière… À bientôt 90 ans, la réalisatrice de La Pointe courte (1955), Cléo de 5 à 7 (1962), Sans toit ni loi (1985) ou Les Plages d’Agnès (2008), a reçu toutes les plus prestigieuses récompenses qu’offre le cinéma. « Les prix, ça ne veut rien dire », estime pourtant la Parisienne au caractère bien trempé dont la liberté n’a d’égale que la créativité. Icône de la Nouvelle Vague  ̶  le mouvement cinématographique de la fin des années 1950 qui a vu émerger des réalisateurs comme François Truffaut, Jean-Luc Godard ou Claude Chabrol  ̶ , Agnès Varda aspire depuis près de 70 ans à réaliser des films « que les gens retiennent ». Le reste importe peu. Documentaires, comédies musicales, courts ou longs métrages, téléfilms… L’artiste, qui a commencé en filmant les passants du 14e arrondissement de Paris, ne s’est jamais rien interdit. Avec toujours un objectif : valoriser l’autre.

L’Autre à travers l’art

C’est d’ailleurs ce qui la rapproche de JR, ce trentenaire connu pour ses immenses collages photographiques exposés sur les murs du monde entier, avec qui elle s’est lancée il y a quelques mois dans la réalisation du documentaire Visages, Villages. Un film sorti le 29 juin, dans lequel on découvre cet improbable duo arpentant les routes de France à bord de la camionnette du jeune artiste. Leur but ? Rencontrer les Français, écouter leur histoire et, bien sûr, les photographier. Ouvriers, agriculteurs, vendeurs, dockers, postiers… Chacun a droit à son cliché, celui-ci est ensuite affiché sur l’un des édifices du village. Un film poétique, joyeux, créatif et plein de malice dans lequel les deux artistes, mettent en lumière les visages de l’ombre. Un film important aussi, qui témoigne d’un désir de lien aux quatre coins du pays. « On se rend compte que les gens ont envie d’événements qui ne soient ni sportifs ni électoraux, note Agnès Varda. Ils ont simplement envie de passer du temps ensemble. » Une œuvre qui lui a valu une longue standing ovation lors de sa présentation au Festival de Cannes le 19 mai dernier et le prix du meilleur documentaire par le jury de l’Oeil d’or. « Ce film conte la considération à l’Autre à travers l’art », a expliqué sa présidente, la réalisatrice Sandrine Bonnaire. Une grande bouffée d’humanisme.

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

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