L’élu de l’Aube a été le seul député à voter contre la loi pour une République numérique le 26 janvier dernier.

Décideurs. Pourquoi avez-vous décidé de voter contre la loi pour une République numérique ?

Nicolas Dhuicq. Le projet de loi qui nous a été soumis répond aux questions du droit à l’oubli et de la protection des données mais pas à celle d’un accès équitable aux infrastructures sur tout le territoire. J’ai pourtant la conviction que c’est une problématique essentielle, surtout en ce qui concerne une loi dite pour une « République numérique ». Le nom même de la loi est une escroquerie intellectuelle, car elle ne contient aucune mesure permettant un accès à Internet sur tout le territoire. Nous devons impérativement répondre à ce genre de question sous peine de voir le Front national continuer à récupérer tous les électeurs mécontents, sans rien proposer. De façon générale, je regrette l’absence de plan dans notre politique publique actuelle.

 

Décideurs. Votre réflexion va donc au-delà de cette loi…

N. D. Oui, car celle-ci illustre un système qui aujourd’hui formate et écrase les individus, or les Français attendent des politiques qu’ils prennent des décisions. Mais l’opinion publique est parfois contradictoire. Les Français sont par exemple en majorité favorables au mandat unique. Les parlementaires ont pourtant besoin d’un ancrage local pour connaître la réalité du quotidien de ces territoires. Je remarque d’ailleurs que les élus issus des grandes villes (la majorité) ignorent ce qui se passe en dehors des zones urbaines. Nous assistons à une baisse du niveau culturel en France et les élus sont à l’image de la société.

 

Décideurs. Avez-vous l’impression que les parlementaires ont l’esprit ailleurs ?

N. D. De façon générale, les politiques comme l’ensemble des citoyens doivent faire l’effort de trier l’information qu’ils reçoivent pour différencier l’essentiel et le superficiel. Envisageons-nous l’avenir avec certaines zones blanches à tout niveau (santé, service public, Internet), ou avons-nous encore une vision nationale du territoire avec une égalité de traitement ? Je pense que la question mérite d’être posée. Nous sommes à l’évidence à un moment de notre histoire où le discours politique est morcelé. Nous n’arrivons pas à penser dans la globalité.

 

Propos receuillis par Capucine Coquand.

 

Ariane Mole, associée chez Bird & Bird revient pour Décideurs sur quelques points clés de la loi pour une République numérique.

 

La loi numérique adoptée à la quasi-unanimité par l’Assemblée

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