Dénonçant une « spoliation fiscale » menée par François Hollande, Luc Chatel, président du conseil national des Républicains, milite en faveur de réformes fiscales et budgétaires courageuses qui n’ont encore jamais été réalisées.

Décideurs. Quel bilan faites-vous de la politique fiscale menée par le président de la République et son gouvernement durant le dernier quinquennat ?
Luc Chatel. 
Le quinquennat qui s’achève aura été marqué par une spoliation fiscale. La France bat un triste record du pays qui a, à la fois le taux de prélèvements obligatoires et le niveau de dépenses publiques les plus élevés. Les Frrançais ont été taxés de plus de 45 milliards d’euros d’impôts nouveaux. Où est passé cet argent ?


Quelles devraient être les priorités en matière fiscale au cours des prochaines années ?
Il faut un électrochoc fiscal, ce qui veut dire revenir dans la moyenne des pays développés en matière de prélèvements obligatoires, à savoir à 50 % (contre 57 % aujourd’hui), et baisser massivement la dépense publique. Nous, Les Républicains, avons un programme basé sur une baisse des impôts et des dépenses publiques, de l’ordre de cent milliards d’euros en cinq ans.


De nombreuses voix réclament la suppression des niches fiscales et une remise à plat de la fiscalité. Est-ce souhaitable ?
La priorité est la baisse de la fiscalité devenue confiscatoire. Nous prévoyons à la fois une baisse de la fiscalité sur le travail et sur l’investissement avec une diminution des charges. Á ce titre, nous souhaitons revenir dans la moyenne européenne avec un prélèvement libératoire autour de 26 %, ainsi qu’une baisse de 10 % de l’IR. Enfin, nous voulons supprimer l’ISF, impôt absurde puisque cela fait fuir les investisseurs qui créent de l’emploi. Bien entendu, cela n’évite pas une simplification. Mais la priorité est une baisse des impôts : les Français et les entreprises sont asphyxiés. Sur les dépenses, qui s’élèvent à 1 200 milliards, il faut agir dans tous les domaines. Cent milliards en cinq ans soit vingt milliards par an, cela ne représente que 1,6 % sur 1 200. Or, aujourd’hui, quelle entreprise ou quel ménage n’est pas capable de réaliser une économie de 1,6 % ? Cela passe par des choix difficiles mais nécessaires. Il y a un réservoir d’économies.

 

100 MD € : les économies pouvant être réalisées pendant le prochain quinquennat
selon Les Républicains

 

François Hollande l’a encore rappelé, le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu va se mettre en place à partir du 1er janvier 2018. Est-ce une mesure que vous soutenez ?
C’est une fausse bonne idée. Aujourd’hui, les assujettis à l’IR reçoivent leur déclaration pré-remplie. Sous couvert de simplification, on donne plus de travail aux entreprises, or c’est le travail de l’État. Il faut redonner de la liberté aux entreprises et leur supprimer des contraintes. Enfin, nous soupçonnons la majorité actuelle de vouloir fusionner l’IR et la CSG. Il est clair que le prélèvement à la source le permettrait. Or cette mesure aurait pour effet d’instaurer une progressivité de la CSG, ce à quoi nous sommes opposés.


L’économie dite « de partage » a fait l’objet de nombreuses discussions au Parlement. Ces revenus doivent-ils faire l’objet d’un régime d’imposition particulier ?
Le temps est venu de s’emparer de ce sujet, et au-delà de l’économie de partage, de l’économie numérique. Aujourd’hui, et c’est tant mieux, se développent de nouvelles activités avec la désintermédiation et la mise en place de nouveaux services. Je milite pour un travail de fond, non pas pour surtaxer cette nouvelle économie, mais pour faire en sorte que la concurrence entre les nouveaux et les anciens acteurs soit loyale.
 

Le gouvernement a obtenu des résultats probants en matière de lutte contre l’évasion fiscale. En 2015, l’État a ainsi récupéré 2,65 milliards d’euros. Faut-il encore durcir notre politique à ce sujet ?
La lutte contre la fraude fiscale est un combat de chaque instant. Cependant, on aurait moins besoin de lutter contre ce phénomène si notre fiscalité ne faisait pas fuir les investisseurs ! Dès lors, quand le gouvernement taxe le capital au niveau du travail, il est responsable de cette évasion des capitaux. Nous sommes dans un nouveau monde et nous devons aujourd’hui repenser au niveau international les grandes règles en matière de coopération et d’harmonisation. La vraie réponse à cela est une convergence fiscale en Europe.

Propos recueillis par Louis Chochoy

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