Deux chercheurs de la Banque de France viennent de publier une étude sur les impacts d'un potentiel recours massif au télétravail en matière d'immobilier d'entreprise et de productivité

Deux économistes de la Banque de France ont cherché à étudier et quantifier les impacts potentiels d’une généralisation du télétravail en matière d'immobilier d'entreprise et de productivité. Leurs conclusions tiennent dans un rapport de neuf pages « macro-économie du télétravail ». Element de base, le rapport met en avant un chiffre : chaque jour télétravaillé, c'est 20 % de personnes en moins dans les murs, et autant de mètres carrés de bureaux dont les entreprises pourraient dès lors faire l’économie. Une donnée tout sauf anodine, alors que les loyers représentent le deuxième poste de dépense des entreprises. « Le potentiel d'économies est substantiel, mais une part de ces économies de coûts immobiliers pour les entreprises devra probablement être reversée aux salariés, le télétravail entraînant des coûts pour eux, notamment parce que l'aménagement d'un espace de travail à leur domicile sera à leur charge », explique Simon Ray, l'un des auteurs de l'étude. Dans le même temps, « le gain de temps de transport pourrait tempérer les demandes de compensation de la part des employés », poursuit-il.

Les locaux, un frein au développement ?

La note cite également un article de Bergeaud et Ray (2020) qui analyse les effets exercés par les coûts d’ajustement de l’immobilier d’entreprise sur la dynamique du marché du travail. Selon cet article, les coûts d’ajustement des surfaces de bureau exercent des effets économiques défavorables sur la demande de travailleurs. Ainsi, le développement massif du télétravail et d’autres types d’organisation flexible du travail « pourraient atténuer ces contraintes, la complémentarité entre immobilier et travailleurs se réduisant considérablement ». Sur ce point, les auteurs concluent que « si le télétravail permettait d’assouplir certaines contraintes liées à l’immobilier, les effets en matière de dynamisme des affaires pourraient se révéler importants ».

Quels effets sur le bilan des entreprises ?

Dans la mesure où ils sont « faciles à redéployer et dotés d’une longue durée de vie, les actifs immobiliers constituent la majorité des actifs pouvant être mis en garantie », les auteurs adressent une autre mise en garde : « en réduisant la part d’actifs immobiliers dans les bilans des entreprises, le télétravail peut altérer la capacité d’emprunt de celles-ci et diminuer la proportion d’endettement financier sous forme de prêts bancaires ».

L’inconnue de la productivité

Peu d’études existent aujourd’hui permettent de quantifier les effets du télétravail en matière de productivité. En effet, si les entreprises de services pourront trouver plus facilement des compétences plus pointues en attirant des salariés localisés plus loin, personne ne sait ce que le télétravail peut changer en matière de diffusion des idées entre les salariés.

B.B.

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