#Start up Corner# Entretien avec Marie Schneegans, cofondatrice de Never Eat Alone

Décideurs. Pouvez-vous nous raconter la naissance de Never Eat Alone ?

Marie Schneegans. L’été dernier j’ai travaillé au siège d’UBS à Zürich dans le département gestion de fortune. J’avais envie de rencontrer des personnes de différents pôles, à la fois pour sortir du petit cercle de notre équipe, et pour approfondir les différents métiers de la banque. Des milliers de personnes au sein d’une tour et se sentir seule pour déjeuner, drôle d’impression... Pourtant, je suis plutôt téméraire et ce n’est pas l’envie de rencontrer de nouvelles personnes qui me manquait. Ainsi j’ai commencé par envoyer des emails à des personnes d’autres départements pour leur proposer de déjeuner ensemble. Cela a bien marché et j’ai même pu rencontrer le CEO! Mes collègues m’ont dit: « Marie tu connais tout le monde, est-ce que je peux venir déjeuner avec toi ? » Par la suite, nous avions, lors d’une étude de cas, un problème juridique à résoudre. Personne au sein de notre équipe n’avait de réelles connaissances de droit. Je me suis souvenue que lors d’un repas, je connaissais une personne qui pourrait nous aider et bingo ça a fonctionné. Imaginez une application où l’on pourrait se rencontrer au déjeuner afin de solutionner des questions ; bref le plaisir et l’efficacité réunis. C’est ainsi que Never Eat Alone est née. Je voulais faciliter les connexions entre les employés d’une entreprise par le biais d’un simple repas. On déjeune tous les jours, donc pas besoin de chercher une date de rendez-vous pour se rencontrer. Le repas, étonnamment, est le seul moment où les personnes arrivent toujours à trouver un créneau sans devoir visionner leur agenda trop longtemps.

Décideurs. Comment fonctionne votre application?

M. S. C’est une application mobile (iOs et Android) qui connecte des employés au sein d’une grande entreprise lors de la pause déjeuner. Les personnes se connectent avec leur adresse email professionnelle ou par le biais de Linkedin,  puis choisissent un département et un endroit. Par la suite, nous les « matchtons » avec un collègue du département choisi ou de manière aléatoire en se basant sur les centres d’intérêt.

Décideurs. Qui utilise le plus l'application? Les stagiaires envers les CEO ? Mais ces derniers invitent-il les stagiaires? Finalement, votre projet pourrait-il changer les lignes de la hiérarchie en entreprise?

M. S. À ma grande surprise, les personnes seniors d’une entreprise ont envie de rencontrer des employés récemment arrivés pour la fraîcheur de leur opinion, le partage d’un nouveau point de vue. Oui nous voulons casser les silos et faire bouger les lignes hiérarchiques en entreprise car si la décision est (encore) verticale, la discussion doit être horizontale.

Décideurs. L'application est d'ores et déjà téléchargeable. Vous travaillez avec des entreprises américaines, françaises ?

M. S. Les deux, car nous avons des bureaux aux États-Unis et à Paris! Notre but est de travailler avec des entreprises du monde entier. Notre ambition et nos ressources sont sans limites !

Décideurs. Être une fille, avoir 21 ans et être entrepreneuse, est-ce une force ou une faiblesse ?

M. S. C’est une force et une faiblesse en même temps. Une force car mon énergie positive et débordante me pousse à aller toujours plus loin. Une faiblesse, puisque mon jeune âge peut faire peur aux grandes entreprises. Le fait de les rencontrer avec notre CBO Myra facilite la relation intergénérationnelle. Le statut étudiant entrepreneur est aussi un véritable atout pour concilier les études et le business. Cela me permet de faire une pause dans mes études pour me focaliser sur Never Eat Alone et d’être accompagnée d’investisseurs pour relever mes challenges. D’ailleurs pour atteindre nos ambitions de développement, notre CBO Myra - experte en digital transformation et innovations collaboratives -, m’aide beaucoup à entrer en contact avec les sociétés du CAC 40 et à réussir les négociations. On l’appelle Magic Myra!

Décideurs. Actuellement, la France donne un coup de projecteur sur ses start-up, en les accompagnants dans leurs projets, pourquoi êtes-vous partie à San-Francisco ? Est-il toujours plus facile de monter son projet outre-Atlantique?

M. S. Je suis partie à San Francisco grâce à un Hackathon européen (StartupBus) que nous avons remporté à Vienne au Pioneers Festival. Le prix consiste à être « incubé » à San Francisco pour booster une start-up européenne. La culture américaine pousse à entreprendre et prendre des risques. Je reviens souvent en France car c’est le pays où j’ai étudié (ingénierie financière à Dauphine). J’aime la France, Paris me fascine même si c’est le vent du large qui me pousse et me motive. Cela dit, la France bouge, et la créativité des start-up est formidablement communicative !

Décideurs. Quel est le plus beau souvenir de Never Eat Alone?

M. S. J’ai de beaux souvenirs tous les jours. Quand je vais voir des clients, les équipes me remercient pour cette application car elle les aide dans la vie de tous les jours à être heureux au travail et cela me fait chaud au cœur. Ces sourires me motivent tous les jours à aller encore plus loin !

Décideurs. Pensez-vous qu'un jour Never Eat Alone aura besoin de télécharger Never Eat Alone pour connecter ses employés ?

M. S. Oui probablement ! Pour l’instant, nous sommes sept et arrivons à déjeuner tous ensemble mais quand nous grandirons cela sera très utile pour garder la culture d’entreprise start-up et conserver une hiérarchie horizontale. J’espère qu'un jour notre entreprise sera assez grande pour justifier l'utilisation de l'application, il suffirait de plus de 100 collaborateurs.  Même si la culture d'entreprise que je développe est basée naturellement sur le lien de confiance entre les uns et les autres, la taille nécessitera probablement d’utiliser notre propre application et de l’enrichir. J’aime beaucoup ces maximes d’Alfred de Musset : « pour réussir dans le monde, retenez bien ces trois maximes : voir c’est savoir, vouloir c’est pouvoir et oser c’est avoir » Notre attitude détermine notre degrés de réussite. La motivation n’a pas de limites, booster votre network avec Never Eat Alone !

Propos recueillis par Camille Drieu