Le 1er juin 2017, les États-Unis de Donald Trump ont acté leur choix de sortir de l'Accord de Paris sur le climat. Un séisme cependant loin de sceller le sort de la planète.

« À partir d’aujourd’hui, les États-Unis cesseront toute mise en œuvre de l’accord de Paris et se dispenseront de l'engagement financier. » Vingt ans après s'être opposés au protocole de Kyoto, les États-Unis remettent le couvert. Émanant du Sénat il y a deux décennies, c'est par la voix de son président, Donald Trump, que l'Amérique a réaffirmé aux monde que les préoccupations environnementales ne sont plus inscrites sur la bannière étoilée.

 

Condamnation mondiale et unanime

Dès l'annonce, s'en est suivie une symphonie de critiques. Aux « regrets » d'Angela Merkel, succède la « déception » de Justin Trudeau. « Les États-Unis ont tourné le dos au monde » pour un Emmanuel Macron qui, opportuniste, a appellé les scientifiques et entrepreneurs américains à venir travailler en France où « ils trouveront une seconde patrie, et des solutions concrètes ». « Décision funeste » surenchérit François Hollande et même un « grave délit contre l'humanité » s'emporte Ségolène Royal. Aucun qualificatif n'est trop fort pour dénoncer une décision qui est cependant loin d'être une surprise, le nouveau locataire de la Maison Blanche ayant affiché bien avant son élection sa volonté claire de liquider minutieusement l'héritage laissé par son prédécesseur. Au milieu de cette course à qui trouvera la plus belle formule pour taper sur Trump, c'est la réaction de Barack Obama fait le plus sens : « Même en l’absence de leadership américain, même si cette administration se joint à une petite poignée de pays qui rejettent l’avenir, je suis certain que nos États, villes et entreprises seront à la hauteur et en feront encore plus pour protéger notre planète pour les générations futures. »

 

Décision dangereuse mais pas fatale

En effet, s'il ne convient assurément pas de minimiser l'impact d'une telle décision, la donne est tout de même différente par rapport à Kyoto. Là où il y a vingt ans, le monde entier était suspendu à la décision américaine, considérant que la réussite d'un tel protocole ne pouvait se faire qu'avec l'aval de l'Oncle Sam, beaucoup semblent aujourd'hui persuadés, à raison, que l'avenir climatique de la planète s'écrit plutôt en mandarin. Comme un symbole, la Chine et États-Unis, respectivement premier et deuxième pollueurs mondiaux, avaient ratifié l'accord d'une seule et même voix en septembre 2016. Si Washington souhaite aujourd'hui se détourner de ces engagements, Pékin ne l'entend pas de la même oreille, Xi Jinping n'ayant de cesse de réitérer les engagements climatiques de son pays. Et l'on peut penser sans peine que la vision des gratte-ciel masqués par la pollution dans la grandes agglomérations chinoises dissuadera son successeur d'un revirement trumpien.

 

Une Amérique… mais aussi des Amériques

De plus, si la défiance de l'égard de Trump est unanime à l'international, la grogne n'en sera pas moindre sous ses fenêtres. Bien que les pétroliers texans et les exploitants de gaz de schiste du Dakota du Nord accueillent sans doute la nouvelle avec joie, le son de cloche doit être bien différent en Californie où Elon Musk et consorts n'attendront pas, pantois, de voir le charbon venir menacer leurs florissantes industries d'énergies renouvelables. La balle est donc dans le camp de ces « États, villes et entreprises », pour « rendre l'Amérique meilleure ». Une Amérique où la liberté individuelle et d'entreprendre, chacun à son échelle, passe avant l'État fédéral. Une Amérique dont Trump s'érige paradoxalement en premier garant.

 

Boris Beltran

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