En changeant d’organisation, Google, devenu Alphabet, assume enfin son statut de conglomérat.

« Google n’est pas une société conventionnelle et nous n’avons pas l’objectif d’en devenir une. » En commençant sa lettre d’explication publiée sur abc.xyz (sa traduction en français) de la même manière qu’il l’avait fait onze ans auparavant lors de l’introduction en Bourse de sa société, Larry Page envoie un message clair : la réorganisation de l’entreprise ne changera pas les valeurs du groupe.

 

Berkshire Hathaway comme modèle

 

Désormais intitulée Alphabet, la société devint un conglomérat disposant d’une filiale bien connue et désormais exclusivement dédiée à l’Internet, Google. Au fil des années, la firme californienne a accumulé la création de sous-entités : Nest, fabricant de thermomètres connectés, X-Lab, spécialisé dans des projets de recherche les plus poussés, Calico, un laboratoire qui se consacre à la longévité humaine, ou encore Life Sciences, qui travaille sur les lentilles pour diabétiques.

 

Une démultiplication qui rendait difficile de connaître les performances des différentes activités. Cette opacité était mal perçue par les marchés financiers qui n’arrivaient pas à déterminer la véritable rentabilité de Google. Ce sera désormais possible puisqu’à partir du quatrième trimestre 2015, Alphabet publiera les résultats pour chacune de ses filiales. L’arrivée quelques mois plus tôt de Ruth Porat en tant directrice financière sera le premier pas vers la rationalisation des dépenses. Car pour les dirigeants de Google, cette nouvelle organisation a pour objectif de mieux gérer les investissements réalisés.

 

La nouvelle entité chapeautera directement tous les grands axes stratégiques de ces filiales, comme un fonds d’investissement peut le faire. Chaque dirigeant rapportera ainsi directement à Alphabet. D’ailleurs, il n’est pas anodin que Larry Page est salué à plusieurs fois le mode de fonctionnement de Berkshire Hathaway, le holding d’investissement du milliardaire Warren Buffett. À terme, Alphabet pourrait même se permettre de se comporter comme un fonds en cédant certains de ses actifs jugés non rentables ou non stratégiques.

 

L’esprit geek vit encore

 

Une stratégie qui a séduit les investisseurs. Dans la journée, l’action de Google, futur Alphabet, gagnait pas moins de 10 %. Sans surprise, cette nouvelle organisation s’est traduite par un changement de gouvernance. Le grand gagnant est Sundar Pichai, actuel directeur produit du géant américain, qui, à tout juste 43 ans, prend la direction de Google, le navire amiral du nouveau conglomérat. Quant au trio de tête, Larry Page, Sergey Brin et Éric Schmidt ils occuperont les mêmes fonctions mais au sein de la maison mère Alphabet.

 

Une chose est sûre Larry Page n’a pas perdu son sens de l’humour. Sur la page officielle d’Alphabet s’est glissé un lien caché pointant sur Silicon Valley, une série humoristique de HBO dans laquelle existe un faux Google, nommé Hooli. Et le fondateur ne s’est pas arrêté là. Si l’on regarde avec attention les cubes en bois où figurent des lettres, on peut lire « Mad Sex », littéralement « incroyable sexe ». Nous voilà prévenus, on ne s’ennuiera pas avec Alphabet.

 

V.P.

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