Patrick Folléa dresse un état des lieux de la banque privée de la Société Générale dans un marché français que les récentes opérations de M&A n'ont pas « fondamentalement » bouleversé selon lui.

Le marché de la banque privée est très concurrentiel. Comment se différencie Société Générale Private Banking ? L’adossement à un réseau procure-t-il un avantage décisif ?

L’adossement à un réseau bancaire est certainement un avantage. Il permet notamment d’établir des liens avec la clientèle des entreprises et de profiter de la qualité de la relation déjà développée avec leurs actionnaires et leurs dirigeants. Nous faisons partie, me semble-t-il, des banques qui ont bien réussi la liaison entre leur banque privée et leur banque de réseau, sujet qui n’a jamais été simple. Depuis 2014, Société Générale Private Banking est installée dans quatre-vingts villes en France. En 2016, nous avons créé Société Générale Entrepreneurs, un dispositif-expert intégré à disposition des propriétaires actionnaires de groupes familiaux, PME et ETI. Au travers de ce dispositif, nous offrons aux chefs d’entreprise un point d’entrée unique pour traiter leurs sujets stratégiques, qu’il s’agisse de problématiques personnelles ou de haut de bilan en leur donnant accès à la fois à nos expertises de banque privée, de banque d’investissement et d’immobilier.

 

Vous faites partie de ceux qui estiment que les apports du digital sont très positifs.

La transformation digitale modifie nos vies et affecte notre métier de banque privée. Des outils de plus en plus intelligents vont venir appuyer notre activité, notamment sur sa dimension d’expertise : ingénierie patrimoniale, conseil en investissement et gestion d’actifs. Demain de nouveaux outils pourront délivrer, jusqu’à un certain niveau, un conseil juridique et fiscal ou un conseil en investissement financier. Ils permettront ainsi aux clients d’être aidés directement. Je vois le digital comme quelque chose de très positif de ce point de vue-là. Ces outils intelligents vont aider à améliorer la qualité du service rendu. Mais ne nous y trompons pas : l’essence même de notre métier est et restera relationnelle. Même aidé par le digital, le métier continuera de reposer sur une relation de proximité et de confiance entre un banquier, une banque et son client.

Les clients devraient être les grands bénéficiaires de la transformation digitale

 

Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

Mon premier objectif est de poursuivre notre croissance que je souhaite la plus harmonieuse possible, c’est-à-dire qu’elle puisse assurer un équilibre optimal entre les relations humaines et l’utilisation des outils numériques. Plus généralement, nous avons une vision optimiste des années qui viennent, pour autant que les organisations soient en ordre de marche. Les clients devraient à mon sens être les grands bénéficiaires de la période qui s’ouvre. Ce constat peut paraître contre-intuitif par rapport à celle qui s’achève, tant il est vrai que nous sortons d’une période de dix ans particulièrement difficile pour le métier où les contraintes réglementaires ont fortement augmenté et où les investissements en outils informatiques ont été massifs, sans que les clients perçoivent toujours leur valeur-ajoutée. Je suis toutefois persuadé que ces investissements vont porter leurs fruits.

 

Comme en témoigne, les rapprochements entre Rothschild & Co et la Compagnie financière Martin Maurel ou celui d’UBS et de Banque Leonardo France, le secteur connaît de nombreux mouvements.

Je trouve au contraire le marché français relativement stable et je pense qu’il va le rester. Il y a effectivement des transactions, mais elles sont relativement petites et ne déplacent pas fondamentalement les lignes. Les grands réseaux bancaires ne sont pas prêts à céder leur banque privée, or ils tiennent au moins 70 % du marché. Les banques privées « non adossées » ont évidemment toute leur place mais n’ont pas réalisé d’opérations structurantes à l’exception peut-être de celles que vous évoquiez. Le marché français n’a de ce point de vue rien à voir avec celui de la Suisse par exemple, qui a enregistré des consolidations très importantes. Dans ce marché très atomisé, on estime que 30 % à 40 % des banques privées helvétiques ont disparu. 

 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)

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