L’International Trademark Association (Inta) a élu à sa tête pour l’année 2016 Ronald van Tuijl. Face à lui, de nombreux défis en matière de propriété intellectuelle se dressent : la contrefaçon et les emballages neutres en tête. L’association internationale des détenteurs de marques basée à New York, concentre ses efforts sur la croissance et la globalisation de l’activité de ses membres.

Décideurs. Quels sont les principaux défis liés à la propriété intellectuelle aujourd’hui ?

Ronald van Tuijl. Parlons d’abord de la contrefaçon. Ce problème n’est pas nouveau mais au vu de l’ampleur et des risques inhérents à ce phénomène, il est nécessaire de l’aborder encore et toujours. L’Inta a développé des stratégies pour lutter face à la contrefaçon à l’échelle globale. Nous réalisons des efforts continuels pour comprendre le rôle des départements de propriété intellectuelle des multinationales afin d’harmoniser les solutions à mettre en place contre ce fléau. Nous avons aussi noué un partenariat avec le Bascap (Business Action to Stop Counterfeiting and Piracy) pour co-organiser davantage d’ateliers concrets visant les propriétaires de droits.

Le second défi majeur auquel nous devons faire face est celui des emballages neutres. Je crois fermement que le paquet neutre est davantage un problème lié à l’univers des marques plutôt qu’à l’industrie du tabac. D’autres secteurs pourraient être touchés à l’avenir. Dans le but d’éviter cela, l’Inta travaille avec les gouvernements pour ne pas laisser des textes de loi violer les traités mondiaux.

 

Décideurs. L’Inta poursuit sa croissance à l’international. Le bureau de Singapour vient d’ouvrir ses portes, qu’en est-il de l’Amérique latine ?

R. van T. Plusieurs raisons nous ont incités à ouvrir ce bureau à Singapour. Le pays est régulièrement classé parmi les plus compétitifs pour y faire des affaires et il dispose également des meilleures lois en Asie quant à la protection de la propriété intellectuelle. En outre, cette cité-État est au cœur du continent qui soulève de nombreuses difficultés pour nos membres. Il est temps d’affronter les problèmes de cette région en matière de préservation des marques.

Pour l’Amérique latine, nous avons déjà mené de nombreuses actions dans cette région par le passé. En 2015, nous avons notamment organisé une rencontre de grands dirigeants à Panama City. C’était la première fois qu’un tel événement organisé par l’Inta se déroulait hors des États-Unis. Nous comptons sur nos délégations au Brésil et en Argentine, et l’ouverture d’un bureau sur le continent est à l’étude pour soutenir nos activités sur place.

 

Décideurs. Pouvez-vous décrire le groupe de travail que vous avez lancé pour réfléchir au rôle des spécialistes de la propriété intellectuelle au sein des entreprises ?

R. van T. Comme les lois concernant la propriété intellectuelle ne cessent d’évoluer, il est essentiel de s’assurer que les professionnels des marques soient bien familiers des textes les plus récents. Au moment de monter ce groupe de travail, il fallait fixer les rôles des praticiens en interne, le positionnement de leurs équipes ainsi que les aider à poursuivre leurs projets. Aujourd’hui, ce groupe de travail réunit des acteurs du monde entier aux parcours les plus divers. Nos membres réguliers et nos membres associés comme les cabinets d’avocats s’y retrouvent pour échanger.

 

Décideurs. Votre expérience de la propriété intellectuelle s’étend des nouvelles technologies aux biens de consommation et au tabac. Comment parvenez-vous à maîtriser les évolutions de ces différentes industries ?

R. van T. J’ai eu la chance de travailler en tant que conseiller juridique interne au sein de nombreuses multinationales dans des secteurs variés. J’assiste à de nombreux ateliers et participe à autant de programmes de formation ou séminaires que possible, même s’ils ne sont pas directement reliés à mon travail quotidien. Je lis énormément, surtout lorsqu’il s’agit de nouveautés en matière de propriété intellectuelle et de jurisprudence. Je reste aussi attentif aux nouvelles tendances grâce aux discussions que je peux partager avec mes pairs.

 

Décideurs. Quel conseil donneriez-vous aux nouveaux spécialistes de ces questions en entreprise ?

R. van T. Soyez curieux. Soyez proactif. Si vous saisissez toutes les opportunités et que vous posez les questions pertinentes, votre travail devient bien plus intéressant. 

 

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