Parce que les changements peuvent être source d’opportunités, Cyrus Conseil développe un nouveau modèle économique pour la profession de CGPI.

Décideurs. Cyrus conseil s'est forgé une place de choix dans le paysage de la gestion privée. Quels ont été vos axes de développement ?

Meyer Azogui.
Le groupe repose sur quatre piliers. Le premier est celui d’être un acteur global. Nous abordons l’ensemble des activités de la gestion de patrimoine : du conseil juridique et fiscal à l’immobilier en passant par la gestion d’actifs. Dans ce cadre, nous couvrons trois typologies de clientèle à travers la gestion privée, la gestion de fortune et un family office. Le second pilier met en avant notre rôle d’expert. Nous sommes nés de l’expertise juridique et fiscale, elle est notre ADN. Créer de la valeur par le conseil est, à mon sens, la condition sine qua non pour exister et se développer. Le troisième socle est notre indépendance. Nous contrôlons notre capital à hauteur de 63?%. Une structure indépendante ne se limite désormais plus à la seule architecture ouverte. Cette indépendance doit être capitalistique et financière. Enfin, notre quatrième pilier repose sur notre modèle entrepreneurial. Près de la moitié de nos collaborateurs sont actionnaires de la structure. Ce modèle que je qualifierais même d’«?intrapreneurial?» nous permet de faire évoluer des professionnels ayant un véritable esprit d’entrepreneur dans une structure salariée.

Pour vous, quels sont les prochains relais de croissance des indépendants du patrimoine ?

Certains évoquent la prévoyance, mais nous n’y sommes pas vraiment favorables pour plusieurs raisons : le sac à dos de nos consultants patrimoniaux est déjà bien rempli et je ne vois pas comment il pourrait supporter une nouvelle matière, très technique qui plus est, qui peut s’avérer chronophage. J’estime au contraire que la prévoyance pourrait entraîner un malaise susceptible de détériorer la relation du conseiller avec ses clients, notamment sur les questions d’indemnisation qui, par nature, leur échappent. Entre la complexité de l’environnement fiscal ou juridique et celle des marchés financiers, qui se combinent à des phénomènes sociétaux, un boulevard s’offre aux professionnels de la gestion de patrimoine. Plus généralement, je m’interroge sur le fait qu’un gestionnaire de patrimoine indépendant puisse continuer à faire de l’allocation d’actifs. Compte tenu des contraintes et des responsabilités qui pèsent sur lui, ne va-t-il pas être obligé de scinder son activité de conseil juridique et fiscal et son activité de conseil financier ? Les CGP pourraient même en venir à «?s’autocensurer?». Pour cette raison, les effets de taille et la notoriété de marque me semblent deux atouts indispensables pour continuer à exercer sereinement son activité.

L'inflation réglementaire doit-elle être regardée comme une contrainte ou comme une source d'opportunités ?

Pour créer de la valeur, on commence toujours par en détruire. En soi, l’objectif des pouvoirs publics est louable, car leur but est de défendre le consommateur final. Cette inflation réglementaire a notamment permis d’éliminer les «?brebis galeuses?». Hélas, les plus petits acteurs vont désormais avoir toutes les peines du monde à exercer leur métier. Une concentration aura forcément lieu et se fera avec des acteurs d’une taille plus importante. En revanche, les professionnels dont le développement repose sur le modèle des family offices, avec une transparence des rémunérations et une facturation du conseil en honoraires, pourront continuer leur croissance. Les autres devront se regrouper.

Quelles seraient les conséquences d’un passage à une rémunération basée sur la facturation ?

Nous reviendrons tout simplement à une vérité des prix qui fera que les «?petits clients?» n’auront plus personne pour s’occuper d’eux, même si la digitalisation va désormais permettre de traiter, pour leur partie financière, les clients dont le patrimoine est peu important. La création et la matérialisation de la valeur ajoutée générée par le conseil deviennent les seuls moyens de survivre. Je vois mal la complexité juridique fiscale et financière être traitée par algorithme. Mais encore faut-il laisser le temps à la profession de s’organiser. Soyons réalistes ! Si demain les rétrocommissions étaient supprimées, cela engendrerait la disparition de près de 50?% des acteurs.

Propos recueillis par A. F.

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