Le débat autour des masques a parcouru toute la société depuis le début de la crise sanitaire. Du masque chirurgical classique à la visière, nous faisons le point sur ces protections. Bientôt obligatoires partout ?

Plus les semaines passent et plus il devient clair que les masques feront désormais partie de nos vies. Car, comme l’a annoncé l’Elysée, jeudi 23 avril, les masques seront obligatoires dans les transports en commun à partir du 11 mai. Et la consommation hebdomadaire de 45 millions de masques à mi-avril devrait fortement augmenter.

Masques chirurgicaux

Ils sont couramment utilisés dans le milieu hospitalier. En janvier, la France disposait d’un stock de 117 millions d’unités. Cinq millions de masques chirurgicaux étaient alors consommés chaque semaine dans les établissements français. Ces masques, à usage unique, ne doivent donc pas être portés plus de quatre heures d’affilée. Ils sont généralement fabriqués à base d’une matière plastique recyclable, le polypropylène.

En Janvier, la France disposait d’un stock de 117 millions de masques chirurgicaux

Imperméables, ces masques évitent la projection de gouttelettes par le porteur et protègent contre celles émises par les personnes vous entourant. Cependant, ils n’empêchent pas l’inhalation de très fines particules contenues dans l’air.

On en distingue trois types :

- Type 1, avec une efficacité de filtration bactérienne de 95 %

- Type 2, avec une efficacité de filtration bactérienne supérieure à 98 %

- Type 2R, avec une efficacité de filtration bactérienne supérieure à 98 % et résistant aux éclaboussures

Masques FFP

FFP est un acronyme anglais qui signifie « Filtering Facepiece Particles ». Contrairement aux masques chirurgicaux, ces masques filtrent l’air. Considérés comme « appareil de protection respiratoire », ils sont utilisés sur des chantiers pour protéger des poussières entre autres. Ils protègent à la fois le porteur et les personnes environnantes contre des particules d’air qui peuvent contenir le virus. Ils empêchent également la projection de gouttelettes.

Là encore, on en distingue trois types suivant la norme européenne :

-  FFP1, dont le pourcentage de filtration d’aérosols est d’au moins 80 % et le pourcentage de fuite vers l’intérieur de 22 % au maximum

- FFP2, dont la capacité de filtration est d’au moins 94 % et la fuite vers l’intérieur de 8 % au maximum

- FFP3, dont la capacité de filtration est d’au moins 99 % et la fuite vers l’intérieur de 2 % au maximum

Masques en tissu

La filière textile s’est mise en branle pour faire face à la crise sanitaire, notamment via le concours du Slip Français. La société, forte d’un maillage de sous-traitants sur tout le territoire, a mis en place une plateforme pour organiser la production. En collaboration avec le Comité stratégique de la filière mode et luxe, un groupement d’entreprises a été formé dans le but de fabriquer le plus rapidement des masques en tissu grand public, lavables et réutilisables. Ces derniers ont été homologués par la direction générale de l’armement afin de garantir la meilleure protection.

Au 7 avril, 610 entreprises étaient mobilisées pour produire 800 000 masques chaque jour. Ceux-là ont d’abord été distribués au personnel hospitalier. Comme au CHU de Lille où les soignants ont reçu le masque Garridou® assurant une filtration des particules d’air de plus de 95 %. Sa durée de vie est cependant limitée ; au-delà de six lavages, son efficacité est remise en question. 

Début avril, 610 entreprises étaient mobilisées pour produire 800 000 masques par jour

Nous devrions voir essaimer ces masques au cours des prochaines semaines. La métropole de Clermont-Ferrand a, par exemple, commandé 600 000 masques en tissu qui seront distribués gratuitement à l’ensemble de l’agglomération. À Paris, Anne Hidalgo a annoncé que deux millions de masques seraient offerts aux habitants. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, prévoit que la France produira 17 millions de masques en tissu chaque semaine d’ici le 11 mai contre 8 millions actuellement. 

Masque maison

De nombreuses initiatives ont vu le jour pour fabriquer des masques chez soi. Il existe des patrons disponibles sur Internet, comme ceux mis à disposition par l’Afnor (Association française de normalisation). Ces masques ont été testés et doivent logiquement assurés un minimum de protection. L’Afnor recommande de laver le masque 30 minutes minimum à 60 degrés et ne doit pas sécher à l’air libre.

Pour le pneumologue, Bertrand Dautzenberg : "Si tout le monde porte un masque en tissu, alors ce sera aussi efficace que de porter un masque FFP2 face à quelqu’un qui n’a pas de masque". À condition pour cela que le masque en tissu protège d’au moins 70 % des gouttelettes.

Pour les sourds et malentendants, une Toulousaine a confectionné un prototype laissant transparaître la bouche. Elle a récolté 5 000 € grâce à une cagnotte en ligne afin de financer la production, la certification et la distribution.

Visières

La demande de visières de protection a, elle aussi, grimpé en flèche. Si elles ne peuvent filtrer l’air, elles permettent de conserver un contact humain tout en assurant un minimum de protection. Des particuliers se sont lancés dans la fabrication de serre-têtes grâce à une imprimante 3D. De nombreux patrons sont disponibles sur Internet. L’initiative « visière solidaire » permet de mettre en contact des fabricants et des personnes dans le besoin. Rappelons qu’il est préférable de compléter le port d’une visière avec celui d’un masque.

Victor Noiret

Retrouvez ici notre dossier spécial "Gagner la guerre sanitaire"

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