Avec l’annonce du lancement d’Écologistes !, l’horizon de l’écologie politique en France plonge dans une brume polluée. Le courant vert, déjà malmené, s’en remettra-t-il ?

C’est officiel, les Verts « sont éparpillés dans la nature - ce qui n’est pas forcément étonnant pour des écologistes?! » François de Rugy, en annonçant non sans une dose d’humour la naissance de son nouveau parti Écologistes ! dans une interview exclusive à Ouest-France, prend donc acte de la dispersion (un feuilleton estival généralisé). À tel point que l’on se demande ce que vont bien dire Antoine Waechter et son parti nommé... « Les Écologistes - Mouvement écologiste indépendant ». Les points d’exclamation auront beau se multiplier - le logo exact encadre le nouveau-né de deux points d’exclamation (photo) -, se pose maintenant la question de l’affirmation d’écolos en déroute. Jean-Vincent Placé et Jean-Luc Bennahmias seront de la partie pour cette formation qui se veut plus « un réseau » selon François de Rugy, dans « une démarche fédérative avec d’autres petits mouvements, comme le Front démocrate ou Génération Écologie »« C’est Jean-Vincent Placé qui s’occupera de coordonner cette union », précise le député de Rugy.


Strapontin ou no future ?

La structure ouvre autant une nouvelle fenêtre pour une aventure gouvernementale, les intervenants ne cachant pas être compatibles avec le gouvernement et de « centre gauche », qu’elle clôt le mouvement initié par Daniel Cohn-Bendit, Europe Écologie-Les Verts. Si le sénateur Jean-Vincent Placé estimait il y a peu que ce parti « se fourvoie dans une dérive gauchiste » pour expliquer son départ, le frère de Dany le Rouge, Gabriel, fin connaisseur des rouages de l’écologie politique, affirmait fin août sur FranceTVInfo « qu'aujourd'hui, l'existence d'un parti écolo ne signifie rien ». Et de préciser que « la belle idée d'une grande formation [EE-LV] qui se voulait différente des autres » était dès le départ faussée voire cadenassée par les dirigeants des Verts comme… Jean-Vincent Placé.


Coûts et conséquences

Pour EE-LV, il va falloir s’adapter : endettement lié à l’échec de la présidentielle 2012, baisse des dotations publiques ou départs annoncés et à venir vont grever sur la longueur les comptes et cotisations du parti. On estime à 46 000 euros annuels le manque à gagner pour chaque départ, auxquels s’ajoutent 1 500 euros versés mensuellement par les députés et sénateurs sur leur indemnité de fonction. La Chocolaterie, le fief parisien acquis en 2003 pourrait en faire les frais. Pour Cécile Duflot, c’est coûte que coûte ! Si elle évoque au sujet de la scission un renoncement « à la transformation écologiste » et la volonté de se contenter d’une adaptation au monde tel qu’il est aujourd’hui, elle avoue dans Libération préparer la présidentielle de 2017 avec pour « priorité la déminorisation de l’écologie, c’est-à-dire construire une force capable d’exercer pleinement le pouvoir ». Toute seule ?


Q. L.

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