À quelques jours de la primaire de la gauche, le socialiste espère encore pouvoir tirer son épingle du jeu avec un programme économique résolument social.

Si les sondages le voient comme le troisième homme de la primaire du PS, Benoît Hamon pourrait bien renverser la vapeur. Face à ses deux principaux rivaux – Manuel Valls et Arnaud Montebourg –, le député des Yvelines tente d’incarner un renouveau à gauche. Souhaitant réconcilier les « gauches irréconciliables » de Jean-Luc Mélenchon à Yannick Jadot en passant par Ségolène Royal, celui qui soutenait Martine Aubry en 2011 milite en faveur d’un « progrès social et écologique ».

 

Revenu universel d’existence

 

Parmi ses mesures phares, Benoît Hamon propose de refonder notre rapport au travail grâce à la création d’un revenu universel d’existence financé par une réforme de l’impôt sur le patrimoine et dont le coût total s’élèverait à 300 milliards d’euros. Une « révolution sociale » en trois étapes qui débuterait par une augmentation du RSA de 10 % à hauteur de 600 euros. Celui-ci serait versé à tous les ayants droit et aux jeunes de 18 à 25 ans quel que soit leur niveau de ressources. « Ce revenu sera ensuite étendu à l’ensemble de la population, peut-on lire sur le site de campagne de Benoît Hamon. À terme, il atteindra la somme de 750 euros. » S’il est persuadé que la réforme est « réaliste », l’ancien ministre de l’Éducation reconnaît qu’elle ne pourrait s’appliquer « du jour au lendemain ». Une solution permettant d’éradiquer la grande précarité ? Oui, du moins en partie selon l’économiste Marc de Basquiat, interrogé par Capital« Les personnes les plus pauvres y gagneraient, en particulier les couples, estime l’expert. À l’inverse, les retraités, hormis les plus modestes, seraient touchés car ils bénéficient actuellement de beaucoup d’exonérations fiscales. »

 

 « Un modèle de développement plus tempérant »

 

Au-delà de la lutte contre la précarité, le programme du candidat Hamon prévoit de replacer l’humain au cœur de l’économie du pays. « Nous voulons engager la transition de notre modèle de développement pour le rendre plus tempèrent et plus respectueux de l’homme et des biens communs », propose l’ancien député européen. Pour engager cette transition, Benoît Hamon mise notamment sur l’économie sociale et solidaire. L’objectif ? Que celle-ci atteigne 20 % du PIB en 2025 (contre 10 % aujourd’hui). « Je soutiendrai la création d’emplois de qualité dans l’économie sociale et solidaire en ciblant sur une partie des aides actuelles réservées aux entreprises classiques sur ce secteur d’avenir », promet-il. Une mesure qui serait accompagnée d’une baisse du temps de travail par un « droit inconditionnel au temps partiel ». Les entreprises seraient financièrement encouragées à réduire le temps de travail de leurs salariés, même si la durée légale resterait à 35 heures. La loi Travail serait quant à elle purement et simplement supprimée, afin que le code du travail « continue de prévaloir sur les accords négociés par les branches et les entreprises ». Quant au Smic et aux minima sociaux, ils seraient revalorisés à hauteurs de 10 %. Enfin, fidèle au projet qu’il porte depuis plusieurs années, Benoît Hamon propose de reconnaître le burn out comme maladie professionnelle. Les entreprises seraient ainsi responsables en cas de « souffrance au travail » de leurs salariés. Un programme qui pourrait séduire bien des électeurs à gauche et qu’il aura l’occasion de défendre lors des trois débats télévisés les 12, 15 et 19 janvier prochains.

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

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