Les avocats semblent pour le moment épargnés par les vagues de licenciements consécutives à la crise sanitaire, contrairement à ceux qui ont subi celles en lien avec la crise financière de 2008. Les cabinets ont vraisemblablement appris des erreurs du passé.

L'annonce, le 16 mars dernier, par le gouvernement de la mise en place du confinement a ébranlé la France entière. Un cataclysme qui n’est pas sans rappeler celui provoqué par la crise financière de 2008. Ces deux événements diffèrent par leur nature et leur origine : la crise sanitaire a entraîné un grand nombre de questions juridiques et un surcroît de travail pour les cabinets d’avocats là où la crise financière de 2008 avait fait chuter le volume d’activité de l’ensemble des professionnels du droit. Dès lors, les cabinets d’avocats d’affaires savent qu’ils demeurent les partenaires stratégiques des entreprises et des dirigeants, et ils s’organisent en conséquence.  

Sauvegarder ses équipes

En réaction à la crise de 2008, de nombreux cabinets avaient fait le choix de prendre des mesures radicales pour sauver leur trésorerie, et avaient procédé à des licenciements notamment. Avec le temps, ces mesures adoptées dans l’urgence se sont révélées être des erreurs stratégiques. "Nous avions assisté à des licenciements massifs dans les cabinets qui avaient besoin de se préserver de la crise, analyse Louis de Gaulle, associé fondateur du cabinet De Gaulle Fleurance & Associés. Le plus dur ensuite a été de reconstituer des équipes compétentes. Or, le plus grand actif d’une société d’avocats ce sont justement ses avocats. Les équipes ne doivent pas être une variable d’ajustement." Certes, des collaborateurs ont été licenciés, mais dans des proportions moindres par rapport à celles de 2008. Le but étant de sauvegarder autant que possible les équipes en place.   

D’après notre sondage, 48 % des cabinets n’ont enregistré aucun départ ces six derniers mois, tous statuts et tous métiers confondus. Et si 29 % d’entre eux ont licencié du personnel, ils ne l’ont pas nécessairement fait pour des raisons liées à la crise, mais plutôt à cause à cause de divergences de vues sur la gestion de la crise. Au sein des cabinets, avocats et membres des équipes support ne sont pas touchés de la même manière : certaines structures n’ont licencié que des avocats (9 % seulement des répondants) ou uniquement des membres des équipes support (3 % des répondants), quand d’autres (7 %) se sont séparées d’avocats et de membres des équipes support. Enfin, les cabinets n’adoptent pas la même stratégie selon leur modèle : parmi les répondants ayant licencié uniquement des avocats, 72 % font partie de cabinets français de niche, 14 % de firmes d’origine américaine et 14 % de cabinets français ­multi-service.  

La clé de la structuration

Si aujourd’hui la plupart des cabinets souhaitent conserver leurs équipes, ils considèrent également comme essentiel d’ajuster leur positionnement. Un enseignement directement tiré de la crise de 2008 durant laquelle la stratégie des cabinets d’affaires était bien différente : "La stratégie des cabinets à l’époque était de se recentrer sur leur core business. La logique était très "small is beautiful". Ce fut également une période au cours de laquelle les spin-off se sont multipliés, et pas seulement composés de collaborateurs seniors de grands cabinets, mais aussi, pour certains, structurés autour d’associés établis, se souvient Ian De Bondt, directeur associé du cabinet de chasse Fed Légal. Aujourd’hui, les cabinets adoptent une position très différente. Nous sommes constamment sollicités pour des opérations de rapprochement et plus généralement pour des missions visant à aller chercher de nouveaux leviers de croissance avec la création de départements complémentaires des activités existantes. On nous parle de taille critique à atteindre, de profondeur d’équipe à trouver..."  Les cabinets d’avocats semblent donc aujourd’hui davantage enclins à garder leurs membres soudés pour affronter la crise. Même constat du côté de Constance Philippon, directrice associée de Robert Walters : "Les effets de la crise de 2008 ont été ressentis jusqu’en 2012, époque à laquelle le marché a connu une véritable pénurie d’avocats compétents en M&A : les opérations ne se réalisant plus autant qu’avant, ces derniers s’étaient réorientés vers d’autres matières connexes." Avant de préciser que la situation est différente aujourd’hui : "Depuis le déconfinement, les deals suspendus reprennent peu à peu et de nouveaux se concrétisent. À l’inverse de 2008, on note une forte demande en corporate/M&A, les cabinets misent sur ces experts." Plutôt que de se séparer d’éléments forts dans ces matières, les structures se montrent patientes et sont prêtes à consentir des efforts financiers pour conserver leurs équipes en prévision de jours meilleurs. Ce qui leur évite par ailleurs de revoir entièrement leur business model à une époque où la visibilité du marché est encore extrêmement réduite. 

Marine Calvo

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