L’écosystème des RH et les médias spécialisés en particulier sont souvent accaparés par les considérations des grands groupes, en décalage avec celles des PME et TPE qui forment pourtant l’essentiel du tissu économique français.

C’était également le cas du législateur, au point que les commentateurs avaient été conduits à évoquer un droit social à deux vitesses. Mais les ordonnances travail de l’automne 2017 ont marqué un net virage et replacé les petites entreprises au cœur des dispositifs, avec un objectif clair : rassurer les patrons pour favoriser les embauches.

Choyées par les ordonnances travail

Une large série de mesures sont destinées à rendre le droit du travail plus accessible pour les employeurs des petites et moyennes structures. C’est le cas notamment de celles destinées à favoriser le dialogue social : fusion des IRP et possibilité pour les entreprises dépourvues de représentants du personnel et de délégué syndical de négocier des accords collectifs. Pour Bertrand Martinot, conseiller emploi de la région Île-de-France, « on se gargarisait de dialogue social, mais cela ne correspondait à aucune réalité puisqu’il n’y avait pas d’IRP dans les TPE-PME ». La réforme constitue donc selon lui un véritable choc psychologique pour les employeurs de ces structures. « Les patrons des TPE-PME considèrent que la réforme est faite pour eux », affirme-t-il. Xavier Moulins, directeur des ressources humaines du groupe Eurotunnel, confirme que la place conférée au dialogue social par la réforme n’est pas novatrice s’agissant des grands groupes qui « se sont déjà engagés dans ce type de dynamique depuis longtemps ». Il considère en revanche que le changement sera important dans les groupes de plus petite taille. « Pour les plus petites entreprises, on peut faire le pari que la loi aura un effet vertueux et qu’elle permettra aux employeurs de comprendre que le dialogue social n’est pas un coût inutile mais un investissement»

Quant aux mesures de simplification du droit du travail, elles font là encore le bonheur des PME. Selon le sondage réalisé par l’ANDRH fin septembre 2017, 68 % des DRH  souscrivent notamment à la mise en place d’un modèle de lettre de licenciement rappelant les droits et obligations de chaque partie, une mesure « particulièrement appréciée des professionnels RH en PME ».

Cette réforme rend les patrons confiants. Selon un sondage réalisé par la banque Palatine juste après l’adoption des ordonnances Macron, 52 % des patrons sondés considèrent qu’elle les aidera à embaucher. Ils n'étaient que 38 % à penser cela de la loi El Khomri.

La guerre des talents

Toutefois, le code du travail est loin d’être le principal frein à l’embauche des PME. D’après une étude réalisée par Bpifrance et Le Lab auprès de 2 000 dirigeants et dont les résultats ont été dévoilés en janvier 2018, les trois quarts des PME et des ETI rencontrent des difficultés de recrutement. Pour 72 % d’entre elles, ces difficultés constituent un frein à leur croissance. L’enquête révèle également que ces difficultés augmentent avec la taille de l’entreprise. Parmi les causes évoquées, l’implantation géographique. Trente-sept pour cent des entreprises considèrent en effet que leur lieu d’implantation ou leur bassin d’emploi constituent un handicap, et ce, pour diverses raisons : manque de personnel formé dans la région, implantation en zone rurale, manque de transports… S’y ajoute le manque d’attractivité par rapport aux grandes entreprises que ce soit sur le plan des salaires, des avantages sociaux ou encore du prestige.

Parallèlement, diverses études concluent régulièrement au bien-être au travail au sein des PME. Ainsi, les résultats d’un sondage publié par Robert Half en janvier 2018 révèlent que les collaborateurs les plus heureux travaillent au sein des ETI, les moins heureux étant ceux des groupes de plus de 10 000 salariés. Parmi les atouts des PME, des choses simples : moins de hiérarchie, plus d’autonomie et la valeur donnée à la contribution individuelle. Cette apparente contradiction contraint les RH de ces PME/ETI à dynamiser leur marque employeur et mettre en valeur les qualités de leur structure.

Marie-Hélène Brissot

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