Les politiques de Quantitative Easing (QE) changent la donne pour les gérants d'actifs contraints d'évoluer dans un environnement d'inflation des prix. Thomas Friedberger, Directeur Général et Co-Directeur des investissements de Tikehau IM, nous donne quelques conseils pour tirer son épingle du jeu malgré tout. Il revient aussi sur l'organisation générale de la société de gestion, en pleine croissance et porteuse de nouveaux projets.

 

Dealmakers. Quelques mots sur l'organisation générale de Tikehau ?

Thomas Friedberger. La société a été fondée en 2004. Ses deux grandes activités sont la gestion alternative et l'investissement. Le groupe gère aujourd'hui 12,6 milliards d'euros d'actifs et a communiqué au marché – cotation oblige – l'objectif de 20 milliards à l'horizon 2020. Nous avons 2,3 milliards d'euros de capitaux propres ce qui est beaucoup pour une société de gestion. Cette forte capitalisation correspond à la stratégie d'investir notre argent dans les fonds que nous levons pour garantir un alignement d'intérêts total avec nos clients. Lorsque Tikehau Capital, détenu à hauteur de 36 % par ses partners, place 100 millions dans un véhicule de Tikehau IM, c'est une somme conséquente que nous engageons pour donner confiance à nos partenaires. D'autres gérants expliquent que cet alignement d'intérêts, « skin in the game » en anglais, provient des commissions de performance ou carried interests mais nous ne pensons pas que cela soit suffisant.    

Et quelle est la structure de Tikehau Capital ?

C'est une entité cotée sur Euronext Paris depuis le mois de mars avec 2,3 milliards d'euros de capital, qui détient deux entités de gestion, Tikehau Investment Management et une société régulée Mifid, Tikehau Capital Europe, qui gère notre activité de Collateralized Loan Obligation (CLO).

Tikehau IM se compose de quatre lignes de métiers : la dette privée (50 % des actifs sous gestion), le private equity, l'immobilier et ce qu'on appelle les stratégies liquides. La caractéristique commune à tous ces métiers est l'analyse de l'ensemble des actifs sous l'angle unique de nos propres recherches. Toutes les décisions d'investissement sont prises sur la base des travaux de nos analystes en interne.

Qu'entendez-vous par « stratégies liquides » ?

Il s'agit de stratégies de marchés cotés, actions et crédits (high yield, obligations subordonnées...). Encore une fois, ce sont des portefeuilles concentrés et de conviction car basés sur nos propres recherches. On ne fait pas de trading à court terme, pas plus que nous ne développons des méthodes quantitatives au moyen d'algorithmes.

Côté actions, vous ne gérez qu'un seul fonds. La stratégie est donc très concentrée, non ?

En réalité, nous avons deux véhicules mais un seul est commercialisé pour le moment. Tikehau Income Cross Asset – le fonds actif – est d'ailleurs assez flexible car il détient aussi des obligations. Le véhicule non commercialisé, pur equity, aura trois ans de track record en décembre. Sa période d'essai est donc sur le point de se terminer et nous n'allons pas tarder à l'ouvrir à nos clients en sus des partners de Tikehau déjà investis. Il sera très concentré par rapport au reste de notre offre avec un portefeuille de 15 à 30 lignes en moyenne. Pourquoi une phase test ? Il y a aujourd'hui tellement d'acteurs dans la gestion de fonds cotés actions que nous ne pouvons pas arriver avec un nouveau produit « from scratch ». Le fonds doit déjà avoir démontré une performance durable avant d'être soumis au public. C'est un impératif de crédibilité !

Le fonds doit déjà avoir démontré une performance durable avant d'être soumis au public

 

Plus de 50 % l'activité de Tikehau est dans la dette privée. Comment expliquer cette forte exposition ?

Nous avons joué un rôle de pionnier dans le financement des PME en Europe et avons été, en 2007, la première société de gestion française à obtenir l’agrément de gestion pour les fonds de dette privée. Cette activité s'est bien développée par la suite, si bien que le métier se divise aujourd'hui en plusieurs segments. On gère désormais des fonds de loans – prêts rachetés aux banques – mais aussi des fonds de direct lending grâce auxquels nous structurons nous même les émissions de dette. Attention, cela ne fait pas de Tikehau une banque, nous n'avons pas l'agrément pour.

Cela ne vous empêche pas de participer activement au financement de l'économie. Vous disposez notamment d'une activité de private equity en ce sens. Quelques mots ?

Vous parlez à juste titre de notre rôle actif dans le financement de l'économie.  L'ensemble des stratégies d'investissement de Tikehau Capital se caractérise en effet pour leur apport au développement des entreprises et notre activité de private equity n'y fait pas exception.  Nous intervenons comme investisseur minoritaire dans des sociétés en croissance sur notre bilan ; fort de notre track record, nous nous apprêtons à lancer un fonds d'investissement en capital pour compte de tiers.

Tikehau a écrit une note au sujet du quantitative easing (QE) et de son impact sur les marchés. Où en sommes-nous ?

Les politiques de quantitative easing (QE) à l'oeuvre dans tous les pays développés ont un impact sur tous les actifs, en particulier les actifs financiers car avant d'atteindre l'économie réelle, l'effet du QE participe de l'inflation du prix des actifs. Mécaniquement, cela rend notre métier d'investisseur plus difficile car tout est plus cher. Nous pensons que le QE va progressivement perdre en vigueur mais fondamentalement ces mesures sont éternelles. Nous doutons que les banques centrales limitent le QE à ce qu'elles qualifient de situation « exceptionnelle ». Encore une fois, nous sommes plutôt un investisseur value – on souhaite payer le juste prix d'un actif – ce qui nous amène à être très prudents lorsque nous n'avons pas d'obligation d'investissement, et très sélectifs lorsque nous devons nécessairement investir un fonds.     

Et comment être très sélectif dans un environnement « hostile » ?

Telle est la question ! Notre réponse est d' « originer » les deals localement – Tikehau a des bureaux physiques dans 7 pays – et au risque d'insister, d'utiliser des méthodes d'analyse financière ultra-rigoureuses – nous nous appuyons uniquement sur nos propres travaux de recherche. Dans tous les cas, si vous vous trompez en achetant un actif trop cher, vous pouvez avoir raison à court terme, mais à long terme le retour sur investissement sera au mieux médiocre.     

 

FS

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