Le leader français des données sécurisées sur le cloud a conclu un impressionnant tour de table de 65 millions d’euros auprès de fonds français. Un montant à la hauteur de ses ambitions. Stanislas de Rémur, l’un des trois cofondateurs d’Oodrive, revient sur le chemin parcouru et nous fait part de celui qui les attend.

Décideurs. Depuis sa création, les activités d’Oodrive ont beaucoup évolué. Quelles sont-elles aujourd’hui et à qui votre offre s’adresse-t-elle ?

Stanislas de Rémur. Lorsque nous avons créé Oodrive, notre cible était le grand public dont le besoin en matière d’accès et de partage des données était réel. Nous pensions pouvoir monétiser notre offre grâce à la publicité mais ce modèle s’est rapidement essoufflé. Comme les consommateurs n’étaient pas prêts à payer pour obtenir ce type de services, nous nous sommes donc tournés vers les entreprises, en nous concentrant exclusivement sur leurs données sensibles. Notre gamme de produits est subdivisée en trois : la sauvegarde de données, le partage et l’e-confiance, liée à la signature électronique. À l’origine horizontales, nos offres se sont au fur et à mesure verticalisées pour être au plus proche des besoins des clients, selon leur secteur et leurs problématiques.

 

Vous promettez des solutions 100 % sécurisées. Comment pouvez-vous être certains que l’inventivité des hackers pourra être contenue par vos solutions actuelles ?

Il faut bien distinguer l’accès à la plate-forme et l’accès aux données. Quelle que soit la plate-forme, un hacker malveillant peut rendre le service inaccessible. OVH, célèbre hébergeur, a eu une interruption de services de plusieurs heures à la suite d’une attaque par déni de service. Nous sommes aussi touchés par ces problématiques. La préoccupation première de nos clients, c’est la protection des données en cas de panne du service afin que celles-ci ne soient pas endommagées. La plate-forme doit être la plus complète possible afin de rendre difficile l’accès aux données. Nous proposons également différents niveaux de cryptage selon les besoins de nos clients. Le plus élevé est un boitier de cryptage qui comporte une cérémonie de clés.

 

« La protection des données en cas de panne du service est l’une des préoccupations premières des entreprises »

 

En quoi cela consiste-t-il ?

Le lancement initial d’un boîtier HSM, qualifié de « cérémonie de clés », se déroule dans un lieu sécurisé où les communications avec l’extérieur sont limitées. Il nécessite la présence physique du client et du prestataire dans les locaux d’hébergement du serveur dont l’identité a été vérifiée. Chaque partie se voit attribuer des cartes à puce fournies avec le boîtier et doit l’introduire dans le module matériel de sécurité et déterminer un code PIN à quatre chiffres. Le boîtier est alors considéré comme initialisé et la création de la clé de chiffrement maîtresse peut être lancée. Tout accès ultérieur au boîtier pour effectuer des modifications nécessite obligatoirement la présence des différents porteurs munis de leurs cartes à puce respectives.

 

Quel impact va avoir la nouvelle réglementation européenne en matière de protection des données pour Oodrive ?  

La GRDP oblige les entreprises à revoir la gestion de leurs données. Après avoir mis en place des gardes fous pour distinguer une donnée lambda d’une donnée personnelle ou sensible, elles feront appel à nous pour les protéger. Il existe un nombre incalculable de flux de données qui circulent vers les fournisseurs de solutions. Mieux les réguler est un enjeu important pour les entreprises mais aussi pour l’ensemble des citoyens européens, qui auront davantage confiance dans le cloud et dans l’internet. La nouvelle réglementation européenne en matière de protection des données est une opportunité de croissance pour les acteurs comme Oodrive. 

 

Vous avez réalisé l’une des plus importantes levées de fonds de ce début d’année 2017. Quelles sont vos ambitions et comment allez-vous dépenser cet argent ?

Nous avons réalisé un tour de table de 65 millions d’euros dont nous sommes doublement fiers. Tout d’abord parce que jamais une telle somme n’a été levée par un éditeur de logiciel français non côté. Mais aussi parce qu’elle provient de fonds 100 % français, une première pour un montant aussi élevé. Cet argent va nous permettre de financer la sortie des fonds Time for Growth et Keensight Capital et d’accroître la croissance organique de la société par de l’investissement. Nous souhaitons enfin consolider notre présence en Europe et particulièrement en Allemagne, dont le marché est quasi similaire à celui de la France et qui fait face à des problématiques de protection des données importantes.

 

Oodrive est considérée comme l’une des pépites de la French Tech. Quel soutien avez-vous reçu de ce programme étatique ?

Aucun ! La French Tech est davantage tournée vers les start-up qui font du BtoC et non du BtoB. C’est d’ailleurs la remarque que j’avais formulé à Fleur Pellerin, au moment du lancement de l’initiative. Mais l’absence de liens concrets avec ceux qui la pilotent ne m’empêche pas d’apporter ma pierre à l’édifice. J’ai à cœur de promouvoir la tech en France et le développement du numérique en régions. Je suis très actif dans certaines associations comme EuroCloud et Tech in France. De plus, nous sommes proches du gouvernement de manière plus générale. Nos solutions sont déployées dans le secteur public et nous accompagnons notamment l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.

 

Propos recueillis par Marion Robert

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