la formation professionnelle, peu présente parmi les grands thèmes de la campagne présidentielle qui s’est achevée dimanche dernier, a pourtant bien fait l’objet de propositions marquantes. Quelles sont celles du nouveau président élu, Emmanuel Macron ?

Le « Big Bang [1] Formation » de Macron :

 

Comme le rappelle le Management de la formation, « il ne faut pas forcément s’attendre à trouver beaucoup de propositions sur le sujet dans les programmes – ce qui ne signifie pas que rien ne sera fait »[2]. Presque un euphémisme ! Alors que dans le cas de François Hollande, la formation professionnelle ne tenait qu’en deux phrases, soit la moitié du 35e de ses 60 engagements, elle fut le sujet de l’une des plus importantes réformes de son quinquennat, en mars 2014. Parmi les grands changements mis en place : la fin de l’imputabilité[3], la contribution légale unique[4], la création du CPF (Compte Professionnel de Formation) et la fusion des OPCA (Organismes Paritaires Collecteurs Agréés), marquant ainsi la reconfiguration très redoutée par ces derniers de l’écosystème du financement.

Chez Macron, la formation représente, dans son programme, 3 000 signes, autrement dit, un peu plus d’une page  « tapuscrit ». Au cœur de son projet, la création d’une « formation professionnelle à la hauteur » qu’il compte bâtir en s’attaquant à ses « trois défis : inégalité, inefficacité et complexité »[5].

 

Dès lors, concrètement, que propose-t-il ? Et quelles réformes de la formation professionnelle continue sont à prévoir avec l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée ?

 

Pour Macron, le cœur du problème réside dans le fait que la formation professionnelle « bénéficie à ceux qui en ont le moins besoin[6] ». C’est pourquoi il projette de réformer la gestion paritaire de la formation professionnelle, qui représente tout de même un volume de 30 milliards d’euros ! Au programme :

 

Une transformation de la majeure partie des contributions actuelles des entreprises pour la formation en droits individuels pour les actifs.

 

Il propose de faire du CPF créé en 2014 le cœur de sa réforme, afin d’aboutir à une gestion plus directe et individuelle de la formation : chaque personne, via le compte « CPF » qui lui est attaché à vie – qui serait d’ailleurs désormais crédité non plus en heures mais en points et en euros – pourrait s’adresser directement aux organismes de formations pour choisir LA formation dont il a besoin. Cela signifie la fin de l’intermédiation assurée par les OPCA et celle de la gouvernance de la formation professionnelle au niveau national, et ce, à partir du premier semestre 2018.

 

Une soumission des organismes de formation à labellisation

 

Dans le même temps, il souhaite mettre en place un système de labels – et donc d’obligations à suivre – afin que la sélection des formations, surtout quand elle est prise en charge par le CPF à titre individuel, soit éclairée d’un gage de qualité. C’est donc un renforcement du Décret Qualité publié en juin 2015 qu’il propose, en labellisant les organismes de formation professionnelle au niveau national. On peut alors imaginer la mise en place de critères et de certifications ainsi que d’organismes accrédités pour ces labels.

 

Une aide de 15 milliards d’euros dédiée à la formation des jeunes peu qualifiés et des chômeurs de longue durée

 

Partant du constat que : 1) la formation professionnelle est mal orientée, et s’adresse à un public ayant déjà un emploi, 2) les chômeurs ont des besoins clairs et urgents de reconversion ; il propose d’accentuer la formation de ces chômeurs afin d’accélérer – et de permettre – leur embauche. Cette aide sera d’ailleurs inscrite au budget dès 2018.

 

Ce sont donc trois blocs de mesures décisives qui ont accompagné Macron durant toute sa campagne et qu’il souhaite désormais appliquer sans perdre un instant. Reste à savoir à présent comment celui-ci va réussir à les faire accepter aux différentes parties concernées. En effet, si les organismes de formation pourraient applaudir du fait des perspectives d’ouverture vers un marché très privé (jusqu’ici géré par l’Etat), les syndicats, eux, attachés à la permanence des cadres collectifs pour la garantie des droits individuels, risquent d’opposer des résistances. A suivre, donc…

 

Anne-Lou Poutot,Responsable RH chez Personnalité

 

 

 

[1] https://www.lesechos.fr/elections/presidentielle-2017/0212039000264-formation-un-big-bang-qui-inquiete-2085322.php

[2] https://www.managementdelaformation.fr/actualites/2017/03/21/formation-professionnelle-programme-candidats/

[3] C’est-à-dire la fin des critères restrictifs d’accès à la formation.

[4] Contribution obligatoire de l’entreprise à hauteur de 1% de la masse salariale (pour les entreprises de plus de 11 personnes) dédiées à la formation et versée à un OPCA unique.

[5] https://en-marche.fr/article/meeting-macron-clermont-ferrand-discours

[6] Meeting d’Emmanuel Macron à Clermont Ferrand du 7 janvier 2017

 

 

 

 

 

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