Fidèle à sa méthodologie d'investissement, la gérante de Dorval AM définit sa stratégie selon quatre dimensions : l'analyse macroéconomique et microéconomique, le niveau de valorisation des marchés et des flux d'investissement.

Décideurs. Quelle analyse faites-vous de l'environnement macroéconomique ?

Sophie Chauvellier. Il existe beaucoup d'incertitudes sur le marché. Ce contexte s'explique notamment par le risque politique et les craintes d'une explosion du protectionnisme. Ces inquiétudes sont toutefois, à notre sens, exagérées. Autre source de préoccupation des marchés : le niveau de la croissance mondiale. Certains évoquent une stagnation séculaire. Là aussi, l'analyse nous paraît disproportionnée. Nous anticipons un rythme de croissance de 3 %, une croissance certes modérée mais durable. Lors de ces trois dernières années, nous avons dû faire face à de fortes disparités entre les zones géographiques, en raison de la chute du prix des matières premières. En 2016, nous sommes entrés dans une nouvelle typologie avec un cycle mieux synchronisé. Les gouvernements n'ayant pas hésité à instaurer de nouvelles politiques de relance budgétaire. Enfin, soulignons qu'aux États-Unis, la phase de désinvestissement dans le secteur de l'énergie arrive à son terme.

Les résultats sur le plan microéconomique s'améliorent

 

Comment se portent les entreprises ?

Les résultats sur le plan microéconomique s'améliorent. Dans l'univers des actions internationales, nous suivons près de 3 000 sociétés. En moyenne, ces entreprises enregistrent une croissance de 5 %. Si l'on excepte le secteur de l'énergie, celle-ci atteint même 7 %. Sachant que 45 % de ces sociétés ont une croissance à deux chiffres.

 

Qu'en est-il du niveau de valorisation des titres ?

Le price earning ratio (PE) median est de 17 fois, soit un niveau proche de celui de 2007. Cela reste donc cher. Mais grâce à des taux d’intérêt très bas, les entreprises se financent moins cher. Ce vecteur constitue pour elles un précieux soutien. Les PE macroéconomique sont, quant à eux, à des niveaux normaux.

 

Cet environnement incite donc les investisseurs à la prudence ?

Si l'on analyse les flux d'investissement, oui. Les investisseurs ont retiré un peu plus de cent milliards de dollars des actions européennes. Et il n'existe, par ailleurs, aucune complaisance du marché vis-à-vis des établissements bancaires dont les cours des actions sont au plus bas depuis 35 ans.

Nous privilégions la dette brésilienne et la devise mexicaine

 

Quelles sont vos thématiques d'investissement privilégiées sur le marché action ?

Notre portefeuille est positionné pour profiter de deux grandes thématiques. D'une part, les entreprises exposées à la reprise de la demande des pays émergents. Nous avons, à ce titre, intégré une cinquantaine de valeurs OCDE et de fleurons locaux dans un panier très diversifié. On essaye d’être le plus à l'écart possible des risques spécifiques de l'entreprise. Notre deuxième thématique repose sur un retour de l'inflation en Europe. On s’intéresse notamment au secteur de la construction dont la valorisation nous paraît attractive. En revanche, nous sommes plus prudents sur l’immobilier.

 

Quelles sont vos positions sur le marché du crédit ?

Nous restons positifs concernant la dette financière européenne, et ce, malgré le resserrement des rendements. Nous privilégions également la dette brésilienne et la devise mexicaine, devise malmenée en amont de l'élection aux USA.  

 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)

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