À peine réélu dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand prépare la présidentielle et l’assume. En témoigne son discours prononcé dans les minutes suivant la proclamation des résultats dans lequel il trace les grandes lignes d’un éventuel programme.

Avant les élections régionales, Xavier Bertrand s’était montré très clair : "Si je perds, il en sera terminé de ma vie politique", avait martelé le candidat autoproclamé de la droite à la présidentielle de 2022. Les urnes ont rendu leur verdict : l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a été largement réélu à la tête de sa région où il a dominé les listes d’union de la gauche, du RN et de la majorité présidentielle. Dans son discours de victoire prononcé quelques minutes après les premiers résultats, il s’est exprimé comme un prétendant à l’Elysée. Objectif : se rendre au plus vite incontournable et tracer pour la première fois son corpus idéologique qui emprunte autant à Nicolas Sarkozy qu’à Georges Pompidou. Avec la tentative d’imprimer une patte personnelle.

Construire le "Bertrandisme"

Du président élu en 2007, il a repris le fameux travailler plus pour gagner plus en souhaitant "un pays où le travail paie à nouveau". Sans surprise, il se veut également inflexible sur la sécurité et l’identité nationale en promettant le "rétablissement de l’ordre et du respect" et un combat sans merci contre une "insécurité qui mine la République".

En quelques minutes, il a mis l’accent sur les classes moyennes et populaires où son camp accuse un large retard par rapport aux autres partis. C’est à ces "silencieux", "invisibles" et "oubliés", que Xavier Bertrand s’est adressé, évoquant "la France qui travaille et qui, pourtant, n’arrive plus à joindre les deux bouts", "la France à qui l’on demande plus d’efforts mais qui ne reçoit en retour que mépris et indifférence" ou encore "la France qui compte chaque euro et qui ne comprend pas comment on peut être à la fois le pays dans lequel on paie le plus d’impôts et où les services publics s’effondrent". En clamant qu’il faut "laisser respirer les Français" (quasi copié-collé du "Arrêtez de faire chier les Français" de Pompidou en 1966) et se "reposer sur la République des territoires", Xavier Bertrand, qui reprend des arguments pompidoliens en se présentant comme le chantre de l’anti-bureaucratie et de la décentralisation.

Afin de ne laisser aucun doute sur ses ambitions, l’ancien député de l’Aisne a appelé à "bâtir un nouveau projet de société" pour que la "France retrouve le premier rang". Pour ceux qui feignent de ne pas comprendre, il enfonce le clou : "Il y a un chemin d’espoir. Il commence ici, il commence maintenant."

Surfer sur la bonne vague

Avec ce discours précoce, Xavier Bertrand essaie d’occuper une place centrale dans sa famille politique, tout en coupant l’herbe sous le pied de concurrents potentiels privés d’initiative. Pourtant, à droite, il n’est pas le seul à rêver de 2022. Dès le lendemain, Valérie Pécresse, auréolée de sa victoire en Ile-de-France, a fait part de ses ambitions : "Je vais réfléchir à la suite pendant l’été", a indiqué celle qui a "une conviction, une sensibilité et des valeurs à défendre".

Si l’on se fie aux sondages publiés ces derniers mois, Xavier Bertrand possède une longueur d’avance dans l’opinion même s’il ne semble pas en mesure de se qualifier au second tour. Pour le moment, le seul sondage post-régionales réalisé par l’Ifop lui accorde 18% d’intentions de vote contre 13% pour Valérie Pécresse ou Laurent Wauquiez. Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont toujours devant. Mais s’il parvient à s’imposer vite et à séduire un centre-droit qui, pour le moment, opte pour Emmanuel Macron, tout est possible.

Lucas Jakubowicz

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