Aux États-Unis et en Europe, les valorisations boursières et obligataires atteignent des niveaux jamais égalés. Pour le moment, les conditions macroéconomiques permettent de tenir le rythme. Jusqu’à quand ?

Depuis un an, les marchés n’en finissent pas d’atteindre de nouveaux records. En un an, le Dow Jones a progressé de 15 % et le S&P de 11 %. Résultat, la capitalisation boursière des sociétés américaines rapportée au produit intérieur brut (PIB) des États-Unis atteint près de 150 %, un niveau supérieur aux derniers records enregistrés en 1999 et en 2007. Plus inquiétant, une récente étude de Bank of America Merrill Lynch montre que « la valorisation relative des valeurs de croissance américaines par rapport aux valeurs décotées a dépassé le sommet de la bulle de l'an 2000 ». La démesure touche aussi les grands groupes. Apple affiche une capitalisation boursière (800 milliards de dollars) presque aussi élevée que le PIB de Los Angeles (832 milliards) tandis que celle de Google (654 milliards) est supérieure à la création de richesse de Chicago (581 milliards).

Les investisseurs privilégient les actifs à risque

En Europe, si le phénomène est moins marqué, les records tombent également. L’indice britannique FTSE 100 repousse ses limites depuis juin dernier. La valorisation des marchés obligataires a également été largement soutenue à la hausse ces dernières années par l’intervention des banques centrales qui, au-delà de baisser les taux, ont racheté massivement des titres sur les marchés. Une situation inédite qui commence à fortement inquiéter. Dans une interview accordée à Bloomberg début août, Alan Greenspan, ancien président de la Fed, a d’ailleurs alerté sur le risque de bulle sur les marchés obligataires.

Comment expliquer de telles envolées alors que les performances financières des entreprises demeurent faibles et que les conditions macroéconomiques restent incertaines ? Au-delà de l’abondance des liquidités générée par les banques centrales, la formation d'une bulle est favorisée par la faiblesse des cours du pétrole, du dollar et des taux d'intérêt, le tout incitant les investisseurs à se tourner vers les actifs à risque. Le maintien des taux d’intérêt à un niveau très faible a jusqu’à présent permis aux États et aux entreprises de se financer à moindre coût en émettant des obligations. Mais cette situation a dans le même temps provoqué une gigantesque bulle sur les marchés.

Une bulle prête à exploser

Une remontée des taux mal maîtrisée ou le moindre signe de ralentissement économique pourrait affecter durablement les marchés. Le silence des banques centrales à ce sujet lors de leur dernier sommet révèle à quel point la situation est tendue. Dans un contexte d’endettement mondial record et dans un univers boursier tiré par des flux élevés de collecte, les dégâts d’un tel scénario seraient extrêmement dangereux. En effet, la bulle obligataire étant bien plus importante que ne l’était la bulle immobilière aux États-Unis, la crise sera pire. 

V. P. 

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