Pinsent Masons, qui vient d’ouvrir à Munich, Paris et Istanbul, est maintenant présente tant à l’international que dans sa zone d’origine, le Royaume-Uni.
Pinsent Masons, firme britannique construite et développée autour de ses métiers phares, le droit de la construction, l’arbitrage et le restructuring, est très implantée au Royaume-Uni avec onze bureaux. Elle débute sa phase d’expansion en Europe continentale en 2012 après s’être assurée une forte présence en Asie et au Moyen-Orient.

La fusion comme stratégie de croissance
La constitution de la firme, dont les origines remontent à 1769, est née d’une succession de fusions. Elles ont eu pour objet dans un premier temps d’asseoir la position de Pinsent Masons au Royaume-Uni. La première opération de croissance emblématique est intervenue en 1995 avec le mariage des cabinets Pinsent & Co, basé à Birmingham, et Simpson Curtis, originaire de Leeds. Le rapprochement donne naissance à Pinsent Curtis, un cabinet dédié au commerce international. En 2001, la fusion de la structure avec Biddle & Co, un cabinet réputé en médias, entraîne la création de Pinsent Curtis Biddle qui réunit alors 190 associés. Mais celle qui a véritablement créé une marque exportable est intervenue en décembre 2004, date de la fusion entre Pinsent et Masons. À l’époque, l’idée est de se développer en ouvrant la pratique corporate de Pinsent à la clientèle de Masons, tournée vers la construction et l’IT.
En mai 2012 enfin, la fusion avec McGrigors, une firme majeure sur le marché britannique, a marqué les esprits. McGrigors, qui trouve ses origines en Écosse, a absorbé en 2008 une boutique londonienne spécialisée en contentieux (Reid Minty). Il booste ensuite ses équipes dans ses bureaux de Manchester et de Belfast. Le cabinet a également ouvert un bureau à Doha en 2011 et signé un partenariat avec la firme américaine Husch Blackwell la même année. La fusion de Pinsent Masons et McGrigors donne naissance à un cabinet dégageant plus de 300?millions de livres sterling de chiffre d’affaires en 2012.
La réussite de cette succession d’opérations d’intégration permet à Pinsent Masons d’être présent dans onze villes du royaume, avec treize bureaux. Londres, qui réunit aujourd’hui cinq cents avocats, est devenu entre-temps le vaisseau amiral du groupe. Tout pour réussir l’expansion internationale qui se prépare alors, et qui débute par l’Asie dès le début des années 1980.
C’est en effet en 1982 que Pinsent Masons ouvre son premier bureau en Chine, à Hongkong. Cette porte d’entrée en Asie permet aux équipes britanniques de développer leurs activités en infrastructures et projets immobiliers, un positionnement qui se diffusera ensuite dans chacun des bureaux asiatiques de la firme et qui guidera leur développement. Vingt ans après cette première implantation, Pinsent Masons entame sa seconde phase d’expansion dans la zone. Shanghai en 2002, Pékin en 2007 et Singapour en 2011 font du britannique un acteur incontournable des projets immobiliers en Asie, une solide base pour développer ses activités TMT et corporate.

La conquête de l’Europe
Le continent européen est l’objectif des années 2010. Pour mener à bien sa conquête, la firme scelle en juin 2009 une alliance avec le cabinet européen Salans, déjà présent en Allemagne et en France. Les deux cabinets poursuivent cependant des stratégies différentes, et c’est donc tout naturellement que l’alliance prend fin en décembre 2011. Pinsent Masons décide alors de lancer son développement en Europe par l’Allemagne, une priorité pour suivre l’expansion de ses clients. Grâce à l’arrivée de sept associés spécialisés en contentieux complexe, corporate et IT, l’équipe est constituée. Elle sera rapidement renforcée par plusieurs recrutements d’associés et de collaborateurs.
Un an plus tard, Pinsent Masons entame son troisième projet d’expansion, en lien direct avec l’équipe allemande : la Turquie. À Istanbul, un bureau dédié à la construction et à l’arbitrage, deux matières phares de la firme, ouvre ses portes en mars 2013, six mois après l’installation à Paris.

Échanger pour comprendre
Paris a vu l’arrivée de Pinsent Masons en septembre 2012. Une équipe de vingt et un avocats est totalement intégrée à la firme, opération qui n’effraie pas Pinsent Masons, maintenant habitué aux rapprochements et fusions. Gareth Edwards est entièrement dédiée à la mission d’intégration des nouvelles équipes, tant sur le plan matériel que personnel. L’associé en charge du développement international de Pinsent Masons est en lien direct avec David Ryan, managing partner de la firme, pour assurer sur le long terme l’aboutissement des projets de fusion et la prise de contact avec David Ryan. Dans la pratique, chaque nouvel associé parisien a rencontré l’associé dirigeant sa pratique au Royaume-Uni et rencontre directement l’ensemble du département dans chacun des bureaux de Pinsent Masons. «?Ces rencontres sont particulièrement importantes entre les associés français et britanniques. En effet, ces derniers sont particulièrement spécialisés tandis que nous sommes plus généralistes dans nos matières d’intervention. Il est donc important d’échanger pour comprendre quelles sont les activités de chacun et identifier les bonnes personnes pour chaque question que nous sommes amenés à traiter?», explique Anne-Laure Fonade, associée parisienne en droit immobilier.
Pinsent Masons réalise à Paris une opération que la firme tentait de mener à bien depuis plusieurs mois déjà. Les contacts avec Salans par exemple n’étaient plus un secret sur la place parisienne, aussi peu que ceux avec le cabinet français Granrut Avocats. Il était devenu urgent de trouver une équipe full service pour servir les intérêts des clients français du britannique, nombreux et importants, à l’image de Bouygues, EDF ou Saint-Gobain. Le droit de la construction, de l’immobilier et le contentieux étaient les éléments cruciaux à retrouver dans l’équipe parisienne. L’équipe dirigée par Christoph Maurer est d’autant mieux placée pour intégrer la firme britannique que tous ses membres partagent la culture des cabinets anglo-saxons.

Le reste du monde au bout des doigts

Cette diffusion de la culture de la firme anglo-saxonne, et plus précisément des valeurs de simplicité et d’engagement partagées au sein de Pinsent Masons, est la clé de la réussite de la croissance du cabinet tant en interne qu’à l’international. C’est la stratégie que compte poursuivre la firme pour assurer son succès dans les zones géographiques où elle n’intervient encore qu’indirectement. Les États-Unis, on le sait, sont un enjeu crucial pour les cabinets ambitieux. Le secteur industriel autant que les entreprises de l’IT y semblent incontournables, particulièrement pour Pinsent Masons qui a fondé sa pratique sur ces matières. Mais le marché a connu quantité de tentatives de fusions outre-Atlantique qui ont finalement échoué et nombreux sont les cabinets anglais qui cherchent depuis de longues années chaussure américaine à leur pied. Quant aux diverses formules qui ont abouti, elles ont donné lieu à de profondes restructurations conduisant au départ volontaire ou forcé de nombreux associés. Au cœur des difficultés rencontrées : le fossé entre la pratique du métier au Royaume-Uni, qui s’apparente au reste de l’Europe continentale, et celle des avocats américains. Pinsent Masons a largement étudié les possibilités qui s’offrent à lui pour croître aux États-Unis. Pour le moment, la firme se « contente?» d’intervenir en Amérique du Nord grâce à la constitution d’un réseau de cabinets partenaires, poursuivant ainsi la croissance de ses activités dans la région.
L’Afrique, en revanche, est au centre de l’attention de Pinsent Masons. L’ouverture à Paris faisait aussi partie de cette stratégie d’intervention croissante en arbitrage international et projets d’infrastructure, de développement IT et d’exploitation d’énergie de la firme. Avec une présence de plus de cinq cents avocats à Londres et un point d’accès direct à la Chambre de commerce internationale de Paris, la firme entend devenir un acteur majeur tant dans les pays anglophones que dans les zones francophones.
Du côté de l’Asie, où le cabinet est déjà bien implanté avec des bureaux à Pékin, Shanghai, Hongkong et Singapour, le business se développe en toute logique. L’Inde reste bien sûr un marché important à conquérir, mais encore trop fermé par sa législation restrictive concernant l’installation des avocats étrangers. L’objectif de Pinsent Masons est de maintenir sa ligne de conduite, qui consiste à achever un projet de fusion avant d’en entamer un suivant, afin de s’assurer de la bonne intégration de chaque nouvelle équipe.

Les origines provinciales, moteur d’une expansion internationale
L’identité Pinsent Masons ? Un cabinet «?qui ne se prend pas au sérieux?», selon les associés français. L’important est d’accompagner le client dans tous ses projets, non pas uniquement sur les gros deals. Cette politique induit une grande créativité dans les systèmes de facturation, qui vont jusqu’au forfait pour les clients les plus importants. Mais dans la pratique du métier d’avocat, pas de distinction entre gros et petit client, de même pour les dossiers. C’est ici que le positionnement originel du cabinet refait surface : nés entre Birmingham et Leeds, la firme n’a pas la prétention des cabinets londoniens dédiés au monde de la finance. Son origine conditionne sa culture, tout en évitant une mise en concurrence qui pourrait lui être défavorable.
En interne, la structure est organisée en partnership mondial, garantissant à chaque associé une rémunération proportionnelle à son engagement. Pour cela, le partnership classique s’est transformé dès 2008 en LLP (limited liability partnership). «?Nous n’avons pas changé nos taux horaires?», précise Anne-Laure Fonade, prouvant une nouvelle fois que l’interaction de l’équipe avec Pinsent Masons est avantageuse. Cette méthode de rémunération ajoute à l’investissement de chacun au développement de la firme, ne laissant aucune équipe locale en vase clos. Il arrive ainsi que la rémunération d’un counsel atteigne celle d’un jeune associé si ses performances le méritent, poussant naturellement au business development et à la multiplication des actions pour le groupe tout entier.



L’aboutissement parisien de Pinsent Masons

L’arrivée du britannique Pinsent Masons à Paris en septembre 2012 a confirmé les rumeurs qui couraient depuis plusieurs mois sur les ambitions de la firme dans la capitale. C’est grâce à toute une équipe de chez Marccus Partners que l’opération se finalise.
Christoph Maurer, qui dirige le nouveau bureau, explique par des facteurs historiques et stratégiques les motivations du côté français : « Tous, nous souhaitions reprendre notre liberté face au réseau Mazars et à son correspondant français, Marccus Partners. Les conflits d’intérêts étaient trop nombreux puisqu’il existe une incompatibilité avec les entreprises dont Mazars est commissaire aux comptes. Or, Mazars conseille environ un tiers des sociétés du CAC 40.?». Pour l’ensemble de ses clients, l’équipe de Marccus Partners se trouvait dans l’impossibilité d’intervenir en matière de négociation contractuelle et contentieux notamment.
Plus positivement, Pinsent Masons était le candidat idéal puisqu’il présente, au-delà d’un réseau international permettant le développement croissant de l’activité de chacun d’eux, un positionnement industriel qui correspond parfaitement aux métiers suivis par les associés parisiens.

Trois métiers phares

Les pôles construction/arbitrage et financement de projet représentent la moitié de l’activité de la firme. Christoph Maurer et Christophe Clerc, ayant respectivement une spécialité en private equity et droit boursier, codirigent l’activité corporate/M&A en France. Pierre François, spécialiste du droit bancaire et financier, et Antje Luke, en corporate/M&A, complètent l’équipe avec quatre collaborateurs. Dernièrement, le cabinet a conseillé Veolia Environnement pour des joint-ventures à Dubaï et Eurotunnel pour des questions de gouvernance. Pour les clients français, elle conseille les sociétés cotées et non cotées lors de leurs acquisitions en France et à l’étranger. La clientèle du cabinet est également composée de sociétés de gestion, de groupes assurances étrangers et d’industriels (automobile, software, etc.). Christophe Clerc, par ailleurs general manager du bureau parisien, ajoute au pôle sa spécialité en droit boursier, grâce à son expertise acquise aux côtés des institutions et du pouvoir réglementaire. Membre de la commission émetteurs de l’AMF depuis six ans, il a rédigé une partie de la loi de transposition de la directive européenne OPA de 2006. Il travaille également pour la Commission européenne et conseille le Parlement européen lors de ses travaux préparatoires à la rédaction de textes, notamment sur les OPA, et intervient aussi sur ces textes en France.
Le droit immobilier, dirigé par Anne-Laure Fonade, est également une matière majeure de l’équipe, qui intervient en real estate opérationnel (réaménagement de sites, agrandissement, dépollution de sites, vie de l’industrie), transactionnel (acquisition, cession immobilière, asset deal, share deals, etc.) et contentieux. L’activité de l’équipe est particulièrement tournée vers le secteur de l’hôtellerie, en lien direct avec Londres et le Moyen-Orient, et du retail entre le droit commercial et celui de la distribution. Enfin, le volet urbanisme et construction, déjà appréhendé par l’équipe, est maintenant devenu un réel objectif de développement de l’activité.
Pierre Forget, head of restructuring chez Marccus Partners, conserve chez Pinsent Masons cette mission d’associé dirigeant de l’équipe entreprises en difficulté, en lien direct avec les équipes corporate et droit social (dirigée par Jean-François Rage). Débutant sa carrière auprès d’administrateurs judiciaires, il bénéficie d’une expérience tant en contentieux qu’en précontentieux. Il exerce à présent en étroite collaboration avec Pierre François, qui prend en charge les aspects contractuels techniques et le traitement de la dette bancaire. Il intervient également dans un contexte spécifiquement international puisque pas moins d’une trentaine d’associés à Londres sont spécialisés en restructuring.

Vers le full service
La pratique des TMT est quant à elle en forte progression sous l'impulsion d'Emmanuel Gougé qui en assure la croissance. L’équipe, qui n’avait pas de tax partner lors de son intégration chez Pinsent Masons, vient d’accueillir son ancienne associée en droit fiscal chez Marccus Partner, Eugénie Berthet. Depuis septembre, elle est accompagnée d’un collaborateur senior, ex-Slaughter & May et PWC. L’expertise d’Eugénie Berthet est particulièrement adaptée à la nouvelle équipe puisque, à l’inverse de ses associés restés chez Marccus Partners, elle a développé sa clientèle et sa propre pratique.
L’arbitrage faisait également partie des domaines en cours de renfort lors de la construction du bureau. C’est chose faite depuis l’arrivée de Frédéric Gillion, qui a d’abord rejoint Londres avant d’intégrer Paris en septembre. Il est accompagné de Peter Rosher, un avocat britannique ancien de chez Clifford Chance qui a fait sa carrière à Paris. Ce dernier intervient tant en arbitrage qu’en construction, un profil forgé pour Pinsent Masons.
Au total, avec les nombreux renforts qu’a connus le bureau depuis sa création, l’effectif est porté à douze associés, un counsel et treize collaborateurs. Le ratio d’un associé pour un collaborateur va évoluer par les recrutements qui devraient intervenir prochainement. « Nous souhaitons maintenir ce rythme de croissance, annonce Christoph Maurer, et atteindre une cinquantaine d’avocats très rapidement. Mais cela ne se fera pas sans raison et l’objectif de qualité primera sur le nombre.?»

Objectif monde
L’objectif de la firme pour son équipe parisienne est maintenant de développer l’activité et ses services à l’échelle mondiale. Les regards se tournent notamment vers le développement de la pratique de l’arbitrage international à travers l’importance jouée par Paris, place majeure dans le domaine. L’Afrique représente dès lors un enjeu de taille : les pays anglophones donnent déjà lieu à une importante activité en financement de projet entre Londres et Pékin. L’appui du groupe construction/arbitrage, un des plus réputés, soutient l’activité. Le but poursuivi est donc maintenant de développer les interventions dans les pays francophones à travers l’implantation parisienne. L’équipe est déjà présente en Afrique du Nord et Afrique noire, tant pour des dossiers en M&A qu’en immobilier. Le secteur industriel (infrastructures, énergie et télécoms) constitue le principal axe de développement. L’équipe, ambitieuse, ne s’interdit pas d’envisager une implantation directe en Afrique du Sud par exemple, pays faisant le lien entre toutes les activités de la firme.

Lire l'interview de David Ryan, managing partner, Pinsent Masons


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